QUITO, 9 octobre (Reuters) - Le président équatorien Lenin Moreno a ordonné mardi l'imposition d'un couvre-feu autour des bâtiments gouvernementaux, au sixième jour d'un mouvement de protestation contre des mesures d'austérité qui a basculé dans la violence et contraint l'administration à quitter Quito.

Des milliers de manifestants autochtones ont fait irruption dans la capitale, certains d'entre eux parvenant mardi après-midi à déjouer les dispositifs de sécurité pour pénétrer brièvement dans l'Assemblée nationale, agitant des drapeaux et scandant "Nous sommes le peuple !".

A d'autres endroits de Quito, des manifestants équipés de masques et de bâtons se sont opposés aux forces de l'ordre, qui ont répliqué aux jets de pierres par des tirs de gaz lacrymogène.

Lenin Moreno, qui fait face à son plus grand défi depuis qu'il est arrivé au pouvoir il y a deux ans et demi, a délocalisé les affaires gouvernementales dans la ville côtière de Guayaquil où le mouvement est d'ampleur moindre.

Il avait déclaré l'état d'urgence jeudi, au premier jour du mouvement de contestation survenu après l'annonce de la suppression des subventions au carburant, qui étaient en place depuis quatre décennies, dans le cadre d'une réforme fiscale destinée à réduire le déficit budgétaire du pays.

Le gouvernement a sollicité notamment la médiation des Nations unies pour tenter de trouver une issue à la crise.

Près de 600 personnes ont été arrêtées, ont indiqué les autorités, dont un parlementaire proche du prédécesseur de Moreno à la tête de l'Etat, le dirigeant socialiste Rafael Correa.

Moreno a accusé Correa, son ancien mentor exilé de lui-même en Belgique, de chercher à fomenter un putsch avec l'aide du président vénézuélien Nicolas Maduro. Correa, interrogé par Reuters, a rejeté ces accusations, de même que Maduro lors d'une allocution télévisée depuis Caracas. (Alexandra Valencia, Carlos Garcia Rawlins et Jose Llangari, avec Yury Garcia à Guayaquil; Jean Terzian pour le service français)