NEW YORK (awp/afp) - Passé l'obstacle du premier tour de l'élection française, Wall Street a gardé son excellente disposition grâce à de bons résultats d'entreprises, une tendance qu'elle espère voir se poursuivre la semaine prochaine.

Lors des cinq dernières séances, l'indice vedette Dow jones Industrial Average a pris 1,91% à 20.940,51 points, sa meilleure performance hebdomadaire de l'année.

Le Nasdaq, à dominante technologique, a gagné 2,32% à 6.047,61 points et l'indice élargi S&P 500 1,51% à 2.384,20 points.

"Il y a eu un soulagement après les résultats de l'élection française", a commenté Karl Haeling de LBBW avant d'ajouter: "ça été un déclencheur mais ce n'était pas le principal moteur".

Le candidat pro-européen Emmanuel Macron est arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle et fait figure de favori des enquêtes d'opinions pour le second tour le 7 mai face à la candidate du Front national Marine Le Pen.

L'hypothèse d'un duel entre deux candidats eurosceptiques ayant été écarté avec l'élimination du candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, Wall Street a nettement progressé lundi et mardi et a depuis conservé ses gains.

"Les résultats d'entreprises sont ressortis meilleurs que prévu", a mis en avant Tom Cahill de Ventura Wealth Management, estimant que cela avait alors pris le relais.

"Des entreprises clefs comme Amazon ou Google (Alphabet) ont nettement dépassé les attentes", a-t-il expliqué.

Le secteur technologique a d'ailleurs été particulièrement en forme cette semaine, ce qui a permis au Nasdaq de battre des records en clôture à plusieurs reprises.

Le rythme des publications ne va d'ailleurs guère faiblir, avec les résultats de plus d'une centaine d'entreprises figurant au S&P 500 la semaine prochaine, ce qui en fait le principal horizon de la Bourse de New York.

- Réforme fiscale -

Même la politique américaine était lue à Wall Street au prisme des résultats d'entreprises.

"Il semble que si une part significative du paquet fiscal de (Donald) Trump est adopté, cela sera également positif pour les résultats de 2018", a commenté Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors.

Le gouvernement du président américain a présenté mercredi son plan tant attendu de réforme des impôts, dont la mesure phare est le passage du taux d'imposition des entreprises de 35% à 15%

Mais les analystes ne parvenaient pas à s'accorder sur le sens à donner à cette étape.

"Sa proposition fiscale a été décevante parce qu'il n'y avait aucun détail. Ce n'était que des concepts et cela plombe tellement le déficit qu'il sera difficile d'obtenir le soutien du Congrès", a jugé Karl Haeling.

De son côté, Hugh Johnson se montrait plus optimiste: "Trump commence à envisager des compromis pour faire adopter son programme".

A l'appui de sa démonstration, M. Johnson prenait le fait que le Congrès a évité in extremis la paralysie budgétaire vendredi avec un texte provisoire: Donald Trump n'y a pour l'heure pas imposé son projet de mur à la frontière avec le Mexique, une mesure phare de sa campagne mais synonyme de blocage du camp démocrate.

Quant à l'annonce en fin de semaine d'un ralentissement de la croissance au premier trimestre 2016, à 0,7%, elle n'a guère pesé sur Wall Street les analystes mettant en avant des facteurs saisonniers, comme de moindres dépenses de chauffage, pour expliquer la contre-performance de la consommation.

Cet état d'esprit pourrait toutefois changer avec la publication vendredi prochain des chiffres de l'emploi en avril, notamment si les créations de postes se révèlent décevantes comme cela a été le cas pour mars, les deux premiers mois de l'année s'étant toutefois montrés excellents.

Dans ce contexte, la perspective de la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale, mardi et mercredi, passait au second plan, aucun changement n'étant attendu.

Les analystes faisaient toutefois remarquer que les attentes pour un relèvement des taux lors de sa réunion ultérieure, en juin, avaient nettement progressé au cours des dernières semaines.

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