* "C'est le 26 mai ou jamais", dit le chef de l'Etat

* Pas à rougir du bilan mais il faut aller plus loin-Macron

* Le chef de l'Etat réaffirme sa confiance à Philippe

PARIS, 20 mai (Reuters) - A six jours des élections européennes, Emmanuel Macron défend son bilan dans une interview à paraître mardi et appelle les Français à aller voter pour contrer ceux "qui ne veulent que détruire", ciblant une nouvelle fois les partis nationalistes dont il souligne la "connivence" avec "des intérêts étrangers".

"On a passé des mois à dire qu’il fallait redonner de la vigueur à notre démocratie et l’on considérerait qu’il n’est pas important d'aller voter ?", s'interroge le chef de l'Etat dans cet entretien accordé lundi à l'Elysée à plusieurs titres de la presse quotidienne régionale, dont Ouest France et Le Parisien.

"Décider de ne pas aller voter, c’est décider de donner sa voix à ceux qui ne veulent que détruire", poursuit-il, à l'heure où l'abstention frôle la barre des 60% et grimpe à 77% chez les 18-25 ans dans les sondages. "C’est ce qui s’est passé il y a trois ans avec les Britanniques pour le Brexit. Pour exprimer son choix quel qu’il soit, c’est le 26 mai ou jamais !"

A six jours du scrutin, le Rassemblement national (RN, ex-Front national) et l'alliance La République en marche-MoDem continuent de faire la course en tête, autour de 23%, mais la liste du parti de Marine Le Pen est depuis plusieurs jours repassée légèrement devant la liste de la majorité présidentielle dans les sondages.

Pour Emmanuel Macron, qui a dramatisé depuis un an l'affrontement entre "progressistes" et "nationalistes" en Europe, cette élection européenne est "la plus importante depuis 1979 parce que l’Union est face à un risque existentiel".

"Si, en tant que chef de l’Etat, je laisse se disloquer l’Europe qui a construit la paix, qui a apporté de la prospérité, j’aurai une responsabilité devant l’histoire", estime le chef de l'Etat. "Est ennemi de l’Europe celui qui ne croit pas en son avenir. Les nationalistes qui veulent la diviser sont ses premiers ennemis."

"IL FAUT ALLER PLUS LOIN"

Comme vendredi dernier à Biarritz, il égratigne le bilan européen du Rassemblement national dont les élus "ont voté contre tout ce qui est dans l’intérêt de la France" et dont le projet, à ses yeux, "affaiblit la France et divise l’Europe".

Après un week-end marqué par une polémique sur la présence à Paris de l'ancien stratège de Donald Trump et soutien affiché du RN, Steve Bannon, Emmanuel Macron fustige également "une connivence entre les nationalistes et des intérêts étrangers, dont l’objectif est le démantèlement de l’Europe".

"Les Russes et quelques autres n’ont jamais été à ce point intrusifs pour financer, aider les partis extrêmes, on ne peut être que troublé", relève le chef de l'Etat. "Mais je ne confonds pas les Etats et certains individus, même si les groupes d’influence américains ou les oligarques russes affichent des proximités avec les gouvernements."

Prié de dire s'il pourrait continuer à réformer la France si la liste de la majorité arrivait en seconde position dimanche, il répond : "je n’ai pas l’esprit de défaite, j’ai l’esprit de conquête. La France sera d’autant plus forte que nous ferons un bon score."

"Quand je regarde les choses, le chômage est au plus bas depuis dix ans, le pouvoir d'achat n'a jamais augmenté de cette manière depuis douze ans, l'investissement productif repart, les emplois industriels sont recréés... il n'y a pas à rougir de notre bilan, même s’il faut aller plus loin", ajoute-t-il.

Quant à l'avenir de son Premier ministre en cas d'échec dimanche ? "Je n’ai jamais fait de politique fiction", réplique le chef de l'Etat. "J'ai toute confiance en Edouard Philippe qui s'engage sans compter auprès des proeuropéens." (Marine Pennetier, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Sophie Louet)