La première* capitalisation boursière européenne du football, la Juventus de Turin, a été terrassée en quart de finale de Ligue des Champions par la troisième, l'Ajax d'Amsterdam, le 16 avril. Historiquement, les clubs de football pris dans leur globalité ne constituent pas des supports d'investissement très intéressants. C'est ce qu'enseigne le Stoxx Europe Football, un indice comprenant 22 clubs cotés en Europe (FCTP, CH0013549974), qui existe depuis le début des années 1990.
 
Dans le Stoxx Europe Football, les plus anciens clubs cotés ne sont pas britanniques, comme on aurait pu le penser, mais scandinaves : l'entrée en bourse des danois de Brondby, de Silkeborg et d'AGF A/S (ex-Aarhus Elite) remonte aux années 1990/1991. Mais les précurseurs furent bien britanniques : la première entrée en bourse (IPO) de l'histoire est celle des londoniens de Tottenham Hotpsur et remonte à 1983. Les clubs anglais, désormais absents si l'on excepte Manchester United coté à New York, ont longtemps constitué le socle de l'Europe boursière du football. En 2000, 24 clubs britanniques étaient cotés en bourse, lorsque 37 équipes étaient inscrites sur diverses places européennes. Un total qui n'a fait que décroître depuis, au gré des rachats, des retraits de la cote et des faillites.
 
Un panier d'actions qui fait moins bien que la moyenne

L'indice Stoxx Europe Football (en bleu) souffre de la comparaison avec l'indice Stoxx Europe 600 (en orange). Sa sousperformance est manifeste aussi bien sur les dix dernière années (premier graphique) que depuis sa création en 1991 (second graphique). Depuis 2012, le décalage de performances va en s'accentuant.
 

Au-dessus, STOXX Football (bleu) vs. STOXX Europe 600 (Orange) sur 10 ans, en dessous, les mêmes depuis 1991 (Cliquer pour agrandir)
 
 
Tout est relatif

Cette évidente "sous-performance" du panier "football" du Stoxx cache en fait de très importantes disparités. Trois des clubs danois ont vu leur valeur s'effondrer de 90%, tandis que le cours du seul représentant allemand, le Borussia Dortmund, a été plus que décuplé en dix ans, alors que le Stoxx Europe 600 n'a fait "que" doubler sur la période. Mais les fortunes se font et se défont rapidement : le Borussia a été introduit en 2000 sur des cours plus élevés que le niveau actuel. Quant à Aarhus, le titre a pendant un temps été le chouchou du secteur il y a plus de dix ans, avant de s'effondrer. 

Nous ne reviendrons pas ici en détail sur la complexité inhérente à la valorisation des clubs sportifs, hormis pour rappeler un lieu commun. Ce sont des entreprises particulières, dont le modèle économique est soumis à des aléas bien supérieurs à la moyenne (saison ou transfert réussis ou ratés) et dont les résultats sont très inégaux dans le temps. Les modèles les plus pérennes sont à priori ceux qui reposent sur une marque forte, une bonne diversification des revenus et la propriété de leurs infrastructures. Mais c'est loin d'être une science exacte. 

Si l'on revient à notre période de 10 ans, le Borussia n'est pas le seul grand club à avoir surperformé l'indice large européen. La Juventus, le Celtic, la Lazio et l'Ajax sont aussi en bonne position, ainsi que l'illustre le tableau qui suit, avec les performances des membres actuels du Stoxx Europe Football.
 

Membres actuels du Stoxx Europe Football sur 10 ans en bourse (Source Bloomberg)
 
L'Olympique Lyonnais est le seul et unique représentant français à avoir tenté l'aventure, si l'on fait exception des éphémères expériences du Stade Phocéen Rugby et du FC Istres (cherchez, elles ont vraiment existé). L'OL avait sauté le pas en 2007, peu après que la France eut autorisé l'accès de la bourse aux clubs sportifs. Malgré un projet bâti pour le long terme, le précurseur a souffert et n'a pas fait d'émules. Il faut dire que le titre cote moins de 3 EUR alors qu'il avait été introduit à 24 EUR il y a douze ans.  

*Techniquement, la première capitalisation européenne est Manchester United, mais le titre n'est coté qu'aux Etats-Unis, depuis 2012.