Les indices boursiers ont pris le temps de souffler hier, après deux séances de rebond qui leur ont permis d'effacer une partie des pertes accumulées au début du mois. Les replis étaient modestes, avec -0,4% du côté du CAC40 et -0,2% pour le DAX en Europe. Aux Etats-Unis, l'indice large S&P500 a rendu -0,7% et le Nasdaq 100, plus tourné vers les valeurs technologiques, -0,4%. Petite curiosité en Europe, l'Euro Stoxx 50 a gagné 0,2% en clôture, à contrecourant du reste des marchés occidentaux. L'indice a pu jouer les francs-tireurs grâce au néerlandais ASML, qui a rebondi de 8%. Le numéro un mondial des machines de production de semiconducteurs a annoncé des résultats et des prévisions plus élevés que prévu, passant entre les gouttes du ralentissement cyclique de l'industrie et des restrictions imposées par les Etats-Unis à la Chine sur les puces de pointe, dont nous allons reparler un peu plus bas. ASML qui est la société européenne qui pèse le plus dans l'indice (8,1%) devant LVMH (6,4%). Cela illustre le pouvoir d'une grosse capitalisation sur un indice relativement étroit de 50 valeurs.

L'embellie un peu suspecte constatée lundi et mardi sur les indices est donc en train de perdre de la vigueur. En effet, les marchés obligataires ont continué à raconter une histoire légèrement différente. Un peu apathiques au tournant du weekend, ils se sont réveillés hier. Le rendement de la dette américaine à 10 ans est remonté à 4,14%, signe que les investisseurs craignent que la lutte contre l'inflation ne nécessite une politique restrictive plus forte, plus longtemps. Comme le salut ne viendra probablement pas des banques centrales à court terme, les investisseurs se sont tournés vers les résultats des entreprises.

Et de ce point de vue, il y a du bon et du moins bon. Une tête de gondole comme Tesla a déçu hier soir (le titre perdait 6% hors séance), avec des résultats élevés mais des perspectives moins favorables que prévu et des craintes sur les objectifs commerciaux. Il y a des révisions en baisse de prévisions mais aussi des relèvements. Difficile d'y voir clair. Je me suis penché sur quelques transcriptions de conférences de présentation de résultats pour comprendre comment des entreprises, même dans l'industrie, parviennent à relever leurs objectifs alors qu'elles sont touchées par les hausses du prix des intrants et de l'énergie. Et la réponse est assez simple en fait. En premier lieu, elles n'ont pas eu beaucoup de difficultés à répercuter les hausses de prix sur leurs clients, mais je ne vous apprends rien. Ensuite, certains sont couverts. Le suédois Sandvik explique par exemple être couvert par des produits financiers pour l'année en cours et une partie de la suivante, tout en concédant que ce sera plus compliqué l'hiver suivant si la fièvre des prix se maintient. Un grand équipementier automobile explique pour sa part que les constructeurs étaient d'abord réticents à accepter la répercussion des coûts, mais qu'ils ont bien compris qu'il n'avaient pas le choix au risque de détruire leur base de fournisseurs.

Quand je disais que l'explication est assez simple, c'est parce que dans tous les cas, c'est le client final qui paie. Vous. Moi. Parce que pour l'instant, le consommateur n'a pas totalement lâché. On craignait que ce soit le cas au second trimestre 2022, mais cela ne s'est pas produit. Il est encore un peu tôt pour tirer des enseignements sur le troisième trimestre, mais les premiers chiffres montrent qu'il y a encore du répondant. Malgré tout, il risque d'y avoir un peu plus de trous dans la raquette parce que les indicateurs de confiance se dégradent, ce qui signifie que la tolérance du consommateur se réduit, ce qui devrait aboutir selon toute vraisemblance à une vigilance accrue sur les dépenses. La base de connaissance sur ce point va se renforcer aujourd'hui avec du beau monde, notamment Hermès, ABB, Nokia, Ericsson ou Pernod Ricard dès ce matin en Europe. Beaucoup de valeurs moyennes aussi, comme vous pouvez le constater un peu plus bas. Et aussi Danaher, Philip Morris, AT&T ou Blackstone aux Etats-Unis. Hier donc, Tesla et Alcoa (aluminium) ont déçu, mais International Business Machines a rassuré.

Le volet politique et macroéconomique est étoffé aujourd'hui. Les dirigeants européens se réunissent à nouveau pour essayer de s'entendre sur la façon de faire baisser les prix de l'énergie. Et même si le président du Conseil européen Charles Michel a martelé que "La division est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre", la cacophonie règne encore. So European, diraient les Britanniques, même s'ils sont eux-mêmes confrontés à une nouvelle crise de l'exécutif qui ferait passer la scène politique italienne pour un havre de paix. Liz Truss a décidé de faire front, en dépit des boulets rouges tirés de son propre camp. Sur le marché des changes, le dollar flirte avec le cap symbolique des 150 yens depuis quelques heures. Enfin, ça bouge pas mal en Chine. Alors que le 20e Congrès du parti communiste se poursuit, les autorités auraient provoqué des discussions en urgence pour organiser la riposte à la décision de Washington de limiter encore davantage l'accès aux technologies de semiconducteurs américaines. Mais ce qui fait vibrer le marché ce matin, ce sont surtout les rumeurs selon lesquelles la Chine envisagerait de réduire les restrictions sanitaires de libre-circulation des personnes à l'intérieur de ses frontières. Ça spécule donc sur un allègement de la politique zéro-covid, qui pourrait aider à relancer la croissance du pays, donc à donner un coup de pouce à la dynamique mondiale.

La rumeur a contribué à rapatrier les indicateurs avancés européens et américains non loin de l'équilibre ce matin, et à réduire les pertes des indices chinois. Auparavant le Hang Seng avait touché un plancher vieux de 13 ans. Il a réduit ses pertes à 1% environ depuis. Les autres marchés d'Asie Pacifique ont réduit leurs pertes à 0,8% au Japon ou 1% en Australie. Le CAC40 gagnait 0,2% à 6053 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

On démarre avec les prix à la production allemands (8h00), puis on continue aux Etats-Unis avec les nouvelles demandes d'allocations chômage hebdomadaires et l'indice Philly Fed (14h30), suivis des ventes dans l'immobilier ancien et l'indice des indicateurs avancés (16h00). Tout l'agenda macro ici.

L'euro a reperdu du terrain à 0,9758 USD. L'once d'or recule aussi à 1625 USD. Le pétrole a rebondi hier, avec un Brent de Mer du Nord à 92,21 USD le baril et un brut léger américain WTI à 84,73 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans se tend à 4,14%. Le bitcoin revient sur les 19 000 USD l'unité.

Les principaux changements de recommandations

  • ASML : Deutsche Bank passe de conserver à acheter en visant 550 EUR.
  • Bouygues : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 38 à 33 EUR.
  • Brunello Cucinelli : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 62 EUR.
  • Fluidra : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 13,85 EUR.
  • Getinge : Nordea passe de conserver à acheter en visant 260 SEK.
  • Mapfre : Berenberg démarre le suivi à conserver en visant 1,73 EUR.
  • Moneysupermarket : Liberum passe de conserver à acheter en visant 215 GBp.
  • Motork : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 9 à 2,70 EUR.
  • Nestlé : Bank of America reste à l'achat avec un objectif réduit de 142 à 135 CHF.
  • Publicis : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours relevé de 61,90 à 64,30 EUR.
  • Kinnevik : Nordea passe de vendre à neutre.
  • Roche : Julius Bär reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 360 à 362 EUR.
  • Royal Unibrew : Citigroup passe d'acheter à vendre en visant 400 DKK.
  • Saipem : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 1 EUR.
  • Sartorius Stedim Biotech : Intron Health passe d'acheter à vendre en visant 200 EUR.
  • Vicat : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif réduit de 47 à 41,90 EUR.
  • Zur Rose : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 26 CHF.

En France

Résultats des entreprises

  • Edenred : Le groupe revoit en hausse ses prévisions après le T3.
  • Fnac Darty : Les revenus du T3 sont en légère baisse. Les objectifs de moyen terme sont réitérés.
  • Klépierre : La foncière confirme son objectif de cash-flow net courant d'au moins 2,45 EUR par action pour 2022.
  • Pernod Ricard : Le groupe vise une croissance "dynamique" en 2022-2023 après un T1 fiscal plutôt bon.
  • Hermès International : Le groupe affiche un chiffre d'affaires en hausse de 24,3% au T3 avec le rebond des ventes en Chine.
  • Technip Energies : Les bénéfices du T3 sont en vive hausse. Les objectifs sont confirmés, hors projet Artic LNG 2.
  • Verallia : Le groupe rehausse son objectif d'Ebitda ajusté annuel.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des entreprises

  • AB Volvo : Les résultats du T3 sont inférieurs aux attentes du consensus Bloomberg. Les prévisions sont toutefois confirmées.
  • ABB : Le bénéfice d'exploitation est meilleur que prévu par le consensus AWP au troisième trimestre.
  • Alcoa : Les résultats du producteur américain d'aluminium déçoivent. Le titre perd 8% hors séance.
  • BE Semiconductor : Le groupe prévoit une baisse de ses revenus au quatrième trimestre.
  • Deutsche Börse : L'opérateur boursier relève ses perspectives pour l'exercice 2022 après de bons résultats au T3.
  • Ericsson : Le résultat opérationnel du T3 est inférieur aux attentes.
  • International Business Machines : Les résultats trimestriels sont bien accueillis, avec une action qui gagne près de 3% hors séance.
  • Nokia : Le chiffre d'affaires du T3 est plus élevé que prévu.
  • Tesla : L'accueil est plus que tiède pour les trimestriels, avec une action qui perd 6% hors séance.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Saipem obtient un contrat géant de 4,5 Mds$ de Qatargas pour deux complexes de compression offshores.
  • Altria va recevoir environ 2,7 Mds$ de Philip Morris International en échange de la cession des droits exclusifs de commercialisation aux États-Unis du système IQOS. Par ailleurs, Philip Morris a relevé son offre sur Swedish Match à 116 SEK par action.
  • EQT serait sur les rangs pour le rachat des 45% détenus par Brookfield dans TDF, selon Reuters.
  • Elon Musk montre qu'il sait manier l'oxymore en se réjouissant du potentiel de Twitter mais en estimant qu'il paie trop cher son nouveau jouet. Sale gosse.
  • AT&T serait en pourparlers avec des investisseurs pour le déploiement de la fibre optique, selon Bloomberg.
  • La banque australienne Medibank a été contactée par des pirates informatiques après un hack la semaine dernière.
  • Principales publications du jour : Danaher, L'Oréal, Hermès, Philip Morris, AT&T, Blackstone, Kering, ABB, Pernod Ricard, AB Volvo, Nokia... Tout l'agenda ici.

Lectures