par Alex Richardson

Les places boursières européennes sont tombées à leurs plus bas niveaux depuis début septembre, l'euro a repris sa glissade face aux autres grandes devises et le baril de pétrole abandonne près de deux dollars, tandis que les emprunts d'Etat allemands et le dollar sont recherchés.

Après les difficultés de la zone euro à coordonner sa réponse à la crise de la dette grecque et la multiplication des plans d'austérité dans l'Union européenne, c'est la mise sous tutelle, ce week-end, d'une petite caisse d'épargne espagnole en difficulté qui cristallise les inquiétudes.

"Ce problème avec la banque espagnole rend les investisseurs nerveux car il alimente la peur que quelque chose d'autre soit en train de se tramer en coulisse", explique Hiroichi Nishi, responsable de la gestion actions de Nikko Cordial Securities à Tokyo.

Après une heure et quart d'échanges en Europe, l'indice FTSEurofirst 300 cédait 2,48%. Les Bourses de Paris, Londres et Francfort abandonnaient entre 2,4% et 2,9%. Madrid reculait au même moment de 3,24%, Milan de 3,21% et Lisbonne de 2,49%.

Les valeurs bancaires figurent parmi les touchées: l'indice Stoxx 600 du secteur cédait 3,7% et parmi ses poids lourds, Santander cédait plus de 5%, Barclays 5,2%, Société générale 6,25% et BBVA 4,3%.

Les conditions de financement des banques se durcissent, les institutions américaines se montrant de plus en plus réticentes à traiter avec des contreparties fortement exposées au marché européen.

L'EURO REVIENT VERS 1,22 DOLLAR

"Les investisseurs vendent l'euro à la moindre hausse", constate Jonathan Cavenagh, spécialiste des devises chez Westpac. "Il y a des signes montrant que les inquiétudes liées à la crise de la dette en euro sont en train de se propager au secteur bancaire avec la hausse des coûts de financement, même si l'on part de très bas. Tout cela ne fera qu'alimenter la demande de dollars américains."

Le billet vert s'apprécie de plus de 1% face à un panier de référence composé de six autres grandes devises. L'euro se rapproche du seuil de 1,22 dollar alors qu'il était remonté vendredi non loin de 1,27.

La Bourse de Tokyo a fini en repli de 3,06%, au plus bas depuis six mois et sous le support clé de 9.500 points. Il affiche désormais une baisse de 17% environ depuis début avril.

Séoul a cédé 2,7% après les informations de presse selon lesquelles la Corée du Nord a placé son armée en état d'alerte après les menaces de représailles de Séoul, qui accuse Pyongyang d'avoir coulé l'un de ses navires.

Le won sud-coréen a parallèlement cédé 2,8% face au dollar, sa plus forte baisse depuis mars 2009.

La remontée du dollar américain, qui profite à plein du regain d'aversion au risque des marchés, pénalise le pétrole, également handicapé par les préoccupations liées à la demande.

Le baril de brut léger américain abandonne près de deux dollars et revient vers le seuil de 68 dollars.

Les emprunts d'Etat allemands, jugés les plus sûrs de la zone euro, sont logiquement recherchés: le rendement du Bund à 10 ans est tombé à un nouveau plus bas record à 2,596%.

A l'opposé, sur les marché des "credit default swaps" (CDS), le coût d'une garantie contre un risque de défaut du Portugal, de l'Espagne, de la Grèce ou de l'Italie sur leur dette souveraine est à la hausse.

Alex Richardson, avec les bureaux européens de Reuters, Marc Angrand pour le service français, édité par Danielle Rouquié