PARIS, 22 novembre (Reuters) - Eric Dupond-Moretti a déclaré
dimanche qu'il n'était pas question d'interdire à des
journaliste de filmer et s'est engagé en tant que garde des
Sceaux dans le débat autour de la controversée proposition de
loi dite de "sécurité globale", suggérant que le texte pourrait
évoluer.
"Ma position est très claire: il n'est pas question
d'interdire à des journalistes de filmer et d'informer, c'est
trop important dans une démocratie", a-t-il déclaré sur BFM TV,
se félicitant au passage que la demande faite aux journalistes
de se déclarer en préfecture avant de couvrir une manifestation
ait été abandonnée.
Cette accréditation ne figure pas dans la proposition de loi
mais avait été un temps avancée par le ministre de l'Intérieur,
Gérald Darmanin, dans le cadre du nouveau Schéma national du
maintien de l’ordre présenté en septembre.
"En revanche bien sûr, la protection des policiers, c'est
aussi quelque chose qui me préoccupe", a ajouté le ministre de
la Justice en appelant à trouver "un certain nombre
d'équilibres".
Des milliers de manifestations ont défilé samedi à Paris et
dans une vingtaine de villes de France pour dénoncer l'article
24 de cette proposition de loi qui interdit de filmer des
membres des forces de l'ordre dans l'intention de nuire à leur
intégrité "physique ou psychique" sous peine d'un an de prison
et 45.000 euros d'amende.
"Le droit pénal est d'interprétation stricte et on ne peut
pas poursuivre en droit pénal français des gens pour une
intention mais en réalité pour un acte ou pour un fait", a
souligné Eric Dupond-Moretti, faisant état de discussions au
sein du gouvernement où "chacun s'exprime avec sa sensibilité
différente" et revendiquant cette "petite musique du garde des
Sceaux" qui, a-t-il dit, n'avait pas encore été entendue
publiquement.
"Quand on envisage de toucher à une loi, et au fond, les
journalistes sont très émus, il faut les rencontrer", a-t-il
ajoutant, annonçant qu'"il y aurait à partir de demain (lundi)
au ministère de l'Intérieur une large concertation et que nous
ne sommes pas figés sur des positions".
Cette concertation, a-t-il dit, Gérald Darmanin "la fera
demain (lundi) et puis nous sommes en première lecture (à
l'Assemblée nationale) et puis il y aura un examen de ce texte
au Sénat et puis il y a aussi le garde des Sceaux qui est
susceptible de dire un certain nombre de choses".
"Peut-être faut-il amodier un certain nombre de
dispositions."
En dépit d'un amendement gouvernemental adopté vendredi soir
par les députés et introduisant en préalable à la formulation de
l'article 24 l'expression "Sans préjudice du droit d’informer",
les médias redoutent une entrave à la liberté et au droit
d'informer.
L'examen en première lecture de la proposition de loi,
présentée par des députés La République en marche dont
Christophe Castaner et Yaël Braun-Pivet, la présidente de la
commission des lois de l'Assemblée, a s'est achevée vendredi
soir. Un vote solennel est prévu mardi prochain avant
transmission au Sénat.
(Henri-Pierre André)