PARIS (Reuters) - Les fédérations syndicales FNME-CGT, CFE Énergies, FCE-CFDT et FO Énergie et Mines ont une nouvelle dois demandé mardi le retrait du plan de réorganisation d'EDF, après une série d'échanges avec le gouvernement et la direction du groupe qui ne les ont pas rassurées ni convaincues du bien-fondé du projet.

Dans un communiqué, l'interfédérale indique qu'elle "ne se satisfait pas des éléments avancés jusqu'à présent" par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et "qu'elle attend donc du gouvernement qu'il clarifie les nombreuses incertitudes liées à l'accord qu'il tente d'établir avec la Commission européenne".

La France cherche depuis plusieurs mois à finaliser ses négociations avec Bruxelles en vue d'une nouvelle régulation du parc nucléaire d'EDF qui passerait par une hausse du prix de vente de sa production et s'accompagnerait d'une refonte du groupe, que les syndicats rejettent en évoquant un risque de démantèlement et de début de privatisation.

Le projet, précédemment nommé "Hercule" mais que Bruno Le Maire ne désigne plus ainsi, passerait par la création d'un ensemble regroupant le parc nucléaire et thermique, qui serait intégralement renationalisé et qui détiendrait lui-même 100% d'une entité dédiée à l'hydroélectricité, dans un système de quasi-régie permettant d'éviter une mise en concurrence des barrages du groupe.

EDF, dont l'Etat détient aujourd'hui 83,7% du capital, créerait une troisième entité regroupant les énergies renouvelables, la distribution, les services et la commercialisation, dont le capital serait ouvert à des actionnaires minoritaires - potentiellement à hauteur de 30% - et bénéficiant d'un financement propre.

"Pour l'interfédérale, Hercule reste Hercule et c'est toujours non ! Par conséquent, l'interfédérale réaffirme son opposition totale à ce projet de démantèlement d'EDF", selon le communiqué.

"AUCUNE URGENCE À UN PROCESSUS LÉGISLATIF PRÉCIPITÉ"

Les syndicats évoquent le risque d'une "concurrence entre les trois sociétés" issues du projet, celui d'une "séparation définitive entre le commercialisateur et le producteur nucléaire" ou encore l'idée que la quasi-régie hydraulique pourrait être au final "séparée et sortie d'EDF".

Ils s'inquiètent également "de l'éventuel caractère temporaire de la renationalisation prévue" et rejettent le montage envisagé pour le distributeur Enedis, qui entraînerait "une cohabitation d'un monopole naturel régulé avec des activités concurrentielles dérégulées, au risque de susciter demain sa contestation par la Commission européenne comme par les concurrents d'EDF".

L'interfédérale se dit "consciente que le statut quo n'est pas tenable pour EDF" mais juge qu'il n'y a "aucune urgence à recourir à un processus législatif précipité".

Les syndicats défendent également leur proposition de "mesures immédiates" telles que la réévaluation du prix de revente du nucléaire d'EDF (Arenh) "à une valeur permettant de couvrir les coûts et la recapitalisation du groupe", ainsi que la mise en place d'une commission "sous l'égide du haut-commissaire au Plan et impliquant le Parlement", afin de préparer l'avenir de l'entreprise.

(Benjamin Mallet, édité par Nicolas Delame)