VAL D'EUROPE (Reuters) - D'habitude très fréquenté, le château de la Belle au bois dormant ainsi que les autres attractions de Disneyland sont à l'arrêt près de Paris jusqu'à la mi-février dans un contexte de limitation des grands rassemblements pour freiner l'épidémie de coronavirus.

A Marne-la-Vallée et dans les villes alentours où les hôtels ont poussé ces 30 dernières années comme des champignons, le silence est tout aussi assourdissant et des inquiétudes commencent à poindre sur les dégâts collatéraux de cet arrêt forcé, notamment en matière d'emploi.

"Tant que Disney n'ouvrira pas, tant qu'il n'y aura pas de touristes, ça ne sert à rien de crier victoire même si on ouvre demain", se désole Tomica Vajic, propriétaire de quatre restaurants dans les environs du parc.

Trois de ses restaurants sont pour le moment toujours ouverts mais avec un personnel réduit qui ne fait que de la vente à emporter pour les riverains.

Vajic et son épouse Milena ont sollicité les prêts garantis mis en place par l'Etat mais ils estiment que le remboursement de ces aides va les contraindre à reporter de plusieurs années leur départ à la retraite.

Le secteur de l'hôtellerie et de la restauration a été durement frappé par les deux confinements nationaux imposés en mars et fin octobre en France. La réouverture des restaurants n'est prévue que le 20 janvier au plus tôt.

A Val d'Europe, le pôle touristique qui regroupe plusieurs petites villes et centres commerciaux à proximité du site Disney et où vivent quelque 50.000 personnes, les conséquences sont tout aussi dramatiques.

Selon Philippe Descrouet, directeur de Val d'Europe et maire de Serris, l'une des communes faisant partie du pôle touristique, Disney y emploie des couturières pour ses costumes, le personnel de sécurité et des électriciens parmi les plus de 15.000 salariés travaillant pour le groupe en France.

"Aujourd'hui, forcément, c'est une catastrophe", a-t-il déploré.

En incluant les centres commerciaux, Val d'Europe et Disneyland Paris accueillent plus de monde chaque année que le musée du Louvre et la tour Eiffel réunis, selon les autorités locales.

Cet été après le premier déconfinement, le nombre de visiteurs est tombé à 5.000-6.000 certains jours contre un pic de 60.000 en temps normal, a indiqué Philippe Descrouet.

D'après les syndicats, Disneyland Paris négocie un plan de rupture conventionnelle portant sur 1.000 départs ou reconversions de postes dans le cadre d'une accélération d'un programme déjà lancé avant la crise.

Disneyland Paris n'a fourni aucun chiffre de fréquentation et n'a fait aucun commentaire sur d'éventuelles suppressions d'effectifs. Un porte-parole du groupe a en revanche déclaré que le projet de deux milliards d'euros visant à agrandir le parc à thème français était toujours d'actualité.

DES ARTISTES BRITANNIQUES RENTRENT CHEZ EUX

Alors que la plupart des employés de Disneyland sont au chômage partiel, certains redoutent que tous les hôtels ou attractions du groupe ne rouvrent qu'en février et que le retour à la normale prenne du temps.

Valentin Markowski, un ancien salarié de Disneyland, a déclaré que de nombreux artistes des défilés et des spectacles, qui étaient Britanniques, sont rentrés chez eux.

Les quelque 25 millions d'euros de taxe de séjour collectées par an dans la région du fait de l'attractivité de Disneyland manquent également à l'appel, selon Philippe Descrouet.

La fermeture du site a également changé les habitudes des riverains.

Frederic Reith, un consultant dans l'environnement âgé de 41 ans et portant un sweat Mickey Mouse, raconte qu'avant la fermeture du parc à thème, il s'y rendait généralement plusieurs fois par semaine avec des amis.

"On y entendait (...) parler une dizaine de langues différentes. Ca nous manque de ne pas entendre cette diversité", a-t-il observé.

(Noemie Olive et Sarah White, avec Clotaire Achi; version française Claude Chendjou, édité par Jean-Michel Bélot)

par Sarah White et Noemie Olive