par Steve Holland et Andrew Osborn

WASHINGTON/MOSCOU, 7 décembre (Reuters) - Joe Biden et Vladimir Poutine vont discuter ce mardi par visioconférence de la situation en Ukraine, un entretien à fort enjeu lors duquel le président américain tentera de dissuader son homologue russe d'envahir l'Ukraine, alors que des milliers de soldats sont massés près de la frontière russo-ukrainienne.

En amont de ses premiers échanges directs avec Vladimir Poutine depuis leur sommet de juillet dernier à Genève , Joe Biden a consulté lundi ses alliés européens à propos de sanctions éventuelles contre la Russie et cherche à présenter un front commun en soutien à la souveraineté et l'intégrité territoriales de l'Ukraine.

Le président américain s'est entretenu avec le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel, le président du Conseil italien Mario Draghi et le Premier ministre britannique Boris Johnson.

Dans un communiqué commun, les cinq dirigeants ont appelé la Russie à une désescalade des tensions et à un retour à la diplomatie, exhortant Moscou à reprendre les discussions en "format Normandie".

Ils ont fait savoir que leurs équipes resteraient en contacts étroits, y compris avec leurs alliés de l'Otan et partenaires européens, pour une "approche coordonnée et exhaustive", a indiqué la Maison blanche.

Un haut représentant de l'administration Biden a déclaré que celle-ci avait identifié un ensemble de sanctions économiques à imposer contre la Russie en réponse à une éventuelle invasion de l'Ukraine.

Washington a aussi discuté de la possibilité de cibler des proches de Vladimir Poutine, mais aucune décision n'a été actée pour le moment, a rapporté une source au fait de la question.

La porte-parole de la Maison blanche, Jen Psaki, a déclaré ne pas savoir si Vladimir Poutine avait pris la décision d'envahir ou non l'Ukraine.

MOSCOU DIT VOULOIR DES GARANTIES SÉCURITAIRES

Joe Biden et Vladimir Poutine devraient s'entretenir aux alentours de 15h00 GMT.

Selon le haut représentant de l'administration américaine, le président américain va prévenir son homologue russe qu'il exposerait son pays à d'importantes sanctions économiques s'il venait à lancer une guerre. Joe Biden va aussi souligner qu'il existe une voie diplomatique efficace, a-t-il ajouté.

L'Ukraine et les puissances occidentales accusent la Russie de masser des troupes près de la frontière ukrainienne, faisant craindre une possible offensive. Moscou nie tout projet d'attaque et accuse à l'inverse Kiev de déployer des soldats dans l'est de l'Ukraine, où les séparatistes pro-russes contrôlent une large part de territoire.

Washington appelle les deux pays à revenir dans le cadre d'accords signés en 2014 et 2015 destinés à mettre fin au conflit dans le Donbass.

Trouver un compromis lors de l'entretien entre Joe Biden et Vladimir Moscou s'annonce délicat.

Le Kremlin a indiqué que les discussions porteraient sur ce que la Russie considère comme une expansion menaçante de l'Otan vers ses frontières et que Moscou chercherait à obtenir des garanties sur la sécurité du pays à long terme.

Vladimir Poutine dit vouloir des garanties juridiques que l'Alliance transatlantique ne s'élargira pas vers l'Est et que certains systèmes d'armement ne seront pas positionnés dans des pays proches de la Russie, dont l'Ukraine.

Notant que le menu des premières discussions avec Joe Biden depuis juillet dernier serait "évidemment les relations bilatérales" qui sont "dans un état assez lamentable", le porte-parole du Kremlin a déclaré qu'il y avait des "préoccupations majeures".

"Principalement les tensions autour de l'Ukraine, le thème des avancées de l'Otan vers nos frontières et l'initiative du président Poutine à propos des garanties sécuritaires", a déclaré Dmitry Peskov aux journalistes. (Reportage Steve Holland à Washington et Andrew Osborn à Moscou, avec Idrees Ali à Washington, Gleb Stolyarov à Moscou; version française Jean Terzian)