Les premières victimes du réchauffement climatique sont les populations vulnérables, et ce sont aussi elles qui vont probablement payer le plus lourd tribut de la transition énergétique. Le développement durable doit donc désormais s’accompagner d’approches sociales et solidaires. C’est ici que l’économie circulaire prend tout son sens : en plus de soulager la planète avec une consommation plus responsable, elle contribue aussi à la création d'emplois pérennes et non délocalisables. 

Dès 2015, le cabinet de conseil McKinsey appuyait cette conclusion dans un rapport dédié, et affirmait que les principes de circularité pouvaient générer, en Europe, un bénéfice économique net de 1 800 milliards d'euros d'ici 2030. Dans le même temps (et uniquement sur trois secteurs que sont l’alimentation, la mobilité et le bâtiment) produire et utiliser nos ressources comme nous le faisions au XXème siècle  revient à une perte nette de 7 000 milliards d’euros chaque année. En effet, paradoxalement, à mesure que les cycles d’utilisation des objets raccourcissent, les fréquences d’usage s’amoindrissent : les voitures européennes restent garées 92% du temps, 31% des aliments sont gaspillés, et un bureau sur le Vieux Continent n’est utilisé que 30 à 50% du temps. 

Si le rapport souligne que les technologies disruptives ont des effets peu tangibles sur l’emploi, il salue l’apport de ces dernières dans l’amélioration de l’utilisation des ressources et la réduction des coûts. Le coût moyen par kilomètre parcouru en voiture pourrait baisser de 75 % grâce aux systèmes de covoiturage, à la conduite autonome, aux véhicules électriques et à l'amélioration des matériaux. L'agriculture de précision et/ou sans labour pourrait améliorer l'usage de l’eau et des engrais de 20 à 30 %, et réduire les coûts des machines et des intrants de 75 %. Dans le secteur du bâtiment, les coûts peuvent être réduits de 50% avec la construction modulaire, par opposition à celle sur site. 

L’étude met également en avant le rôle de l’économie circulaire sur la compétitivité et la souveraineté du continent. Largement dépendante des importations, l’Europe, qui importe 60 % de ses combustibles fossiles et de ses ressources métalliques, est dans une situation de constante insécurité en matière d'approvisionnement et de forte dépendance économique. Une Europe manufacturière basée sur la circularité ferait baisser de 30 à 50% notre consommation de matériaux et composants, d'eau et de terres agricoles, de carburants et d’électricité non renouvelable. 

6 ans ont passé depuis la publication de ce rapport. L’usage des terres et des ressources, la dépendance énergétique, la mobilité électrique et le poids du social dans la transition écologique font désormais partie intégrante des politiques publiques et des démarches des entreprises privées adressées à la croissance durable. Pour comprendre les enjeux de l’économie circulaire en 2021, comment ils ont évolué et se sont précisés, ne manquez pas la conférence dédiée organisée par notre partenaire SPHERE, le 15 avril prochain, diffusée en direct sur Zonebourse :  Climate change and the circular economy : breaking the link between resource depletion and economic growth, avec Hamish Chamberlayne, Head of Global Sustainable Equities, Janus Henderson Investors, EMEA.