par Simon Johnson

STOCKHOLM, 9 septembre (Reuters) - Les Suédois votent ce dimanche pour des élections législatives dominées par les débats sur l'immigration et le système social, qui pourraient faire des Démocrates de Suède (SD, extrême droite) le premier parti d'un pays longtemps vu comme un bastion des valeurs libérales et de stabilité économique.

L'arrivée en 2015, au plus fort de la crise migratoire en Europe, d'un grand nombre de demandeurs d'asile en Suède a polarisé les électeurs et brisé le consensus politique.

Ni le bloc de centre gauche, ni la coalition de centre droit, qui sont au coude-à-coude dans les sondages, ne semblent en mesure d'obtenir une majorité absolue.

Ainsi le parti des Démocrates de Suède, anti-immigration et eurosceptique, pourrait se retrouver dans la position d'arbitre pour la composition du prochain gouvernement.

Les bureaux de vote ouvriront à 06h00 GMT et fermeront à 18h00 GMT. Les résultats officiels devraient être connus en fin de soirée.

Selon un chercheur en sciences sociales de l'université d'Umea, "les partis traditionnels ont échoué à répondre au vaste mécontentement qui existe" au sein de la population.

"Ce mécontentement n'est peut-être pas lié directement au chômage ou à l'économie, mais simplement à une perte de confiance dans le système politique. La Suède n'est pas la seule dans ce cas", a ajouté Magnus Blomgren, en référence à la montée du populisme en Europe depuis le début de la crise migratoire.

La coalition de centre gauche au pouvoir, qui réunit le Parti social-démocrate, les Verts et le Parti de gauche, est créditée de 40,2% des intentions de vote dans les derniers sondages, soit une très courte avance sur l'Alliance de centre droit (Modérés, Libéraux, Parti du centre et chrétiens-démocrates) qui obtiendrait près de 39% des voix.

PERTE DE CONFIANCE

Les Démocrates de Suède, qui souhaitent que le pays quitte l'Union européenne et stoppe l'immigration, sont crédités d'environ 17% des intentions de vote. En 2014, ils avaient obtenu 13% des suffrages.

Certains sondages effectués en ligne créditent de 25% des voix le SD, dont le soutien avait été sous-estimé en 2014.

Il deviendrait ainsi le parti le plus important du pays, devant les sociaux-démocrates, une première en un siècle.

Si tel était le cas, la couronne suédoise pourrait être affaiblie mais les économistes n'envisagent pas d'effets à long terme sur les marchés, alors que l'économie du pays est solide et qu'il y a consensus sur les orientations de politique économique.

Bruxelles suit de près le scrutin en Suède, avec la crainte que l'euroscepticisme soit renforcé au sein de l'Union européenne avant les élections européennes de mai prochain.

En 2015, la Suède a accepté sur son sol 163.000 demandeurs d'asile, soit le plus fort taux par tête d'habitant dans l'UE.

Nombre de Suédois voient d'un mauvais oeil les demandeurs d'asile depuis l'arrivée de ces migrants. Certains trouvent dans le même temps que leur système social traverse une crise.

L'allongement des listes d'attente pour se faire opérer, la pénurie de médecins et d'enseignants, et l'incapacité de la police à éradiquer la violence dans les banlieues urbaines défavorisées, où les immigrants sont majoritaires, ont ébranlé la confiance des Suédois en leur modèle social.

Le chef de file de SD, Jimmie Akesson, considère ces élections comme "un référendum pour savoir si nous gardons notre modèle social ou si nous laissons la porte ouverte à l'immigration".

Il a déjà fait savoir qu'il s'opposerait à tout gouvernement qui ne prendrait pas en compte ses inquiétudes sur la politique migratoire.

Les principaux politiciens du pays ont jusqu'à présent repoussé tout accord avec Akesson.

Mais avec l'actuelle impasse politique, les analystes estiment que le SD pourrait gagner en influence, sauf en cas d'accord entre les partis de centre gauche et de centre droit.

Aucune de ces options ne sied cependant aux dirigeants des deux coalitions, ce qui laisse entrevoir un long processus pour former le prochain gouvernement. (Jean Terzian pour le service français)