PARIS (awp/afp) - Les marchés actions placent tous leurs espoirs dans les discussions commerciales et le Brexit, deux dossiers dans lesquels seules des avancées concrètes sont susceptibles de déclencher un sursaut la semaine prochaine face au ralentissement économique en cours.

"La semaine prochaine sera particulièrement importante sur le front commercial et du Brexit: sur le plan économique avec une salve de statistiques en provenance de Chine, plus gros contributeur à la croissance mondiale, et sur le plan microéconomique avec une saison des résultats qui entre dans le dur", a résumé Vincent Juvyns, un stratégiste de JPMorgan AM.

Alors que les risques sur la croissance demeurent, "il faudrait qu'un accord commercial soit noué rapidement" entre les Etats-Unis et la Chine pour "changer la donne", selon lui.

L'horloge tourne car de nouveaux droits de douanes américains sont supposés entrer en vigueur mi-octobre.

L'échéance approche aussi à grands pas pour le Brexit, prévu à la fin du mois, et "des décisions qui éloignent du scénario du pire", à savoir une sortie de l'UE sans accord, "seraient bienvenues", a poursuivi l'expert interrogé par l'AFP.

Les dernières nouvelles sur ces deux dossiers-clé ont soutenu le marché en fin de semaine et "pointent plutôt vers une temporisation" des risques, estime Vincent Juvyns.

Ainsi les 27 ont-ils donné leur feu vert pour lancer des négociations "intenses" sur le Brexit avec les Britanniques tandis Donald Trump a affiché son optimisme au second jour des négociations commerciales avec la Chine.

Possibilité de sortie par le haut

"L'éventualité d'un double accord" sur ces dossiers brûlants peut entraîner les marchés dans une "configuration positive", abonde Laurent Denize, co-directeur des investissements chez Oddo BHF AM.

Et il ne faut "pas sous-estimer la portée d'un accord a minima" entre Pékin et Washington qui serait "le premier signe effectif de signature" après tant d'atermoiements, estime le spécialiste.

"Même en cas de secousse géopolitique, un basculement en zone négative serait limité" du simple fait, selon lui, que le marché actions reste soutenu par la politique accommodante des banques centrales.

La semaine s'annonce cruciale aussi en termes de statistiques. Les indices chinois des prix à la consommation et à la production (mardi) mais surtout les ventes au détail en Chine (vendredi) et aux Etats-Unis (mercredi) permettront "de réellement mesurer si la consommation reste suffisamment résiliente pour que nous demeurions relativement confiants quant à la croissance mondiale des prochains mois", note M. Juvyns.

Car ce que redoute le marché, c'est le risque d'une contagion du malaise manufacturier aux services et à la consommation, même si, pour l'heure, les consommateurs américains, bien que moins optimistes, continuent de soutenir l'économie américaine et que la Chine a pris cette année des mesures budgétaires pour renforcer la demande intérieure.

"Le secteur résidentiel américain sera aussi un point à surveiller", ajoute M. Denize.

Tout aussi déterminants, les résultats trimestriels des grosses banques américaines, attendus pour la plupart la semaine prochaine, permettront de "voir si les baisses de taux récemment consenties par la Réserve fédérale américaine ont un impact sur leur rentabilité", souligne M. Juvyns.

Les publications en Europe, qui ont débuté cette semaine avec les poids lourds LVMH et Publicis, se poursuivront également dans les prochains jours.

Sur le plan monétaire, la publication du Livre Beige (mercredi) et de l'indice de la Fed de Philadelphie (jeudi) vont permettre de faire un point sur les conditions économiques américaines, "sur les éventuelles dissensions au sein des gouverneurs de la Fed" et "peut-être sur un ajustement de baisse des taux" à fin octobre, fait valoir M. Denize.

Le marché suivra par ailleurs une audition du gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE) Mark Carney devant une commission parlementaire mardi. Il ne manquera pas d'être interrogé sur le Brexit et sur l'avenir de sa politique monétaire. Certaines voix plaident désormais pour une baisse des taux même en cas de Brexit avec accord afin de soutenir l'économie quoi qu'il arrive.

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