3 décembre (Reuters) -
Le président iranien Ebrahim Raisi a présenté samedi la
République islamique d'Iran comme garante des droits et des
libertés, défendant le système en place dans un contexte de
répression des manifestations anti-gouvernementales qui, selon
les Nations unies, a coûté la vie à plus de 300 personnes.
"L'Iran a la constitution la plus progressiste du monde"
car elle marie "les idéaux à la démocratie", a déclaré Ebrahim
Raisi dans un discours prononcé devant les parlementaires, alors
que le pays connaît une vague de contestation sans précédent
depuis la mort en détention de Mahsa Amini, jeune kurde
iranienne arrêtée pour avoir porté un voile jugé non
réglementaire.
"La constitution garantit (l'existence) du système
islamique", a-t-il dit, ajoutant qu'elle "garantit également les
droits fondamentaux et les libertés légitimes."
Les manifestations qui touchent des Iraniens issus de
toutes les couches de la société durent maintenant depuis plus
de trois mois, posant l'un des plus importants défis jamais
rencontré par le pouvoir religieux en place depuis la révolution
de 1979.
Les autorités iraniennes accusent les forces étrangères
ennemies, notamment les États-Unis, l'Arabie saoudite et Israël,
d'être à l'origine des révoltes.
Deux-cent personnes sont mortes depuis le début des
émeutes, a dit samedi le conseil de la sécurité de l'Etat, cité
par l'agence de presse Mizan. Ce chiffre est nettement inférieur
aux estimations des organisations de défense des droits de
l'Homme et même aux 300 morts récemment évoqués par un
commandant des Gardiens de la révolution, l'unité d'élite de
l'armée iranienne.
Selon un expert indépendant mandaté par les Nations
Unies, plus de 300 personnes seraient mortes, dont plus de 40
enfants.
Peu ébranlés par la répression brutale du régime, les
manifestants ont multiplié les slogans dénonçant le guide
suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, dans les dernières semaines
et continuent de réclamer la fin du gouvernement islamique.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré
de nouvelles manifestations samedi en fin de journée dans
certains quartiers de la capitale Téhéran, notamment dans le
quartier de Haft Howz, dans l'est du pays, où l'on pouvait
entendre des manifestants scander : "Le meurtrier Khamenei doit
être exécuté". Reuters n'a pas pu vérifier immédiatement ces
images.
Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux a montré les
autorités en train de démolir la maison familiale d'Elnaz
Rekabi, une grimpeuse iranienne qui a participé à des
championnats internationaux sans porter de voile en octobre.
Elnaz Rekabi a déclaré en rentrant en Iran après sa
compétition qu'elle avait oublié de mettre son voile et que cet
oubli était involontaire, mais de nombreux Iraniens ont pris cet
incident pour une marque de soutien aux manifestations.
Selon des médias d'État qui citent le responsable du
système judiciaire de la province de Zanjan (nord-ouest), les
autorités ont pris la décision de démolir la maison de l'athlète
il y a quatre mois car sa famille n'avait pas obtenu de permis
de construire.
(Bureau de Dubaï, version française Tangi Salaün et Caroline
Pailliez)