Je vais me concentrer sur la Grèce, mais tout d'abord je voudrais dire un mot pour complémenter les remarques de Valdis sur l'approfondissement de notre union économique et monétaire. L'Eurogroupe de demain devra faire avancer les discussions sur ce sujet essentiel, en vue du Conseil Européen de la semaine prochaine. Car ce sommet sera un des derniers moments utiles pour prendre les décisions nécessaires afin de renforcer l'UEM avant que la campagne pour les élections européennes commence cet automne. Il y avait une fenêtre d'opportunité, nous sommes dans les 15 derniers jours.

Je pense que l'accord conclu hier entre le Président de la République française Emmanuel Macron et la Chancelière allemande Angela Merkel représente une étape politique cruciale vers un accord. Car l'expérience enseigne que s'il est vrai qu'une entente entre la France et l'Allemagne n'est pas suffisante pour un accord final à 27, il est vrai aussi qu'un accord final sans une telle entente est impensable. Et au fond, la leçon de l'histoire, c'est que la condition sine qua non c'est que Paris, Berlin et Bruxelles avancent ensemble.

Sur le fond, sans commenter en détail les différentes propositions annoncées, permettez-moi de dire que je me réjouis que la France et l'Allemagne s'entendent sur la nécessité d'un budget de la zone euro, consacré à la stabilisation et à la convergence. Le langage n'est pas encore totalement stabilisé. Les propositions de la Commission sont là pour offrir des solutions mais ce qui compte c'est la volonté politique. Elle est claire et c'est une avancée majeure pour la stabilité et la solidarité au sein de la zone euro. C'est une thématique que j'ai défendue depuis le début de mon mandat, et bien avant, car je suis convaincu depuis très longtemps que nous ne pouvons pas prendre le risque d'une zone euro à deux vitesses qui est tout simplement économiquement absurde et politiquement dangereuse.

En tant que Commissaire européen, je ne peux que me réjouir de vous aussi reconnu la méthode communautaire, à la fois pour les développements futurs du Mécanisme européen de stabilité et pour le futur budget de la zone euro. Car, la méthode communautaire est à ce jour le meilleur système pour garantir à la fois le poids de tous les Etats - grands et petits - , la transparence et le contrôle démocratique. Il faut qu'il y ait là une parole d'intérêt général au cœur du système.

Les propositions de Paris et de Berlin me semblent d'ailleurs reprendre de nombreuses caractéristiques des outils que la Commission a mises sur la table fin mai, notamment la fonction de stabilisation pour la zone euro. Bref, une contribution détaillée et utile est née hier pour une discussion qui reste compliquée, mais sur laquelle il est primordial que nous arrivions à un accord suffisamment ambitieux et crédible.

L'Eurogroupe de demain constituera une étape décisive du long processus de redressement économique de la Grèce. Après huit années d'assistance financière - qui sont autant de douloureux sacrifices pour le peuple grec - l'Eurogroupe devra prendre, je dis devra mais je suis persuadé qu'il prendra, les mesures nécessaires pour permettre à ce pays de conclure positivement le programme. Ce qui veut dire, pouvoir de nouveau se financer seul, attirer les investissements, faire reculer le chômage de manière significative - bref, ouvrir un nouveau chapitre. Il y a ce paradoxe qu'on observe toujours, qu'on parle peu du moment où on a des réussites alors qu'on a dépensé tant d'énergie aux moments des crises. L'étape de demain est une étape historique pour la zone euro, c'est celle où nous fermons définitevement la page de cette crise et aussi de la crise économique avec ses impacts politiques que nous connaissons.

Quelques chiffres, rapidement : en 8 ans, la Grèce a bénéficié de 273,7 milliards d'euros d'assistance, dont 241,6 milliards déboursés par les Etats membres de la zone euro. A ceux qui pensent que cela était l'austérité sans contrepartie, je pense que ces chiffres viennent rappeler une réalité.

En contrepartie de ces prêts, la Grèce a mis en œuvre une vague de réformes sans précédent dans un Etat-membre de l'Union européenne.

Ces réformes ont été souvent très difficiles, nous le savons tous. Mais aujourd'hui, elles commencent à porter leurs fruits. Il faudra un jour faire l'inventaire de ce qui a était fait, pas fait, bien fait et mal fait, la perfection n'est pas de ce monde.

Mais aujourd'hui ces réformes portent leur fruit. Ça représente plus de 450 réformes ces trois dernières années qui ont eu pour effet d'assainir ses finances publiques, de restaurer la stabilité financière, de moderniser l'Etat et l'administration fiscale, il y a encore des progrès à faire, de développer un filet de sécurité social ou encore de refonder complètement le système des retraites. Aujourd'hui la Grèce collecte enfin mieux l'impôt et la TVA, elle dispose, c'est historique, d'un cadastre couvrant 1/3 des propriétés, et d'un système social à la fois mieux financé et plus redistributif. Je pourrais multiplier les exemples, car ce sont autant de réformes qui étaient indispensables en vérité.

Les résultats économiques sont là : après des années de récession et puis de stagnation, en 2017 la Grèce a enregistré une croissance positive de 1,4%. Et nos prévisions sont encourageantes : 1,9% en 2018, 2,3% en 2019.

Il en va de même pour les finances publiques. En 2009, il faut se rappeler du point de départ, la Grèce présentait le déficit budgétaire le plus élevé d'Europe -15,1%, elle enregistre désormais un excédent budgétaire de 0,8% (soit un excédent primaire de 4,2 % en 2017). Là aussi, une transformation inédite.

So Greece has come a very long way. Have all of the country's problems been solved? Of course not. And we know that efforts will have to be pursued for years and years. A fifth of the workforce are still without a job. Poverty and economic insecurity remain rife. But today, all of the indicators are moving in the right direction and we can clearly say the economy is starting to be back on track.

It is therefore time for Greece to stand on its own feet.

Greece has delivered on its commitments and I am confident that tomorrow euro area Member States will deliver on theirs, by agreeing a balanced compromise that can send a positive signal both to markets and to public opinion.

That compromise must include a substantial final disbursement from the ESM and a credible set of upfront measures to meaningfully lighten Greece's debt burden, which must be put on a sustainable path. This means concretely that nobody should lose money of course. But we should collectively find a way to alleviate the debt, either by extending the maturities of existing loans, and that's the upfront measure, or by buying back the most expensive ones.

In parallel with the EU institutions, the IMF will of course do its own debt sustainability assessment, which will be key for market operators. IMF will be of course present in the future, maybe differently but very strongly.

The end of the programme needs to mark a tangible change for Greece, a moment of normalisation for the country.

As of 20 August, the legal end of the programme, Greece will enter our normal economic surveillance. The Commission will assess its draft budgetary plan in the autumn like for any other euro area country, and prepare country specific recommendations next spring like for any other EU country.

At the same time, we are conscious, and that's the last bulding block of the agreement tomorrow, that we need to have a closer monitoring of the programme left-overs, notably the reforms to be concluded after August 2018 and we know that we need to have a long lasting effort there and I think also of the debt development. With this in mind, the Commission has proposed to use a framework known as 'enhanced surveillance', foreseen in the 2-Pack legislation. It needs to be put in place to reassure creditors and investors that Greece will continue to stick to the agreed fiscal targets and will continue to implement the commitments agreed during the programme.

The Commission will play its part in supporting and monitoring Greece's efforts to ensure completion, continuity and delivery, and to help ensure that this new chapter for Greece is a genuine European success story. Je n'ai pas l'habitude de citer les propos du Collège mais je veux quand même dire ici que le Président Juncker a souligné à quel point le rôle de cette Commission avait été décisif. Je pense que dans un univers où tout le monde ne fait pas les bons compliments, il faut parfois savoir se les faire soi-même mais les Grecs savent qui a été à leurs côtés et la Commission Juncker l'a été du début jusqu'à aujourd'hui.

La Sté European Commission a publié ce contenu, le 20 juin 2018, et est seule responsable des informations qui y sont renfermées.
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