Zurich (awp) - Les patrons des plus grandes entreprises cotées en Suisse ont vu leur rémunération augmenter de manière considérable en 2018. La palme revient au directeur général (CEO) d'UBS, Sergio Ermotti, alors que celui du rival Credit Suisse, Tidjane Thiam, a connu la hausse la plus significative, selon un relevé analytique réalisé par AWP.

En moyenne, les patrons des principales sociétés listées sur SIX ont touché 6,2 millions de francs suisses entre salaires et bonus en 2018, soit 4% de mieux qu'en 2017. C'est ce que relève un compte-rendu d'AWP compilant les données des 24 sociétés sur les 30 que comprend le Swiss Leader Index (SLI) ayant déjà publié leur rapport annuel.

Ermotti toujours en tête

Malgré une légère contraction de sa rémunération, le patron d'UBS Sergio Ermotti reste le numéro un avec 14,1 millions de francs suisses. La rémunération totale comprend des montants promis dans le cadre d'un programme de bonus à long terme. Concrètement, le Tessinois a touché une somme record de 11,9 millions.

La deuxième place échoit à Tidjane Thiam, son homologue chez Credit Suisse. Le Franco-Ivoirien a encaissé en 2018 pas moins de 12,7 millions de francs suisses, soit près de 3 millions de plus que l'année précédente, lors de laquelle il avait décidé librement de renoncer à son bonus.

Le podium est complété Severin Schwan, qui a coûté au géant pharmaceutique Roche quelque 11,8 millions de francs suisses l'année dernière. Vient ensuite son pair chez Novartis, Vasant Narasimhan, avec 9,9 millions. Ce montant est certes inférieur à celui touché par son prédécesseur Josef Jimenez, mais il sied de rappeler que l'Américain n'a pris ses fonctions qu'en février 2018.

Parmi les 16 patrons ayant vu leur rémunération augmenter en 2018, Bernhard Hodler est celui - après Tidjane Thiam - qui a connu la progression la plus importante. Le CEO de Julius Bär a reçu 4,8 millions de francs suisses, 1,3 million de mieux qu'en 2017 (+28%).

Plus de 10 millions, mais en deux tranches

Partners Group a dû puiser deux fois dans la caisse pour indemniser sa direction bicéphale. Le co-CEO Christoph Rubeli - qui a quitté ses fonctions en janvier après cinq ans passés à la barre - et son alter ego André Frei ont encaissé chacun près de 1,2 million de francs suisses supplémentaires. En tout, le gestionnaire d'actifs zougois aura déboursé plus de 10 millions pour ses deux dirigeants (+30%).

Le patron de Nestlé a également été gâté en 2018. Ulf Mark Schneider a touché plus de 9 millions de francs suisses, ce qui représente une prime rondelette de 1,1 million (+15%) par rapport à l'année précédente.

Mais les augmentations ne se sont pas limitées aux seuls patrons, celles-ci ayant aussi bénéficié aux autres membres de la direction, qui ont perçu l'année dernière 3,1 millions de francs suisses en moyenne, soit 4% de mieux qu'en 2017.

La progression la plus marquée est celle qu'ont connue les cadres supérieurs de LafargeHolcim - hors CEO - dont la rémunération a bondi de plus de moitié (+53%) à 3 millions de francs suisses en moyenne. Nestlé et Clariant (+23% chacun), ainsi que Novartis (+18%) ont également su choyer leurs directeurs.

Le pétard mouillé Minder

La hausse des salaires des grands patrons en 2018 montre, si besoin était, que l'initiative populaire "contre les rémunérations abusives" adoptée par le peuple et les cantons en mars 2013 n'a pas déployé jusqu'ici les effets escomptés.

L'initiative "Minder" - du nom de son principal initiateur le conseiller aux États Thomas Minder - avait pour objectif d'endiguer l'inflation salariale des capitaines d'entreprises, moyennant une plus grande transparence et l'interdiction de parachutes dorés et de rémunérations anticipées.

La comparaison à plus long terme de la rémunération des patrons de 22 entreprises listées au SLI montre que ces derniers perçoivent nettement plus qu'il y a six ans. En 2012 le salaire moyen d'un CEO frôlait les 5,9 millions de francs suisses. Par rapport aux 6,6 millions actuels, la différence atteint 12%.

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