Ces produits vont répliquer la performance d’un indice de référence comme le CAC40, le DAX30, le FOOTSIE100… ou celle d’un secteur d’activité comme l’immobilier (ex : Vanguard REIT ETF), le secteur des métaux (ex : VanEck Vectors Gold Miners ETF)... par le biais d’un OPVCM indiciel coté sur les marchés réglementés.

Ces fonds indiciels, ETF sont souvent employés pour diversifier un portefeuille et gérer les risques. Ils sont classés dans la catégorie de la « gestion passive » et connaissent un engouement certain depuis une dizaine d’années. Ces types de produits ont doublé en Europe durant cette période pour atteindre plus de 15% des encours totaux sous gestion actuellement. Aux Etats-Unis, cela représente même 35% des encours.

La tendance actuelle est à l’hétérogénéité, avec une tendance majeure concernant les flux actions: une décollecte très nette en Europe au profit des Etats-Unis et des pays émergents. Les investisseurs restent attentistes, après le Brexit avec les conséquences encore non chiffrées de cet évènement, la fragilité du secteur bancaire, ou dans un autre registre les risques d’attentats à travers l’Europe. Les perspectives pour les mois à venir ne laissent d’ailleurs guère présager un retournement de cette tendance.

En effet, avec le Brexit en ligne de mire en juin dernier, les investisseurs s’étaient couverts en investissant dans le métal jaune et les marchés obligataires au détriment des marchés actions qui avaient enregistré les plus fortes décollectes.  En mai dernier, c’était déjà plus de 2.5 milliards de dollars de sorties nettes, (soit le montant le plus important depuis plus de 4 années).




Comme l’atteste le tableau ci-dessus, les fonds dédiés aux métaux précieux ont profité pleinement de la tendance « post Brexit ». Les métaux précieux représentent près de 30 milliards de dollars de souscriptions désormais, soit 83% des collectes dans le domaine des matières premières. En d’autres termes, les investisseurs remettent de l’or dans leurs portefeuilles.

Dans la même veine, les trackers obligataires ont collecté plus de 95 milliards de dollars depuis le début d’année, soit une progression de 14%. C’est l’effet Banque Centrale Européenne qui joue à plein avec le programme d’achat d’obligations qui pousse les investisseurs à jouer le resserrement à venir des spreads de crédit.




Une décollecte en Europe au profit des Etats-Unis et des pays émergents

Le marché nord-américain fait actuellement office de refuge en ayant très nettement la faveur des investisseurs, avec une balance positive de plus de 121,4 milliards de dollars depuis le début de l’année. Le report d’une hausse des taux Outre-Atlantique joue également en faveur d’une collecte des dettes d’Etats, avec un afflux record sur les emprunts d’Etat des pays émergents (les rendements sur de la "dette émergente" peuvent procurer des rendements de l’ordre de 4.5%). Les investisseurs recherchent assez logiquement du rendement en cette période de taux extrêmement bas !




Variation mondiale des plus importantes entrées/sorties de capitaux depuis le début d’année

Au vu de ces tableaux récapitulatifs des flux, la « fuite des capitaux » s’opère majoritairement en Europe depuis le 1er janvier.

C’est actuellement plus de 20 milliards de dollars de flux nets cumulés qui ont quitté l’Europe depuis le début de l’année. Précisément, la zone euro n’a enregistré que 36,2 milliards de dollars de « flux entrant » contre une sortie de flux de plus de 47,7 milliards de dollars, soit un différentiel de près de 11,5 milliards de dollars (-6.5%). Plus restrictivement, l’Union Européenne enregistre, quant à elle, une entrée de capitaux de 26 milliards de dollars contre une sortie de capitaux d’environ 34.8 milliards de dollars, soit une déperdition de 8.8 milliards de dollars (-8.5%).

Dans le détail, c’est l’Allemagne qui est le pays le plus touché au sein de la zone euro, avec déjà plus de 10% de rentrée de capitaux en moins depuis le début d’année. Suivent l’Italie et l’Espagne, avec un différentiel négatif de plus d’un milliard de dollars pour chacun de ces pays. Cela peut sembler peu pour ces pays périphériques pourtant c’est une perte de l’ordre de 31% pour l’Italie et même 40% pour l’Espagne. Plus globalement, une très grande majorité des pays d’Europe connaissent un retrait de capitaux de ces ETF. 


Variation des flux mondiaux sur le dernier mois
 
Rapporté au dernier mois écoulé, c’est près de 4.2 milliards de dollars qui ont quitté l’Europe, soit 25% du montant total actuel depuis le début d’année. L’Allemagne représente à elle seule une diminution des actifs de plus de 1.2 milliards de dollars durant ce mois. Dans le même temps, les Etats-Unis ont connu une rentrée de flux de plus de 28,5 milliards de dollars.

A titre d’exemple le fonds d’investissement Vanguard FTSE Europe ETF, fonds américain qui suit la performance de l’indice britannique Footsie par la détention de « middle et big caps », enregistre une sortie nette de plus d’1 milliard de dollars depuis le début d’année. Le Brexit a évidemment joué un rôle et cet exemple parmi de nombreux autres est un indicateur de la tendance actuelle ou les investisseurs opérant dans des fonds sont clairement « Bearish » sur les actions européennes.



Autre exemple, à l'opposée, le fonds français Amundi ETF MSCI EUROPE minimum volatility enregistre + 375 millions de dollars depuis le début d’année sur les marchés européens. En réalité, ce qu’il faut comprendre c’est la frilosité des fonds qui préfèrent dans le contexte actuel ne prendre aucun risque en se tournant vers une certaine sécurité avec des obligations d’Etats US ou des titres à faibles volatilité comme c’est le cas du fonds d’Amundi.