En fin de semaine dernière, Moody’s a annoncé l’abaissement de la note de crédit des Etats-Unis, de Aaa (la meilleure note) à Aa1. Comme nous l’expliquions en début de semaine, seuls quelques pays ont encore le AAA.
Ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour Donald Trump, au moment où il essaie de faire adopter au Congrès un plan de baisse d’impôts.
Comme toujours la responsabilité est renvoyée à l’administration précédente. Le Secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a déclaré que Moody’s est un "indicateur retardé" et que cette dégradation est la conséquence de la politique de Joe Biden.
Ce qui est vrai, c’est que le président démocrate a fait voter plusieurs lois qui ont significativement augmenté le déficit, comme l’Inflation Reduction Act en 2022, qui offre notamment aux entreprises des crédits d’impôts pour le développement des énergies renouvelables. Sur les deux dernières années de son mandat, le déficit public s’est élevé à plus de 6%, alors que les Etats-Unis n’ont pas connu de crise durant cette période.
Mais cette dérive de la situation budgétaire américaine ne peut pas se résumer à la politique de Joe Biden. Dans le communiqué annonçant la dégradation de la note de crédit des Etats-Unis, Moody’s le résumait ainsi : "Les administrations américaines successives et le Congrès n'ont pas réussi à s'entendre sur des mesures visant à inverser la tendance des déficits budgétaires annuels importants et de l'augmentation des coûts d'intérêt".
Et ce constat se vérifie encore actuellement puisque le Congrès examine en ce moment le plan de baisses d’impôts de Donald Trump, le fameux "big, beautiful bill". Un plan qui, selon les estimations du Committee for a Responsible Federal Budget, devrait ajouter entre 3 300 et 5 200 milliards de dollars de déficit sur 10 ans.
Les marchés actions n’ont pas beaucoup réagi à l’annonce de Moody’s, les indices américains ont même clôturé dans le vert lundi. En revanche, on observe une tension sur les Treasuries, et en particulier sur la partie longue de la courbe, qui est la plus sensible aux problématiques de déficit. Le 30 ans a ainsi à nouveau dépassé les 5%.
La décision de Moody’s n’est une surprise pour personne. La situation budgétaire des Etats-Unis est depuis longtemps connue des investisseurs. La "perte définitive" du triple A – la dégradation de la note de crédit par les trois grandes agences - ne fait que l’acter et c’est une réalité que Donald Trump ne pourra éluder, lui qui prend souvent quelques libertés avec les faits. Désormais sa politique économique se fera sous l’œil attentif des marchés obligataires.