VARSOVIE (Reuters) - Les Etats-Unis et leurs alliés européens ont déclaré mardi enquêter au sujet d'informations selon lesquelles une explosion survenue en Pologne, membre de l'Otan, serait due à des tirs de missiles russes, hypothèse qu'ils ne confirment pas à ce stade et qui a été démentie par la Russie.

Deux personnes sont mortes dans une explosion à Przewodow, village de l'est de la Pologne à environ six kilomètres de la frontière avec l'Ukraine, ont déclaré les pompiers polonais. Des médias rapportent que l'explosion a touché un site de séchoirs agricoles.

Cité par l'agence Associated Press, un responsable des services de renseignement américains a déclaré que l'explosion avait été provoquée par des missiles russes tombés en Pologne.

L'Otan, dont les membres sont liés par un pacte de défense collective, "examine ces informations et se coordonne étroitement avec (...) la Pologne", a dit un responsable de l'organisation.

La Pologne réfléchit à l'activation de l'article 4 du traité de l'Otan permettant des consultations au sein de l'alliance militaire à la demande spécifique d'un pays membre, a déclaré le porte-parole du gouvernement polonais, Piotr Muller.

Selon deux diplomates européens, la Pologne a bien demandé que sa situation soit examinée lors d'une réunion au niveau des ambassadeurs de l'Otan mercredi matin à Bruxelles.

La Pologne a aussi décidé de relever le niveau d'alerte de certaines unités militaires, a dit Piotr Muller, tandis que le président polonais Andrzej Duda s'est entretenu avec son homologue américain Joe Biden.

A Washington, les autorités américaines ont dit ne pas être en mesure de confirmer des tirs de missiles russes en Pologne. Les Etats-Unis s'efforcent de rassembler des informations avec les autorités polonaises et détermineront ensuite quelles sont les mesures appropriées à prendre, a dit la Maison blanche.

Le département d'Etat a qualifié d'"incroyablement préoccupantes" les informations en provenance de Pologne.

LA RUSSIE DÉNONCE UNE "PROVOCATION"

Emmanuel Macron, qui se trouve en Indonésie pour un sommet du G20, a pris contact avec les autorités polonaises et se tient au courant de la situation, selon l'Elysée. Le président français considère que la réunion de mercredi matin à Bali sera "un moment important pour sensibiliser" les autres grandes puissances au sujet du conflit en Ukraine, a dit l'Elysée.

Alors que ses forces reculent globalement sur le terrain près de neuf mois après le début de son invasion, la Russie a tiré mardi une pluie de missiles sur plusieurs villes d'Ukraine, dont la capitale Kyiv et jusque dans l'ouest du pays, notamment sur Lviv, à moins de 80 km de la frontière polonaise.

Selon les autorités ukrainiennes, il s'agit des plus importants bombardements russes de ce type sur l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe en février même si le président ukrainien Volodimir Zelensky a assuré dans la soirée que la Russie n'était parvenue à atteindre que 10 cibles en raison de l'efficacité des défenses anti-aériennes fournies par les soutiens de son pays.

Le ministère russe de la Défense a démenti que des missiles russes aient atteint la Pologne, qualifiant les affirmations à ce sujet de "provocation" destinée à aggraver la situation.

"Aucune frappe sur des cibles près de la frontière Ukraine-Pologne n'a été effectuée par des moyens de destruction russes", a-t-il dit dans un communiqué.

Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a dit à Reuters n'avoir "aucune information" sur ces événements.

Volodimir Zelensky a pour sa part directement accusé Moscou et a dénoncé une "escalade très importante" dans le conflit déclenché par l'invasion de son pays par la Russie.

"Plus la Russie éprouvera un sentiment d'impunité, plus il y aura de menaces contre quiconque se trouve à portée de missiles russes. Tirer des missiles contre un territoire de l'Otan ! C'est une attaque de missile russe contre la sécurité collective. C'est une escalade très importante. Nous devons agir", a dit le président ukrainien dans son allocution quotidienne.

(Reportage Marek Strzelecki, Anna Koper, Pawel Florkiewicz, avec John Irish à Paris et Sabine Siebold à Berlin, rédigé par Alan Charlish et Cynthia Osterman, version française Bertrand Boucey)

par Marek Strzelecki