On commence avec une mini-rétrospective de la semaine écoulée. Les marchés actions européens ont légèrement progressé, avec une hausse de 0,7% enregistrée sur le Stoxx Europe 600. En France, le CAC40 a mis fin à trois semaines consécutives de baisse par un rebond de 1%. Aux Etats-Unis, la séance de vendredi s'est achevée en baisse, pour les raisons que je vais aborder plus loin. Pas de quoi, toutefois, empêcher le S&P500 de reprendre 1,7% et le Nasdaq 100 de flamber de 3,5%. A intervalle régulier, l'indice technologique américain revient accaparer les commentaires de marché, dont les miens. Il faut dire que sur les 15 dernières années, c'était un must have pour les investisseurs désireux d'accompagner la numérisation mondiale. Alors, certes, la bulle a éclaté à la fin de l'année 2021, en tout cas en ce qui concerne certaines sociétés trop belles pour être vraies, avec des modèles économiques inexistants hors périodes d'argent gratuit, c’est-à-dire de taux d'intérêts nuls ou presque. Mais la consolidation a été de courte durée pour les vraies stars de la technologie.

D'autant que ces entreprises semblent avoir trouvé dans les outils générateurs de contenus basés sur l'intelligence artificielle un terrain de jeu encore vierge, synonyme pour les investisseurs de nouvelle manne potentielle. Comme on ne prête qu'aux riches, ce sont encore une fois les mégacapitalisations américaines qui en profitent. Bank of America les appelle The Magnificent Seven, un clin d'œil au film de 1960 avec Yul Brynner, Steve McQueen et Charles Bronson (Les Sept Mercenaires, en français). Il s'agit d'Apple, Microsoft, Google, Amazon, Nvidia, Meta et Tesla, qui se paient environ 30 fois les résultats contre 17 fois en moyenne pour le reste de la cote aux Etats-Unis. Donc aux Etats-Unis, point de salut indiciel sans ces entreprises qui ont alimenté la hausse du S&P500 et du Nasdaq depuis le 1er janvier. J'ajoute que Bank of America cite aussi leur pendant européen, mais dans le luxe, avec LVMH, L'Oréal, Hermès, Christian Dior, Compagnie Financière Richemont, Kering et Ferrari, dont le PER moyen atteint 36 fois, contre 12 fois au STOXX Europe 600. Ce qui nous fait deux catégories de Magnificent Seven, l'une propulsée par l'IA et l'autre par le renforcement de la classe moyenne supérieure en Asie et ailleurs.

La clôture de Wall Street dans le rouge vendredi a coïncidé avec la rupture temporaire des négociations entre républicains et démocrates sur le plafond de la dette aux Etats-Unis. Le sujet crispe un peu plus les investisseurs que ce qu'ils ont essayé de faire croire la semaine dernière. La parade amoureuse va continuer entre les deux factions dès ce lundi, avec son lot de frôlements et de voltes-faces. Janet Yellen, la cheffe du Trésor US, a toutefois suggéré que la situation deviendra critique mi-juin pour le service de la dette. Jusque-là, c'est la date du 1er juin qui avait été présentée comme "Date X", c’est-à-dire le moment où les choses pourraient vraiment dégénérer. Les commentaires de Jerome Powell, plutôt colombe que faucon vendredi, en sont presque passés à la trappe.

Il y avait pas mal de géopolitique au menu du weekend :

  • Le G7 japonais a accouché d'un communiqué qui a ulcéré la Chine, notamment concernant la situation en Mer de Chine et la Russie. De son côté, Volodymyr Zelensky a peiné à rallier les pays émergents à sa cause.
  • En Ukraine, on croyait que l'Ukraine contre-attaquait à Bakhmout, mais voilà que Moscou revendique la prise de la ville. Kiev a répliqué en indiquant que ses troupes cherchent à encercler la zone. Difficile de faire le tri entre information et propagande. En parallèle, les Etats-Unis ont autorisé l'utilisation de chasseurs F-16 par l'Ukraine. Joe Biden a reçu de Volodymir Zelensky l'assurance que les jets ne seraient pas utilisés en territoire russe.
  • La Chine a pris une décision rare en bannissant à l'avenir les puces de l'américain Micron de ses infrastructures, jugeant qu'elles ne sont pas suffisamment fiables en matière de cybersécurité. C'est une façon pour Pékin de répliquer aux embargos décidés par Washington, qui n'a pas tardé à réagir en jugeant la mesure arbitraire et non-fondée. Œil pour œil, dent pour dent. Les fournisseurs de semiconducteurs alternatifs, notamment coréens, sont en hausse pour démarrer la semaine après cette annonce. Elle cadre ceci dit assez mal avec celle de Joe Biden, qui a indiqué en marge du G7 que les relations avec la Chine allaient se tempérer très prochainement.
  • En Grèce, le premier ministre actuel sort vainqueur des législatives mais n'a pas la majorité absolue.

Le vert domine encore en Asie Pacifique ce matin. Le Japon poursuit sa folle ascension avec un Nikkei 225 en hausse de 0,8%, pendant que la Chine se redresse de 0,4% à Shanghai et de 1,3% à Hong Kong. La Corée du Sud reprend 0,7%, soutenue par son compartiment technologique. L'Australie est l'exception qui confirme la règle avec une clôture en baisse de 0,17% pour l'ASX200, alors que les valeurs financières reculent et que les minières souffrent d'une baisse du prix des métaux industriels, sur fond de crainte pour la dynamique de croissance en Chine. Les indicateurs avancés occidentaux sont hésitants, avec un léger biais haussier, en préouverture.

Les temps forts économiques du jour

Rien de bien intéressant à se mettre sous la dent aujourd'hui. Tout l'agenda ici.

L'euro est légèrement remonté à 1,0821 USD. L'once d'or se reprend à 1978 USD. Le pétrole perd du terrain, avec un Brent de Mer du Nord à 74,99 USD le baril et un brut léger américain WTI à 71,11 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 3,65%. Le bitcoin se négocie 26 700 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Azelis : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 29 EUR.
  • Bouygues : Morgan Stanley reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 32 à 30,50 EUR.
  • Brenntag : Barclays passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 80 EUR.
  • Delivery Hero : JPMorgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 65 à 63 EUR.
  • Hikma : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 2080 à 2125 GBp.
  • Hornbach : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 90 EUR.
  • IMCD : Barclays passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 170 EUR.
  • KRKA : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 94 à 106 EUR.
  • Nexus : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 65 EUR.
  • OCI : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 38 à 28 EUR.
  • Recordati : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 37 à 41 EUR.
  • Sartorius AG : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne visant 375 EUR.
  • Subsea 7 : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 155 à 150 NOK.
  • Swiss Re : Barclays reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 96 à 98 CHF.
  • Virbac : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 296 à 297 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Fitch relève la note de Sanofi d'un cran, à "AA-", perspective stable.
  • Trois nouveaux administrateurs chez Audacia.
  • Nacon annonce une nouvelle manette officielle pour xbox.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : néant.

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Ryanair : le bénéfice net annuel dépasse légèrement les attentes.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • La justice américaine bloque la fusion entre American Airlines et JetBlue.
  • Instagram (Meta Platforms) prépare un rival à Twitter pour l'été.
  • GAM Holding rejette l'offre de Taure et recommande toujours celle de Liontrust.
  • Bataille judiciaire entre le président de Ferrari (John Elkann) et sa mère (Margherita Agnelli) autour de l'héritage Agnelli.
  • Sacyr serait en pourparlers pour vendre 45% de l'autoroute irlandaise N6 à Bestinver.
  • Siemens Energy vend sa participation dans Windar Renovables à Bridgepoint.
  • La Chine fait savoir que les produits Micron ont échoué à son test de cybersécurité.
  • Exxon Mobil succombe à son tour à la fièvre du lithium, selon le WSJ.
  • Equinor, Shell, Exxon Mobil se rapprochent d'un contrat de terminal GNL en Tanzanie.
  • Genmab et AbbVie annoncent que la FDA américaine approuve Epkinly pour le traitement du lymphome diffus à grandes cellules B.
  • BioArctic et Eisai demandent l'autorisation de mise sur le marché d'un médicament contre la maladie d'Alzheimer en Grande-Bretagne.
  • Nike pourrait avoir mal référencé des entrepreneurs indépendants, ce qui l'exposerait à des amendes fiscales dépassant 500 M$, selon le Guardian.
  • Les principales publications du jour : Heico, Ryanair, Zoom Video CommunicationsTout l'agenda ici.

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