En hausse de 0,66% hier, la monnaie unique européenne perdait un peu de terrain face au billet vert ce midi sur le marché des changes avant les annonces de la Fed, ce soir. Pour l'heure, l'euro se tasse de 0,21% à 1,1050 dollar, tout en restant pratiquement neutre face à ses autres grandes contreparties.

Le comité de politique monétaire (le FOMC) de la banque centrale américaine, qui a commencé hier, se terminera ce soir par un communiqué suivi de la conférence de presse animée par Jerome Powell, son président vertement critiqué ces derniers jours par Donald Trump sur Twitter. Le locataire de la Maison-Blanche réclame davantage de baisses de taux.

Qu'en pense le consensus ? Selon l'indicateur FedWatch du CME, la probabilité implicite d'une diminution ce soir du principal taux directeur de 2-2,25% à 1,75-2% de 54,2%, taux très nettement inférieur aux 87,7% constatés de la semaine passée. Les attentes d'assouplissement se sont donc atténuées ces derniers jours. Rappelons que la Fed a déjà baissé ses taux en juillet.

Selon IG France, 'même si la Fed soulignera les risques baissiers liés à l'environnement économique mondial, les facteurs domestiques devraient l'empêcher d'aller trop loin dans son assouplissement', le chômage et l'inflation se situant par exemple à des niveaux très bas.

'Sans compter qu'une approche trop souple dans un contexte de forte pression politique pourrait mettre un peu plus à mal sa crédibilité. Un message globalement neutre malgré une baisse de taux serait un moyen d'afficher de la distance avec les pressions de l'administration américaine', ajoute-t-on chez IG France.

Relevons qu'hier, la Fed de New-York a procédé en urgence à l'injection de 53 milliards de dollars (c'est-à-dire la prise en pension de titres pour ce montant en échange des liquidités correspondantes, pour une journée ; c'est en quelque sorte un mini-QE) dans le système monétaire et entend injecter de nouveau 75 milliards aujourd'hui. L'objectif : atténuer les tensions sur les taux courts et les maintenir dans la fourchette actuelle (entre 2 et 2,25%) après une vive tension, qui les a vu grimper à plus de 4%.

Il n'avait plus été nécessaire de procéder à une telle intervention depuis une bonne dizaine d'années. Explications d'un analyste : 'd'abord, les entreprises américaines devaient payer leurs impôts le 15 septembre, ce qui a réduit la quantité de dollars disponibles. Ensuite, le Trésor américain, dont les déficits s'envolent, a procédé à des adjudications qui devaient être réglées lundi à hauteur de 78 milliards de dollars et les banques. Enfin, ce même Trésor avait un niveau extrêmement bas de réserves auprès du Fed (184 milliards de dollars le 11 septembre, contre 400 milliards en moyenne depuis 2015) et il aurait été tenté de remonter le niveau de son compte en banque après que le plafond de la dette a été relevé par le Congrès. Il s'agirait d'un problème 'technique'', indique-t-il, lié à un manque de liquidités.

Une opinion partagée par nombre de spécialistes, même s'il faudra surveiller de près l'éventuelle réédition de ce type d'incident. La Fed a tout de même perdu, fut-ce temporairement, la maîtrise de la partie basse de la courbe des taux qu'elle est censée administrer.

EG


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