Intercontinental Exchange (ICE) a introduit Euronext en Bourse le 20 juin, à un prix de 20 euros par action valorisant alors la société à 1,4 milliard d'euros.

"C'est un bilan très positif. ICE attachait certes une importance au prix mais il souhaitait surtout se désinvestir à 100% dans un laps de temps donné. C'est ce qui a été fait", a déclaré Dominique Cerutti en marge des rencontres économiques d'Aix-en-Provence.

L'action se négocie toutefois en dessous de son prix d'introduction, la valeur ayant clôturé vendredi soir à 19,10 euros.

UBS a notamment entamé sa couverture du titre fin juin avec une recommandation à "vendre" et un objectif de cours de 17 euros, le broker jugeant le dossier "cher" pour s'exposer aux marchés actions et estimant qu'il y a plus de valeur "ailleurs".

"Il y a eu un seul rapport d'analyste qui a été fait en dehors des banques syndicales, qui ne nous a pas parlé et qui n'a pas pu comprendre notre stratégie. C'est une position que l'on juge assez dur mais on doit attendre la fin de notre période de 'black out' qui se terminera le 7 août pour pouvoir s'expliquer", a souligné le directeur général d'Euronext.

ATTENTIF ET CONFIANT

"Nous sommes attentifs, mais nous sommes extrêmement confiants sur notre capacité à dégager de la valeur dans les trois ans qui viennent", a-t-il assuré.

Lors de la présentation des modalités de son IPO, l'opérateur boursier a présenté sa stratégie destinée à dégager un taux de croissance annuel moyen du chiffre d'affaires à moyen et long terme d'environ 5% et une marge de résultat avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (Ebitda) à moyen et long terme d'environ 45%, contre 42% actuellement.

"Ces objectifs sont pour 2016", a précisé l'ancien directeur général d'IBM Europe.

"Nous voulons repositionner Euronext comme un centre leader de la levée de fonds en Europe (...) Nous voulons profiter du nouveau cycle économique, où les marchés financiers doivent financer l'économie comme les banques ou le private equity", a-t-il précisé.

Les fonds levés par les introductions en Bourse sur Euronext ont atteint 6,5 milliards d'euros au premier semestre, contre 3,1 milliards d'euros mobilisés par ces opérations durant l'ensemble de l'année 2013.

Selon les chiffres compilés par PWC, le London Stock Exchange a enregistré pour 14,4 milliards d'euros de levées de fonds à travers des introductions en Bourse en 2013 et Deutsche Börse 2,4 milliards d'euros.

ACTIVITÉS SOUS-EXPLOITÉES

Les activités d'Euronext ont été sous-exploitées dans NYSE Euronext, a estimé Dominique Cerutti précisant que l'opérateur allait continuer à recruter et investir pour Enternext, sa filiale dédiée à la promotion et au développement de ses marchés boursiers propres aux PME‐ETI.

"On veut continuer à développer les IBO (Initial Bond Offering) (...) Il faut convaincre certains sell-side pour que BondMatch - son marché obligataire lancé à l'été 2011 - décolle", a dit le dirigeant.

"On va développer les dérivés sur les commodities et les dérivés actions en bénéficiant de l'accord avec Clearnet", a-t-il ajouté.

Interrogé sur l'attractivité de la place de Paris, le dirigeant a estimé que des progrès étaient à faire.

"On ne peut pas abdiquer, abandonner aux Anglo-Saxons la définition des marchés financiers. C'est un problème de souveraineté financière de l'économie qui se pose", a-t-il relevé.

(Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Jean-Michel Bélot)

par Alexandre Boksenbaum-Granier