par Gwénaëlle Barzic

PARIS (Reuters) - Engie a annoncé entrer en négociations exclusives avec Bouygues en vue de lui céder sa filiale de services multi-techniques Equans pour 7,1 milliards d'euros à l'issue d'une réunion de son conseil d'administration vendredi soir.

Le groupe contrôlé par la famille Bouygues a emporté la mise face à deux offres concurrentes en déboursant une somme dépassant les estimations qui circulaient dernièrement, soit entre 6 et 7 milliards d'euros.

"L'offre de Bouygues était la mieux-disante au regard de l'ensemble des critères retenus par ENGIE, y compris sur le plan financier", souligne Engie dans un communiqué diffusé très tôt samedi quelques heures après la fin de la réunion de son conseil d'administration.

L'offre de Bouygues, qui est ferme et engageante, porte sur la totalité du capital d'Equans, précise le communiqué, ajoutant que la finalisation de l'opération est attendue au second semestre 2022.

"En rejoignant Bouygues, EQUANS, sous la direction de Jérôme Stubler, bénéficiera pleinement du dynamisme de ses marchés existants", souligne la directrice générale d'Engie Catherine MacGregor dans le communiqué.

Si elle se concrétise, cette acquisition constituera un virage stratégique pour Bouygues déjà présent dans le BTP, la construction, les médias et les télécoms et qui pourrait ainsi grandir dans la transition énergétique et les services.

De son côté, après avoir déjà cédé son bloc d'actions dans Suez à Veolia ainsi qu'une partie de ses titres dans GRTgaz, Engie compte mettre à profit cette nouvelle cession pour se recentrer sur les énergies renouvelables et les activités de réseaux.

La cession d'Equans, obtenue au prix fort, lui permettra de réduire de 7 milliards d'euros sa dette nette économique.

Créé cet été, la division regroupe une large gamme de services d'installation et de maintenance extérieurs aux activités de production d'énergie d'Engie.

La société est présente entre autres dans l'électricité, le chauffage, la ventilation et la climatisation, la réfrigération, la mécanique et la robotique, le numérique ou encore les services généraux (facility management).

LE GOUVERNEMENT ATTENTIF

Alors que l'Etat français est le premier actionnaire d'Engie avec près de 24% du capital, la cession d'Equans, qui emploie 27.000 personnes en France, est suivie de près par le gouvernement à quelques mois de l'élection présidentielle.

Le fournisseur de gaz et d'électricité avait fixé parmi ses critères de sélection la solidité du projet industriel, la qualité du projet social, la valorisation proposée et le risque d'exécution.

Pour convaincre Engie et ses syndicats, Bouygues s'est notamment engagé à ne procéder à aucun départ contraint en France et en Europe pendant 5 ans et à créer 10.000 emplois nets sur le même horizon de temps.

Avec l'absorption d'Equans, les services multi-techniques deviendraient son premier métier avec un chiffre d'affaires combiné de 16 milliards d'euros devant sa filiale de travaux routiers Colas.

Le rapprochement des deux entités donnerait naissance à un nouveau numéro deux mondial, fort d'un effectif de 95.000 personnes, derrière un autre Français, Vinci.

Le groupe contrôlé par la famille Bouygues a précisé qu'il n'aurait pas besoin de recourir à une augmentation de capital pour financer l'opération.

Il s'agit de la deuxième acquisition de taille menée par Bouygues sous la houlette d'Olivier Roussat, son directeur général depuis février, qui a également entrepris de rapprocher son groupe de télévision TF1 avec le concurrent M6.

Deux offres fermes concurrentes de celle de Bouygues avaient été soumises pour Equans: une par Eiffage, autre groupe de BTP et de concessions, et une autre par le fonds d'investissement américain Bain Capital associé à Fimalac, holding de l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière.

Equans a généré un chiffre d'affaires de 12,5 milliards d'euros en 2019 pour un résultat opérationnel courant de 350 à 450 millions. Présente dans 17 pays, la société emploie quelque 74.000 personnes au total.

(Reportage Gwénaëlle Barzic, avec Myriam Rivet, édité par Bertrand Boucey)