(Actualisé avec détails, contexte, réactions)

par Jeff Mason et Steve Holland

WASHINGTON/HAGERSTOWN, Maryland, 18 août (Reuters) - Donald Trump a limogé vendredi son conseiller stratégique Steve Bannon, se séparant d'une figure controversée connue pour ses sympathies d'extrême droite dans un nouveau remaniement à sensation à la Maison blanche.

Steve Bannon, qui fut le directeur de campagne de Donald Trump pendant la campagne pour l'élection présidentielle de 2016, était derrière certaines des décisions politiques les plus controversées du président, comme le décret interdisant temporairement l'accès aux Etats-Unis des ressortissants de certains musulmans.

Il était en opposition avec les courants plus modérés au sein d'une Maison blanche en proie aux rivalités et aux trahisons.

Ces jours derniers, des appels de plus en plus pressants se sont fait entendre pour demander le départ du sulfureux conseiller, tandis que Donald Trump était en grande difficulté avec le tollé provoqué, jusque dans les rangs des républicains, sa famille politique, par sa condamnation à demi-mots des violences causées par un rassemblement de l'extrême droite américaine à Charlottesville en Virginie, samedi dernier.

La Maison blanche a été le théâtre d'une série de départs cet été. Le 28 juillet dernier, Donald Trump a limogé le secrétaire général de la Maison blanche Reince Priebus, pour le remplacer par le général à la retraite John Kelly.

Trump a ensuite limogé le directeur de la communication à la Maison blanche Anthony Scaramucci le 31 juillet, dix jours seulement après sa nomination. Le départ de cet homme d'affaires aux manières brutales était une exigence de John Kelly.

Ce dernier semble avoir joué un rôle important dans le départ de Steve Bannon.

"UN SUPRÉMACISTE BLANC DE MOINS"

"Le secrétaire général de la Maison blanche John Kelly et Steve Bannon sont tombés d'accord pour dire qu'aujourd'hui serait le dernier jour de Steve", a déclaré la porte-parole de la Maison blanche Sarah Sanders dans un communiqué. "Nous le remercions pour ses services et lui souhaitons bonne chance."

Provocateur en politique, champion du nationalisme économique, Steve Bannon, 63 ans, est ancien officier de marine et ancien banquier d'affaires chez Goldman Sachs. Il a aussi été producteur de film à Hollywood.

Ses détracteurs l'ont accusé d'antisémitisme et de sympathies pour les suprémacistes blancs.

L'opposition démocrate a salué la décision de Donald Trump de limoger Steve Bannon.

"Il y a un suprémaciste blanc en moins à la Maison blanche, mais cela ne change pas l'homme qui est assis au bureau ovale", a déclaré le porte-parole du parti démocrate, Michael Tyler.

"Donald Trump a passé des années à attiser la haine au sein des communautés, notamment avec sa récente tentative de diviser notre pays en donnant la parole aux suprémacistes blancs", a-t-il ajouté.

Bannon avait déjà été en position difficile mais Donald Trump avait choisi de le garder, en partie parce qu'il avait joué un rôle majeur dans sa victoire le 8 novembre 2016 et aussi parce qu'il était très apprécié des Américains qui constituent sa base électorale.

L'INFLUENCE DE JOHN KELLY

Le départ de Steve Bannon pourrait faire perdre au président américain le soutien des électeurs d'extrême droite mais devrait apaiser les tensions à la Maison blanche et au sein du parti républicain, dont les modérés réclamaient le départ du conseiller.

A New York mardi, Donald Trump avait refusé de défendre son conseiller publiquement, laissant planer le doute sur son avenir. "Nous verrons ce qui va se passer pour M. Bannon", avait-il dit aux journalistes.

Mardi, Trump avait tenté de minimiser le rôle de "son ami" dans la victoire à la présidentielle de 2016.

"M. Bannon est arrivé tardivement. Vous le savez. J'ai battu 17 sénateurs, gouverneurs et j'ai remporté toutes les primaires. M. Bannon est arrivé bien après tout cela. Et je l'aime bien. C'est un brave homme. Il n'est pas raciste. Je peux vous le dire. C'est une belle personne. En fait, il est critiqué injustement pour cela", avait déclaré le président américain.

Pour Barry Bennett, un ancien conseiller de campagne de Trump, le départ de Bannon montre l'influence de John Kelly, le nouveau secrétaire général de la Maison blanche, nommé fin juillet.

"Cela signifie qu'il y a un chef de cabinet fort, et c'est très bien", a-t-il dit. "Ce n'est pas seulement bien, c'est nécessaire".

De source proche du dossier, Bannon s'est vu offrir une occasion de partir à ses conditions. "Le président a pris sa décision à ce sujet ces deux dernières semaines", dit-on.

Le secrétaire général de la Maison blanche était en train de faire le point sur les états de service de Steve Bannon au sein de la Maison blanche. "Ils lui ont donné l'occasion de démissionner en sachant qu'il allait être forcé de le faire", explique-t-on.

L'ancien conseiller s'est retrouvé en position difficile après avoir donné une interview au mensuel à tendance de gauche The American Prospect paru cette semaine qui a été interprétée comme affaiblissant la position de Trump sur la Corée du Nord. Il pensait que ses propos n'étaient pas destinés à être rendus publics.

Steve Bannon a indiqué à ses amis qu'il retournerait chez Breitbart News, l'organe de presse ultra conservateur qu'il dirigeait avant de prendre le poste de responsable de la campagne présidentielle de Donald Trump en août 2016.

Ces dernières semaines, Breitbart a publié des articles demandant le départ du général H.R. McMaster comme conseiller à la sécurité nationale. Ces articles expliquaient qu'il n'était pas un bon allié d'Israël et qu'il s'était entouré au Conseil de sécurité nationale d'anciens membres de l'administration Obama. (Avec Susan Heavey, Makini Brice, Richard Cowan, Carloine Valetkevitch, Deena Beasley et Gina Cherelus; Arthur Connan et Danielle Rouquié pour le service français)