Bref rappel des faits: Dimanche dernier lors de la cérémonie de commémoration du 11 septembre à New York, Hilary Clinton, candidate à la présidence américaine a été victime d'un malaise. Ces images qui ont rapidement fait le tour du monde. Cet épisode a nécessité une intervention rapide du service de communication de la candidate avant d'admettre que cette dernière souffre d'une pneumonie. Derrière cette défaillance physique c'est avant tout la capacité et la faculté de la candidate à diriger la première puissance mondiale que certains craignent.
 
Il n'en aura fallu guère plus pour faire réagir les marchés. Conséquence directe, la volatilité implicite peso mexicain / dollar américain a réalisé un bond non négligeable ces derniers semaines et ces derniers jours.
 
En effet, bien malgré lui, c'est un véritable coup de pouce apporté à la campagne du candidat républicain Donald Trump. Ce dernier n'a jamais caché son ressentiment sur l'immigration provenant notamment du sud avec le voisin mexicain. Il a même fait de l'immigration clandestine qui "pille les richesses des Etats-Unis" le fer de lance de sa campagne. Il promet par conséquent de construire un mur le long de toute la frontière pour un coût de plus de 10 milliards de dollars et il entend faire payer également le Mexique pour cette entreprise de grande ampleur (1600 kilomètres de long). Son plan est bien rodé: se servir des milliards de dollars envoyés par les mexicains vivants aux Etats-Unis. Il s'appuierait ainsi sur la possibilité de modifier une disposition de la loi antiterroriste "Patriot Act" pour bloquer une partie des transferts de fonds à destination du Mexique. Fort logiquement, l'actuel président mexicain Enrique Pena Nieto a bien évidemment écarté toute idée d'un tel paiement pour la construction de ce mur.

Il faut bien prendre la mesure de la catastrophe économique qu'une telle mesure pourrait avoir sur le Mexique. L'argent envoyé au pays par les immigrés mexicains représente l'une des principales sources de revenus du pays avec le tourisme et le pétrole ! Selon la Banque mondiale c'est plus de 25 Milliards de dollars transférés en 2015 en direction du Mexique



Impact du vote américain sur la volatilité du peso mexicain
 

 
 
- Premier constat, la volatilité implicite s'établissait sous les 13% jusqu'au 7 septembre inclus.
- Second constat, la volatilité implicite à deux mois a atteint 14,42%, le 8 septembre dès l'instant où a été inclus dans l'expiration des contrats dollar-peso la date du 9 novembre, soit le jour post élection américaine.
- Troisième constat, la volatilité a bondi à nouveau à plus de 16.8% cette fois-ci le 12 septembre après l'annonce de l'annulation d'un voyage de deux jours en Californie par la candidate Hilary Clinton après la divulgation de sa pneumonie.
 


 
Cette vue graphique permet de constater également l'augmentation assez cohérente de la volatilité sur divers prix d'exercice. La courbure croissante indique que les paris sur les "call" en faveur d'un rallye du dollar américain par rapport au peso sont plus élevés que les "puts" en faveur d'une baisse du billet vert. 


 
Un évènement déjà "pricé" par les opérateurs
 
Pour le pricing des options, il est possible de réaliser des projections en fonction du calendrier et des événements futurs. C'est ainsi qu'au lendemain de l'élection américaine, soit le 9 novembre, un coefficient de 6 (1+5) s'applique à la paire de devise USD/MXN.  En théorie, pour une journée lambda le coefficient appliqué sera de 1. Pour cet évènement majeur un ajustement de +5 s'opère.

A titre d'exemple, appliqué à une stratégie optionnelle dite "straddle" (combinaison achat et vente), le pricing montre qu'à l'heure actuelle la volatilité du dollar par rapport au peso au jour de l'élection serait théoriquement de 16,645%. Cette volatilité augmente à 17,139% au lendemain de l'élection.



 

Le graphique ci-dessus indique clairement que la divulgation de la maladie de la candidate Hilary Clinton a pesé à différents niveaux:

- (courbe jaune) D'un point de vue purement politique, les statistiques relatives à la moyenne des sondages suivis par RealClear Politique montre que D.Trump ne compte plus que 2.4% de retard sur sa concurrente démocrate. L'écart se réduit effectivement drastiquement puisqu'il y a seulement un mois le candidat Trump comptait jusqu'à 8% de retard dans les sondages.

- (courbe blanche) D'un point de vue des marchés financiers, le dollar ressort renforcé face au peso. La monnaie mexicaine ressort à son plus faible niveau ce 12 septembre depuis les jours qui ont suivi l'annonce du Brexit en fin juin. Il faut désormais débourser 19.1 pesos pour un dollar américain alors que la monnaie mexicaine s'échangeait 17.1 pesos contre un dollar fin avril, soit un affaiblissement du peso de plus de 11% durant la période estivale.


 
 
Le constat à tirer est relativement simple et clair, la corrélation de ces deux courbes montre à quel point le peso mexicain se renforce quand Trump dégringole dans les sondages et diminue quand le candidat milliardaire gagne du terrain. Les craintes relatives aux annonces belliqueuses envers le Mexique du candidat républicain entraîne véritablement une volatilité exacerbée ces derniers mois sur la monnaie du voisin mexicain. Cette dernière agit ainsi comme un baromètre en temps réel sur le sentiment électoral américain. A l'approche de l'échéance de novembre, cette paire de devise USD/MXN devrait rester très suivie par les opérateurs et les cambistes, avec assurément une volatilité qui ne devrait pas faiblir.