La longue discussion nocturne entre le comité national du transport routier et le ministère espagnol des transports n’a pas été vaine. Elle a même débouché sur un plan de soutien d’un milliard d’euros visant à aider une économie touchée de plein fouet par la hausse des carburants, les prix à la production étant en pleine explosion. Ce plan comprend un rabais de 0,20 euro par litre de carburant et une prime de 1 250 euros par camion, 950 euros par autobus et 300 euros par « véhicule léger » (taxis, ambulances, VTC). Le rabais sur les prix des carburants sera payé à hauteur de 0,05€ par les compagnies pétrolières et le reste par l'État.

Mais en quelques heures, le groupe de camionneurs vêtus de gilets haute visibilité (surement un clin d’œil aux gilets jaunes français) qui a lancé la grève le 14 mars, et qui a été exclu des discussions avec le gouvernement, a rejeté la proposition et a commencé à bloquer l'avenue centrale de la Castellana à Madrid. Les manifestants ont également bloqué le périphérique côtier de Barcelone et brûlé des pneus à un poste frontière avec le Portugal. "Nous allons lui demander de pouvoir travailler à un prix digne... Nous voulons des garanties pour pouvoir couvrir nos coûts de production", a déclaré à la presse Manuel Hernandez, leader de la manifestation, depuis le centre de Madrid.

Des camionneurs font grève et bloquent la route à Noain en Espagne

Raquel Sanchez, ministre des transports, se voit alors contrainte de rencontrer les manifestants, qu'elle avait d'abord jugés non représentatifs et liés à l'extrême droite. "Je n'ai jamais eu aucun problème à les rencontrer, mais ce que nous devons célébrer aujourd'hui, c'est cet accord... et c'est ce que je vais essayer de leur expliquer cet après-midi", a-t-elle déclaré à la chaîne de télévision publique TVE. Mme Sanchez a déclaré que toutes les demandes des camionneurs étaient incluses dans l'accord et qu'il n'y avait donc aucune raison de maintenir la grève.

"Nous avons l'impression qu'il s'agit d'une rustine temporaire qui ne règle pas du tout le problème", a déclaré Juan Jose Moral, un manifestant, alors que la foule en colère se dirigeait vers le ministère des Transports.

Dans le cadre de ces mesures, le gouvernement approuvera une nouvelle ligne de crédit garantie par l'État, assortie d'un gel de 12 mois des remboursements de prêts, ou de ce que l'on appelle des périodes de grâce, au cours desquelles les entreprises ne sont tenues de payer que les intérêts et non le principal d'un prêt.