(Précisions, photo à disposition)

MEXICO, 1er juin (Reuters) - Le ministre des Affaires étrangères du Mexique, Marcelo Ebrard, a déclaré vendredi avoir entamé des négociations avec des responsables de l'administration américaine après la menace du président des Etats-Unis, Donald Trump, d'imposer des droits de douane sur toutes les importations des produits mexicains.

Marcelo Ebrard a annoncé sur Twitter qu'il s'était entretenu par téléphone avec le conseiller principal de la Maison Blanche, Jared Kushner, et le secrétaire d'Etat, Mike Pompeo.

"Les négociations ont commencé", a-t-il dit avant de prendre l'avion pour Washington. "J'ai entendu l'intérêt et le respect suscités par la lettre du président Lopez Obrador. Nous allons de l'avant."

Le chef de la diplomatie mexicaine a toutefois indiqué que les entretiens n'auraient pas lieu avant mercredi à Washington. Il a précisé qu'il serait accompagné par son vice-ministre des Affaires étrangères pour l'Amérique du Nord, Jesus Seade, et que Mike Pompeo dirigerait la délégation américaine.

Donald Trump a annoncé jeudi que les Etats-Unis prélèveraient à partir du 10 juin des droits de douane de 5% sur tous les produits importés du Mexique et que ces taxes, progressivement relevées jusqu'à 25% au 1er octobre, seraient en vigueur tant que les flux de migrants clandestins traversant le Mexique et entrant aux Etats-Unis ne seraient pas stoppés.

Cette nouvelle escalade entre le président américain et son voisin du sud - alors même que les deux pays étaient sur le point de finaliser le nouvel accord trilatéral de libre-échange USMCA avec le Canada - s'inscrit sur fond de recrudescence du nombre de migrants arrivant à la frontière entre les deux pays pour demander l'asile aux Etats-Unis.

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a annoncé que son pays réagirait avec prudence et a appelé au dialogue entre Mexico et Washington.

"Nous ne répondrons à aucune provocation, nous serons prudents avec les Etats-Unis", a-t-il dit.

La conseillère de la Maison blanche Kellyanne Conway a affirmé vendredi que cette menace ne devait pas remettre en cause l'USMCA, l'accord commercial entre le Mexique, le Canada et les Etats-Unis.

A Ottawa, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a souligné que la menace de Donald Trump sur les importations mexicaines ne concernait pas le Canada, qui compte ratifier le nouvel accord commercial nord-américain.

FRONT D'OPPOSITION AUX ETATS-UNIS

Aux Etats-Unis, la puissante Chambre de Commerce a annoncé vendredi qu'elle étudiait les moyens de s'opposer à ces taxes sur les produits mexicains, y compris les options juridiques.

"Nous n'avons pas d'autre choix que d'étudier toutes les options possibles pour réagir", a dit Neil Bradley, vice-président exécutif de la Chambre de Commerce américaine.

D'autres fédérations se sont aussi opposées à cette menace, affirmant qu'elle aurait un coût pour les entreprises, les agriculteurs et les consommateurs américains, qui doivent déjà supporter le poids du conflit commercial avec la Chine.

Les constructeurs et équipementiers automobiles en Amérique du Nord, en Asie et en Europe s'efforçaient vendredi de prévoir des plans d'urgence et de trouver le moyen d'accélérer les livraisons pour échapper à de nouveaux droits de douane.

Ceux-ci affecteraient sérieusement les échanges de pétrole entre les Etats-Unis et le Mexique, sachant que les raffineurs américains importent entre 600.000 et 700.000 barils de pétrole brut mexicain par jour, tandis que les États-Unis exportent un million de barils par jour de pétrole brut et de carburants vers le Mexique, plus que vers tout autre pays.

Ce nouveau front ouvert dans le contexte des vives tensions commerciales entre les Etats-Unis et leurs partenaires a ébranlé les marchés financiers, faisant notamment chuter le peso mexicain et secouant les marchés d'actions.

Le secteur automobile a été le plus affecté par cette décision totalement inattendue à Wall Street comme en Europe. Les économistes de Deutsche Bank ont averti qu'une taxation de 25% sur les voitures et les pièces automobiles importées du Mexique aurait un impact négatif de 23 milliards de dollars, qui handicaperait le secteur et créerait une grande incertitude."

De son côté, l'économie mexicaine - qui repose lourdement sur ses exportations vers les Etats-Unis - a connu une contraction au premier trimestre qui s'aggraverait si la menace américaine de taxes pouvant aller jusqu'à 25% venait à être mise à exécution. (Stefanie Eschenbacher et Dave Graham, avec Steve Holland, David Shepardson et Makini Brice à Washington; Juliette Rouillon pour le service français, édité par Jean Terzian)