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Quel regard portez-vous sur l’évolution des marchés financiers ?

Nous faisons face à une correction relativement agressive des marchés due en partie à des craintes de ralentissement économique violent et trop précoce de part et d’autre de l’Atlantique. Les cours anticipent une configuration analogue à la crise précédente, où nous avions connu un arrêt brutal de l’économie avec un effet de contagion substantiel sur le secteur bancaire et le crédit.

Selon vous, nous sommes revenus à des niveaux de valorisation intéressants…

Le ratio PE (cours sur bénéfices futurs) du marché actions américain est redescendu à son plus bas niveau de trois ans, autour de 16,5, en dessous de la moyenne de ces cinq dernières années.
En Europe, le PE est en baisse de 17% depuis le début de l’année, et a atteint son niveau de début 2016, aux environs de 12,5.

Qu’en est-il des anticipations de hausse des profits aux Etats-Unis et en Europe ?

Les anticipations de hausse de profits sont très positives aux Etats-Unis, sont autour de 25%.
La dynamique bénéficiaire tient le coup en Europe, exception faite de l’Allemagne où on voit une détérioration, le consensus est à +7/+8%.

Dans ce contexte agité, la part belle est donnée aux valeurs de croissance dans vos allocations. Un fonds qui sort particulièrement du lot est le fonds Echiquier World Equity Growth ? A fin octobre, le fonds délivre 11% de hausse depuis le début de l’année contre un indice en variation de +1,8%.

Ce fonds a été lancé en 2010. Il investit dans des valeurs de croissance internationale qui ont un minimum de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et de 10 milliards d’euros de capitalisation boursière. Les sociétés éligibles doivent avoir une progression des bénéfices historique et attendue est de l’ordre de 8% et afficher un leadership certain avec un avantage concurrentiel durable et soutenable.
Après application de ces différents filtres, l’univers d’investissement se compose d’environ 125 valeurs.

Parlez-nous de l’équipe de gestion ? Est-elle la même que celle au démarrage du fonds ? De combien de personnes se compose-t-elle ? En quoi se distingue-t-elle ? 
L’équipe de gestion se compose de trois personnes. Un premier gérant senior est David Ross. D’origine américaine, il a plus de vingt ans d’expérience sur les marchés internationaux.
Il est secondé par Rolando Grandi, spécialiste des actions internationales évoluant dans la haute technologie, qui pilote également notre fonds nouvellement lancé sur l’Intelligence artificielle et notre fonds sur la Robotique.
Ces deux co-gérants sont appuyés par l’analyse de Louis Bersin.

S’agissant du processus d’investissement, où réside sa valeur ajoutée ? Qu’est ce qui fait que ce fonds est singulier par rapport aux autres fonds concurrents de la même catégorie?

A l’origine le process était orienté sur le leadership international. Il y avait moins de critères de taille. Il était possible de sélectionner des valeurs ayant une capitalisation plus réduite. En outre, la volonté était affichée d’avoir un certain équilibre géographique et de positionner un tiers des actifs sur les actions américaines, un tiers sur les actions européennes et un autre tiers sur les actions cotées ailleurs dans le monde.
Assez rapidement, ce process a été affiné, suite au constat que le facteur géographique était moins déterminant que celui relatif à la thématique d’investissement.
Cette réorientation a permis de rétrécir l’univers d’investissement afin qu’il soit plus maitrisable par l’équipe de gestion et a modifié la cartographie de l’allocation du fonds.




En ce qui concerne les risques, de quelle manière sont-ils appréhendés ? Pilotés ? Quels pare-feux, quelles limites, quelles protections sont en place ?

Il n’y a pas de stop loss systématiques. Il n’y a pas de couverture.
La seule variable utilisable réside dans le montant de liquidité disponible dans le fonds. Cependant l’équipe est encline à ne pas l’actionner pour saisir au mieux toutes les opportunités existantes.

Toutefois des garde-fous existent. Le fonds est investi à hauteur d'au moins 40% sur les leaders mondiaux de croissance « Global Growth », autrement dit les entreprises en forte croissance qui dominent mondialement leur marché comme Amazon.
Un maximum de 20% est consacré à chacune des catégories restantes: « Blue Chip Growth » (franchises pérennes et mondialement établies comme ThermoFisher Scientific), « Local Growth Leaders » (acteurs en croissance forte sur des marchés locaux comme OCBC Bank) et « Cyclical Leaders » (entreprises qui ont tendance à surperformer dans les phases d’expansion des cycles économiques comme Eogresources).

Par ailleurs, une revue systématique est faite de toute société enregistrant une perte importante par rapport à son prix de revient.
Un suivi de la cohérence du poids vis-à-vis du risque de marché et des potentiels de gain est opéré si le potentiel de hausse est inférieur à 20%.
Des indicateurs de risque sont étroitement monitoré comme la diversification, la liquidité, le taux d’investissement. La poche de liquidité est pilotée en fonction d’indicateurs de stress (volatilité).

Qu’en est-il des spécificités relatives à la composition du fonds ? Quels biais sectoriels ?

Le fonds investit en priorité sur la technologie et la consommation discrétionnaire. Il est absent des utilities, de la consommation de base et des matériaux.
Une part prépondérante des actifs est allouée sur les valeurs américaines.
L’accent est mis sur trois grandes tendances : l’intelligence artificielle, la digitalisation et l’enrichissement des classes moyennes dans les pays émergents.

Quid de sa concentration ?

Le fonds ayant pour ambition de regrouper de fortes convictions, il est très concentré. Actuellement 22 titres sont dans le portefeuille. Un seuil théorique est fixé à 30 titres. Certaines pondérations sont proches de 10%.
Ainsi les dix principales positions du portefeuille représentent plus de 60% des actifs investis.
La capitalisation moyenne est de 245 milliards d’euros.
Parmi les valeurs phares nous retrouvons Amazon, Microsoft, Alibaba, Visa…

Quel est l’importance du turnover ? Quelle durée moyenne de détention 
des titres ?

Les idées durent très longtemps mais le poids des idées peut varier de manière importante en fonction du momentum du marché. Les mouvements observés sont exploités au mieux pour créer un alpha supplémentaire.
L’équipe n’hésite pas à amoindrir une position de 9% à 4% si elle considère que sur le court terme le momentum de revalorisation est épuisé.

Quels sont les récents changements d’allocation effectués ?
L’équipe a décidé d’alléger son exposition aux valeurs technologiques qui a représenté un maximum de 70% des actifs investis. En raison de la hausse des valorisations et du regain de volatilité, une désensibilisation a été orchestrée de manière à réduire le poids de ce secteur à 40%. Une préférence a été donnée à des valeurs de santé comme Celgene ou Biogen.

Quel est le niveau d’encours actuel ?

Le fonds a 360 millions d’euros d’encours sous gestion. Il jouit d’un important succès commercial en particulier du fait de son historique de performance.
Depuis sa création, la performance du fonds est très supérieure à celle de son indice de référence, le MSCI ACWI NET EUR : +136,8% contre +108,5% s'agissant de la performance cumulée à fin octobre et +10,6% contre +9,0% pour ce qui est de la performance annualisée.
Ce track record positif explique le bon classement de ce fonds parmi les fonds de même catégorie, au sein du premier décile. 

Un dernier mot ?

Depuis cette année 2018, une approche ESG est appliquée à ce fonds. Il est procédé à un vote dans toutes les Assemblées générales des sociétés investies. Une notation du portefeuille est régulièrement effectuée afin d’avoir une vue du portefeuille sous un angle extra financier.







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