Même après les séances tonitruantes de lundi et de mardi, la stratégie Value (qui consiste à miser sur des actions présumément décotées) accuse encore un écart considérable de plus de 40% avec la stratégie "Growth" (qui consiste à acheter cher des actions dont les résultats vont présumément exploser à terme). Le différentiel de performance vu en graphique par UBS est plus parlant :

Le match en 2020

En rouge, l'énorme rebond des titres Value par rapport à la Croissance cette semaine. Tout est relatif (Source UBS).

La question que tout le monde se pose, du petit porteur de Saint-Jean-de-Chevelu au stratège d'une banque d'affaires de New York City, c'est "est-ce que c'est le début d'un retour en grâce de la stratégie Value ou un simple mouvement de court terme ?". En fait cette question revient plusieurs fois par an depuis dix ans, un peu comme les suppléments de la presse magazine française sur l'immobilier ou les spams pour prévenir les problèmes de prostate (bon ok, un peu moins souvent quand même). Jusqu'à présent, toutes les tentatives de révolte de la "Value" ont fait long feu, hormis le sursaut de 2009, mais sans lendemain. En plus, ces phases de réduction du gouffre de performance entre les deux types de valeurs ont souvent été la conséquence de consolidations des actions de Croissance plus que de reconnaissance des qualités fondamentales des titres Value.

Pour illustrer, toujours avec UBS, voici le match entre les deux stratégies depuis le début des années 1990, avec le point de rupture de la "Value" en 2007/2008 avec la crise des subprimes.

Le match depuis 1988

Alors, cette fois, c'est la bonne ? Inutile de vous faire languir plus longtemps, puisque la réponse est limpide : personne n'en sait rien. Aujourd'hui, il semble à peu près aussi risqué de miser sur des entreprises ébranlées par le coronavirus dont la survie n'est pas forcément assurée, que sur des cycliques alors que des pans entiers de l'économie sont sous perfusion, ou que d'investir dans des sociétés richement valorisées pour leurs perspectives de développement. Mais s'il fallait absolument se jeter à l'eau dans une perspective de long terme, notre préférence irait toujours à la dernière catégorie.