PARIS, 20 mai (Reuters) - La relation franco-allemande s'est rééquilibrée et la France a bien l'intention de continuer à faire entendre sa voix pour transformer l'Europe, déclare Emmanuel Macron dans un entretien à paraître mardi dans plusieurs quotidiens régionaux français.

Dans les semaines menant aux élections européennes, qui auront lieu dimanche en France, le président français a plusieurs fois souligné que la recherche de compromis avec la chancelière allemande, Angela Merkel, était parfois difficile.

Prié de dire si la mécanique Paris-Berlin était grippée, il répond : "je ne pense pas qu’elle soit grippée, je pense qu’elle s’est rééquilibrée. Nous faisons entendre notre voix."

Même si plusieurs de ses propositions n'ont pas reçu l'accueil espéré, Emmanuel Macron assure que "sur le budget de la zone euro, la Défense, le droit d’auteur, la protection d’intérêts européens face aux grandes puissances, les travailleurs détachés..., les Allemands ont accepté de vrais compromis."

"Nous devons bâtir l’acte II de ce projet. Et ce nouvel acte doit être marqué par l’ambition et la cohérence. A ce titre, la position française rejetant de construire un nouvel accord commercial avec les Etats-Unis est essentielle", ajoute-t-il.

Après avoir défendu une position plus dure vis-à-vis du Royaume-Uni que nombre d'autres dirigeants au dernier Conseil européen sur le Brexit, Emmanuel Macron a décidé de s'opposer, seul, à l'ouverture d'une négociation commerciale avec les Etats-Unis. La décision se prenant à la majorité, ce choix n'a pas enrayé le processus.

Les désaccords franco-allemands existent mais leur vigueur n'est pas sans précédent, ajoute Emmanuel Macron : "De Gaulle- Adenauer, Mitterrand-Kohl, Schroeder-Chirac : ces trois grands tandems ont eu de vrais désaccords, qui ont permis de vraies avancées."

"Avec Angela Merkel, nous nous respectons et nous travaillons très bien ensemble, mais je ne crois pas à l’entente feinte et stérile, qu’il faille gommer les différences quand elles existent. Si on ne dit pas les choses on ne peut pas progresser. Mais on ne peut pas faire progresser l’Europe sur un désaccord franco-allemand", ajoute-t-il.

Emmanuel Macron était interrogé par des journalistes des quotidiens du groupe Ebra, Le Parisien, Sud Ouest, Ouest France, Nice Matin, La Provence, du groupe NRCO et Centre Presse. (Jean-Baptiste Vey, avec Marine Pennetier, édité par Sophie Louet)