WASHINGTON (Reuters) - Joe Biden prononce mardi soir devant le Congrès un discours sur l'état de l'Union, rendez-vous annuel de la politique américaine à l'occasion duquel le président démocrate va faire face aux élus républicains mettant en doute sa légitimité, tandis que la population est préoccupée par la direction que prend le pays.

Cette prise de parole, la première de Joe Biden lors d'une session plénière du Congrès depuis que les républicains ont pris le contrôle de la Chambre des représentants en janvier à la faveur des "midterms" de novembre dernier, devrait aussi permettre au locataire de la Maison blanche de jeter les bases de sa campagne en vue d'une réélection l'an prochain.

Il est attendu que Joe Biden explique les moyens mis en oeuvre pour dynamiser l'économie américaine post-pandémie de COVID-19, souligne les plans d'investissements massifs dans les infrastructures du pays et les mesures adoptées l'an dernier pour lutter contre l'inflation.

Si la cote de popularité de Joe Biden a progressé d'un point de pourcentage, à 41% d'opinion favorable, selon un sondage Reuters/Ipsos conclu dimanche, cela constitue presque un plus bas depuis son arrivée à la Maison blanche en janvier 2021.

Ainsi, 65% des Américains interrogés ont dit penser que le pays se trouvait sur la mauvaise voix, contre 58% un an plus tôt.

Le président démocrate va exhorter le Congrès à aller plus loin dans les "succès bipartites historiques" obtenus l'an dernier sur un "programme d'unité" centré notamment sur les progrès de la recherche scientifique, le soutien aux vétérans de l'armée et la lutte contre "l'épidémie des opiacés", a indiqué la Maison blanche.

Durant ce discours en "prime time" (02h00 GMT mercredi), Joe Biden va évoquer des réformes sur un éventail de sujets, notamment la police, une question revenue une nouvelle fois au centre des débats avec la mort le mois dernier de Tyre Nichols à la suite d'une intervention violente d'officiers de police.

La mère et le beau-père de Tyre Nichols ont été invités à assister au discours par la Première dame, Jill Biden.

LISTE DE SOUHAITS

Joe Biden va pousser le Congrès pour qu'il renforce les restrictions sur les ventes d'armes, a fait savoir la Maison blanche. Il va aussi présenter une liste de souhaits en matière économique - comme un seuil d'imposition plancher pour les millionnaires -, dont bon nombre ne devraient pas se transformer en textes de loi, a indiqué la présidence américaine.

S'agissant de la politique étrangère, Joe Biden devrait mettre en avant le rôle de Washington dans la réponse apportée par les Occidentaux à l'offensive de la Russie en Ukraine, mais aussi les tensions avec la Chine, illustrées récemment par la présence d'un ballon espion au-dessus du territoire américain.

Des conseillers de Joe Biden présentent le discours, qui devrait être visionné en direct par des millions de personnes, comme un virage pour sa seconde campagne électorale, qu'il devrait officiellement lancer dans les prochaines semaines.

Âgé de 80 ans, Joe Biden aurait 82 ans à l'entame d'un éventuel second mandat présidentiel, une donnée qui inquiète de nombreux électeurs démocrates, selon des récents sondages.

Mardi soir, le président démocrate aura face à lui des élus républicains enhardis et désireux de passer au fer conservateur les projets de loi, après quatre années de contrôle démocrate de la Chambre des représentants, en dépit de divisions internes.

Le chef de la majorité républicaine à la Chambre, Kevin McCarthy, qui prendra place pour la première fois derrière Joe Biden sur l'estrade, est en conflit avec le président démocrate sur la question du plafond de la dette américaine, laquelle doit être relevée dans les prochains mois pour éviter un défaut.

Certains élus républicains mettent par ailleurs en doute la victoire électorale de Joe Biden en 2020 et ont exprimé leur intention d'enquêter sur les agissements de son administration et de sa famille.

(Reportage Trevor Hunnicutt et Jeff Mason, avec Andrea Shalal et Nandita Bose; version française Jean Terzian)

par Trevor Hunnicutt, Jeff Mason et Andrea Shalal