par Steve Holland, John Walcott et Phil Stewart

WASHINGTON, 23 août (Reuters) - Les deux objectifs principaux de la nouvelle stratégie de Donald Trump en Afghanistan sont de repousser les taliban du terrain gagné et de renforcer les compétences de l'armée afghane, apprend-on mardi dans l'entourage du gouvernement américain.

En présentant sa stratégie lundi soir, le président américain a promis de renforcer les effectifs de l'armée américaine en Afghanistan mais n'a pas donné d'objectifs chiffrés ou de calendrier permettant d'évaluer l'efficacité des Etats-Unis sur le terrain.

Le président, qui n'a accepté qu'à regret de renforcer l'engagement des Etats-Unis en Afghanistan après 16 ans de guerre, veut pouvoir vérifier si des progrès sont réalisés, souligne-t-on.

"Je pense que nous allons prendre la température en continu", indique-t-on. "Nous ne nous attendons pas à voir de gains réels se matérialiser pendant au moins six mois. Mais, à partir de ce point-là, nous allons fondamentalement évaluer en continu."

Une mesure générale d'évaluation, indique le responsable interrogé par Reuters, sera de voir quels territoires sont contrôlés par le gouvernement, par les taliban et par les autres groupes insurgés comme la branche afghane de l'Etat islamique (EI).

"C'est également le nombre estimé de combattants, la présence d'Al Qaïda et de l'EI, leur puissance, le nombre de leurs combattants, l'état de leurs camps d'entraînement, de leurs réseaux financiers", indique le responsable qui a requis l'anonymat.

L'efficacité de l'armée afghane devra également être évaluée. Il faudra voir si les forces étrangères menées par les Etats-Unis peuvent l'aider à prendre le contrôle de territoires tenus par les taliban, ajoute-t-on.

L'envoi de troupes américaines en Afghanistan a été décidé en octobre 2001 par le président de l'époque George W. Bush, pour renverser le régime taliban qui avait offert un refuge à Al Qaïda pour préparer les attentats du 11 septembre 2001 contre New York et Washington.

PROGRESSION CONTINUE

Les taliban ne sont plus au pouvoir, mais le président Trump se retrouve confronté aux mêmes défis que ses prédécesseurs : des taliban qui continuent à commettre des attentats et à grignoter du terrain et un gouvernement faible à Kaboul, miné par des rivalités ethniques et la corruption, malgré le soutien de l'Occident. Le gouvernement contrôlerait moins de 60% du pays.

La guerre qui dure depuis près de 16 ans a coûté la vie à quelques 2.400 militaires américains.

Trois responsables américains ont déclaré mardi que le gouvernement devait encore fixer les indicateurs qui mesureront les progrès en Afghanistan et évaluer les contributions du gouvernement afghan, du Pakistan, de l'Inde et des alliés de l'Otan.

Il ne sert à rien, a dit l'un d'eux, "de fixer des objectifs particuliers, et encore moins de les rendre publics, parce que cela risquerait de faire penser à nos partenaires qu'une fois ces objectifs atteints, ils n'auraient pas en faire davantage."

Ce qui est recherché, c'est un processus de progression continue, souligne-t-on.

Dans ce cadre, l'armée de l'air américaine pourrait intensifier ses frappes en Afghanistan et développer la formation des forces aériennes afghanes, a déclaré mardi le chef d'état-major de l'US Air Force, le général David Goldfein lors d'un entretien donné conjointement avec la secrétaire à la Force aérienne des Etats-Unis, Heather Wilson.

Mais, a ajouté le général Goldfein, les hauts gradés de l'armée américaine ne font que commencer à traduire en action la stratégie esquissée par Donald Trump.

Sous le gouvernement de son prédécesseur Barack Obama, les responsables militaires avaient exprimé en privé leur frustration de ne pouvoir frapper de nombreux objectifs des taliban, notamment leurs camps d'entraînement, parce qu'il fallait pouvoir démontrer une menace directe pour les forces américaines ou un impact majeur sur l'Etat afghan.

Selon Heather Wilson, Trump a semblé donner dans son discours plus de souplesse pour frapper les insurgés.

"(...) Je pense que l'orientation donnée hier soir par le président était plutôt claire; nous irons à l'offensive et détruirons ces réseaux terroristes", a-t-elle ajouté. (Danielle Rouquié pour le service français)