VIENNE, 17 juin (Reuters) - L'Autriche a demandé des explications à l'Allemagne après les révélations de deux journaux autrichiens selon lesquels les services secrets allemands ont espionné des hommes politiques et des entreprises sur le territoire autrichien ainsi que des organisations internationales qui y ont leur siège.

Entre 1999 et 2006, le service de renseignements allemand, le BND, a espionné quelque 2.000 cibles dans des institutions politiques, des organisations internationales, des banques, des entreprises et des fabricants d'armes, indiquent le quotidien Der Standard de samedi et l'hebdomadaire Profil.

"Ce genre de chose ne doit pas exister entre pays amis", a déclaré le chancelier autrichien Sebastian Kurz lors d'une conférence de presse à Vienne, à laquelle a également assisté le président autrichien Alexander van der Bellen.

"Nous souhaitons bien sûr savoir qui a été surveillé, quand la surveillance a pris fin, et, bien sûr, nous voulons avoir la certitude qu'elle a été arrêtée", a déclaré Sebastian Kurz.

Des allégations selon lesquelles les services allemands de renseignements aidaient les Etat-Unis à espionner des fonctionnaires et les entreprises européens sont apparues en 2014. L'Autriche a déposé une plainte un an plus tard.

Mais l'ampleur même des activités d'espionnage, si elle est vérifiée, est nouvelle, a déclaré Sebastian Kurz.

Le chancelier a précisé que son gouvernement était en contact avec les autorités allemandes et qu'elles semblaient vouloir coopérer.

"Nous sommes convaincus que l'Allemagne est désireuse de clarifier les allégations et de créer de la transparence", a-t-il dit, ajoutant qu'il n'y avait actuellement aucune indication que l'espionnage se soit poursuivi après 2006.

Der Standard et Profil ont déclaré que leurs informations étaient basées sur des fichiers du BND, qui leur ont été fournis par une source allemande.

Ils ont dit avoir analysé une liste de quelque 2.000 cibles, parmi lesquelles l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), les ambassades américaine et iranienne, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ainsi que des ministères autrichiens, des banques, des entreprises ou encore l'agence de presse APA. (Kirsti Knolle et Madeline Chambers; Danielle Rouquié pour le service français)