WASHINGTON (Reuters) - Il faudra encore un certain temps avant que l'économie des Etats-Unis soit suffisamment rétablie pour permettre à la Réserve fédérale de réduire ses achats mensuels d'actifs, a déclaré mercredi le vice-président de la banque centrale américaine.

La double surprise d'un ralentissement du rebond de l'emploi aux Etats-Unis et d'une accélération plus franche qu'attendu de l'inflation dans la première économie du monde ne modifie pas l'agenda de la Fed, a dit Richard Clarida lors d'un symposium en ligne organisé par la National Association of Business Economics.

"Les perspectives de court terme pour le marché du travail apparaissent plus incertaines que celles pour l'activité économique", a-t-il dit.

La Fed a fait du retour au plein emploi sa priorité et fait savoir qu'elle autoriserait l'inflation à dépasser temporairement sa cible afin de le faciliter.

Le rapport mensuel publié vendredi dernier a montré un ralentissement de la croissance du marché du travail, un manque de main-d'oeuvre limitant les embauches dont les entreprises ont besoin pour faire face une forte demande sur fond de redémarrage économique vigoureux.

"Ce que le nécessaire rééquilibrage entre l'offre et la demande sur le marché du travail signifie pour la dynamique des salaires et des prix dépendra de manière importante du rythme de la reprise de la participation de la population active mais également de l'étendue et de la durée du déséquilibre post-pandémique entre l'offre et la demande d'emploi dans des secteurs spécifiques de l'économie", a dit Richard Clarida.

Au rythme actuel des créations d'emploi, il faudrait attendre août 2022 pour que le marché du travail aux Etats-Unis renoue avec ses niveaux d'avant la crise sanitaire, a-t-il ajouté.

L'ÉCONOMIE "TRÈS ÉLOIGNÉE" DES OBJECTIFS DE LA FED

"Nous nous engageons à utiliser toute la gamme de nos outils pour soutenir l'économie aussi longtemps qu'il sera nécessaire pour que le travail soit fait et bien fait", a-t-il dit.

Il faudra encore "un certain temps" avant que le retour au plein emploi permette à la Fed de considérer de réduire ses achats d'obligations, actuellement de 120 milliards de dollars (près de 99 milliards d'euros) par mois, selon lui.

Le vice-président de la Fed s'exprimait juste après la publication des chiffres mensuels de l'inflation aux Etats-Unis, qui montrent qu'elle a accéléré à 4,2% sur un an le mois dernier.

Ces chiffres renforcent la crainte sur les marchés financiers d'un emballement des prix qui contraindrait la banque centrale à resserrer prématurément sa politique.

Les responsables de la Fed ne cessent pourtant de rappeler qu'un retrait progressif ("tapering") du soutien apporté aux marchés par ses achats d'actifs n'est pas d'actualité, ce qu'a encore dit mercredi Richard Clarida.

Les pressions sur l'inflation de base sont temporaires, a-t-il dit avant de prévoir que les prix augmenteraient encore quelque peu avant de s'apaiser plus tard dans l'année.

"Sans négliger le flux récent de données macroéconomiques encourageantes, l'économie demeure très éloignée de nos objectifs", a-t-il dit.

(Howard Schneider, version française Patrick Vignal, édité par Jean-Michel Bélot)

par Howard Schneider et Ann Saphir