Commençons avec les marchés européens, qui ont généralement gagné du terrain hier, avant les annonces de la Fed. Paris et Francfort se sont adjugées 0,5% et Londres seulement 0,1%. La seule baisse significative est à chercher du côté de Zurich, où le SMI a reculé de 0,43%, plombé par la baisse de 2% du poids lourd Roche et par la chute de 12,5% de Logitech après la démission surprise de son directeur général. Dans la foulée, Wall Street a démarré en hausse, puisque les indices ne connaissant plus d'autre direction en ce moment. Jusqu'à 20h00, c’est-à-dire au moment où la Fed a mis à jour sa politique monétaire. Il y a eu un mouvement brutal de vente, qui a fait plonger les actions. Pourtant, les marchés américains ont globalement clôturé en hausse, sauf du côté du Dow Jones. C'est parti pour les explications.

Hier soir, la banque centrale américaine a fait à peu près ce qui était attendu. Pour la première fois depuis mars 2022, elle n'a pas relevé ses taux à l'issue d'une réunion de politique monétaire. Les Fed Funds restent donc dans la fourchette 5 à 5,25%. En parallèle, elle a conservé un ton de fermeté sur la politique monétaire future. Ce que j'appelais hier "faire les gros yeux" et ce que le Américains qualifient de posture hawkish, en référence aux banquiers centraux austères, surnommés les faucons (hawks) par opposition aux banquiers centraux guimauve, ou dovish, les colombes (dove signifie colombe en anglais). La position hawkish s'est matérialisée de trois façons : la Fed a indiqué prévoir deux hausses de taux d'un quart de point additionnelles cette année après la pause de juin, tout en soulignant qu'aucun de ses membres n'envisage de baisse de taux en 2023 et en relevant sa prévision d'inflation de base.

En tout état de cause, la posture est un peu plus ferme que prévu. Le marché ne rêvait quasiment plus d'une baisse de taux cette année, mais espérait secrètement que le cycle de relèvement du prix de l'argent était terminé. Tout en sachant qu'une hausse de taux supplémentaire était l'hypothèse la plus raisonnable. Eh oui, dans ce domaine comme dans d'autres, il y a le fantasme, le désir et la réalité. Du coup, la Fed a confirmé un no way sur une baisse de taux. Elle a renforcé le scénario d'un tour de vis en juillet. Et elle laisse planer la possibilité d'un resserrement de plus d'ici la fin de l'année.

Au final, les financiers ne sont pas plus surpris que ça, même si les économistes se demandent pourquoi la Fed fait une pause, si elle a si peur d'une reprise de l'inflation. La banque centrale américaine s'est ménagée des portes de sorties, en rappelant qu'elle jugera sur pièces, c’est-à-dire en fonction des données macroéconomiques les plus fraîches, pour piloter sa politique monétaire. Ce qui explique la reprise tardive des indices hier soir, avec un S&P500 qui a terminé en hausse de 0,08% et un Nasdaq 100 toujours en apesanteur, en hausse de 0,7%. La perspective de voir le loyer de l'argent rester élevé plus longtemps n'a pas l'air de doucher l'enthousiasme retrouvé des investisseurs enivrés d'intelligence artificielle. Mais on attendra que la poussière retombe pour affiner les analyses. Le marché obligataire a réagi plus subtilement, comme souvent. Les taux longs ont légèrement progressé pendant que les taux courts reculaient, renforçant l'inversion de la courbe des taux qui perdure depuis des mois. En d'autres termes, les traders obligataires ont renforcé leur pari de récession. Mais les contrats à terme montrent qu'ils n'adhèrent qu'en partie à la rhétorique de la Fed, puisqu'ils prennent en compte, pour l'heure, une seule hausse de taux et pas deux.

J'allais oublier de parler de la baisse de 0,68% du Dow Jones, à contrecourant du reste. C'est la faute de UnitedHealth. Le géant de l'assurance, qui est la plus grosse capitalisation de l'indice (9,5% du total), a annoncé que ses coûts ont davantage progressé que prévu au second trimestre après la multiplication des opérations non-urgentes qui avaient été repoussées à cause de la pandémie. Cela a provoqué une baisse de 6,4% du titre, qui a contaminé l'indice.

Les histoires de taux continuent aujourd'hui. La banque centrale chinoise a réduit de 10 points, à 2,65%, le taux de ses prêts à un an. L'annonce était très attendue. Elle offre un peu de soutien aux marchés locaux ce matin, même si tout le monde est toujours un peu déçu à chaque annonce, que Pékin ne déploie pas un arsenal de relance plus musclé. La Chine a par ailleurs publié une série de statistiques mitigées ce matin. La production industrielle a progressé de 3,5% sur un an en mai, conformément aux attentes, mais le rebond des ventes de détail et de l'investissement était inférieur à ce que prévoyaient les économistes. Enfin, la BCE doit à son tour ajuster sa politique monétaire à 14h15. Contrairement aux Etats-Unis, un relèvement est dans les tuyaux, avec un taux de Refi attendu à 4%, contre 3,75% jusque-là. La zone euro reste confrontée à une inflation plus élevée que celle des Etats-Unis actuellement.

Dans le reste de l'actualité, une seule des assertions suivantes est fausse. Je vous laisse deviner laquelle :

  • Bill Gates va rencontrer Xi Jinping
  • Kylian Mbappé va rencontrer Kim Jong-Un
  • Elon Musk va rencontrer Emmanuel Macron

Sur les marchés d'Asie-Pacifique, le Japon gagne 0,3%, pour une cinquième séance consécutive dans le vert. La Chine progresse plus fort à Hong Kong (+0,9%) qu'à Shanghai (+0,6%). La Corée est encore à la peine (-0,3%), pendant que l'Inde et l'Australie gagnent 0,2%. Les indicateurs avancés européens sont légèrement baissiers. Le CAC40 perdait 0,3% à 7306 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

C'est au tour de la BCE de se prononcer sur ses taux à 14h15. Aux Etats-Unis, les ventes de détail (14h30), les indices de la Fed de Philadelphie et Empire Manufacturing seront publiés à 14h30, en même temps que les données hebdomadaires sur le chômage. La production industrielle (15h15) et les stocks des entreprises (16h00) suivront. Tout l'agenda ici.

L'euro remonte à 1,0812 USD. L'once d'or s'échange 1934 USD. Le pétrole perd à nouveau du terrain, avec un Brent de Mer du Nord à 72,97 USD le baril et un brut léger américain WTI à 68,24 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans s'établit à 3,83%. Le bitcoin chute à 25 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aena : Société Générale reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 171 à 175 EUR.
  • Aéroports de Paris : Société Générale reprend le suivi à conserver en visant 144 EUR
  • ArgenX : Société Générale démarre le suivi à la vente en visant 223 EUR.
  • Ashtead : Deutsche Bank reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 4460 à 5100 GBp.
  • Atlas Copco : Bernstein reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 124 à 141 SEK.
  • Bachem : Baader Helvea passe d'accumuler à alléger en visant 86 CHF.
  • British American Tobacco : Société Générale reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 3980 à 3690 GBp.
  • Colruyt : Barclays passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 30 EUR.
  • Dassault Aviation : Société Générale reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 204 à 207 EUR.
  • Dassault Systèmes : Société Générale reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 46 à 48 EUR.
  • Diageo : Goldman Sachs passe d'acheter à neutre en visant 3700 GBp.
  • Emmi : Julius Bär reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 840 à 845 CHF.
  • Hennes & Mauritz : Bernstein démarre le suivi à sousperformance en visant 110 SEK.
  • Inditex : Bernstein démarre le suivi à surperformance en visant 38
  • Kering : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 594 à 587 EUR.
  • Leg Immobilien : Société Générale reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 84 à 80 EUR.
  • Lonza : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 680 à 650 CHF.
  • LVMH : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 989 à 915 EUR.
  • Orsted : SEB reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 820 à 830 DKK.
  • Prodways : Portzamparc reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 2,70 à 2,30 EUR.
  • SGS : Société Générale reste à vendre avec un objectif de cours réduit de 76 à 75 CHF.
  • Telenor : Carnegie reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 145 à 144 NOK.
  • Vonovia : Société Générale reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 28,50 à 27,50 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Saint-Gobain rachète HCBI pour se renforcer dans la plaque ciment en Malaisie.
  • Engie veut déployer 12 000 points de charge à l'horizon 2025.
  • Renault met en oeuvre un programme de rachat d'actions.
  • La République du Congo ne reconnaît pas la vente de la filiale de Société Générale au Congo au groupe Vista.
  • Casino a reçu confirmation du soutien de Fimalac à l'offre de Daniel Kretinsky.
  • Moody's abaisse la note de crédit d'Eutelsat SA de "Baa3" à "Ba1".
  • Ipsen annonce l'acceptation par la FDA de la demande d'indication supplémentaire pour Onivyde en première ligne d'un adénocarcinome canalaire pancréatique métastatique.
  • Nexity s'allie à Top Hat pour la construction modulaire hors site.
  • S&P abaisse sa note de crédit pour Elior à "B", perspective négative.
  • Groupe Partouche et Betsson annoncent un partenariat pour le lancement de services de jeux en ligne en Belgique.
  • Prodways revoit en baisse ses prévisions 2023, au niveau des revenus et de la marge.
  • Voltalia signe un contrat avec Comerc Energia au Brésil.
  • Riber progresse dans la qualification de son nouveau système MBE 8000.
  • En référé, le tribunal de commerce a débouté Akkadian de sa demande de report du vote sur la fusion entre Erytech et Pherecydes Pharma. Un expert judiciaire a été nommé pour se prononcer sur la parité de fusion.
  • Forsee Power équipe les triporteurs électriques de l'indien 3ev Industries.
  • Haffner Energy rachète la société Jacquier.
  • Softbank lance une OPA amicale à 0,85 EUR par action Balyo.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Oeneo, Vente-Unique

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Bain Capital veut racheter SoftwareOne pour 18,50 CHF l'action.
  • HSBC accepte des conditions révisées pour la vente de sa banque de détail française à Cerberus.
  • ENI accélère les discussions avec plusieurs investisseurs sur la vente éventuelle d'une participation minoritaire dans son activité d'énergies renouvelables et de distribution Plénitude.
  • Unilever conclut un accord pour acheter la marque américaine de yaourt glacé Yasso.
  • Hugo Boss revoit à la hausse son objectif de ventes pour 2025.
  • Telecom Italia écarte le candidat de Vivendi pour le conseil d'administration.
  • Pour faire face à la baisse de la demande, VAT Group introduit des mesures de chômage partiel.
  • UBS met fin à ses relations avec Odey Asset Management à la suite d'allégations d'inconduite sexuelle.
  • Holcim rachète le guatémaltèque Minerales y Agregados.
  • Informa revoit à la hausse ses prévisions de bénéfice et de chiffre d'affaires annuels.
  • Microsoft engage le groupe PCF pour développer un jeu vidéo dont le nom de code est "Project Maverick".
  • FLSmidth vend ses actifs technologiques de manutention dans le cadre d'un plan de sortie du segment des activités non essentielles.
  • SGS fournira des services d'évaluation de la conformité des produits pour les équipements électriques de basse tension à Oman.
  • Les principales publications du jour : Adobe, Kroger, Jabil, HalmaTout l'agenda ici.

Lectures