L'agonie d'Evergrande prendra-t-elle fin dans un bain de sang ou dans une relative indifférence ? Cette question majuscule du début de la semaine a été balayée mercredi et jeudi par la perspective de voir le promoteur immobilier chinois honorer une échéance de dette. Mais elle revient aujourd'hui sur le devant de la scène depuis que Pékin, dit-on, avertit ses relais régionaux de se préparer à la faillite du groupe. Jusqu'où Xi Jinping est-il prêt à aller pour tordre le bras du secteur immobilier ? Lui seul le sait. Vue l'épaisseur de la dette d'Evergrande, on peut redouter une bonne accumulation de tragicomédies médiatiques avant chaque traite à payer. A moins que la légendaire capacité des investisseurs à s'habituer à tout ne finisse par prendre le dessus… En tout cas les institutions financières occidentales exposées au groupe organisent discrètement l'exfiltration de leurs positions pour éviter d'être associées à la débandade.

Ces mêmes investisseurs qui réagissent parfois avec un curieux décalage. Les déclarations de la Fed, mercredi soir, étaient à peu près aussi lisses que prévu en surface, mais contenaient quand même pas mal de nouveautés au niveau des trajectoires d'inflation, de croissance et de taux à moyen terme. Dit autrement, la Réserve Fédérale a dépeint un horizon plus restrictif au niveau monétaire, qui aurait dû faire réagir le marché obligataire. Mais il faut bien reconnaître que sur les marchés, la corrélation entre actifs fonctionne très bien jusqu'à ce qu'elle ne fonctionne plus, comme le soulignent régulièrement quelques financiers taquins. Cette fois, ils auront peut-être eu tort : il aura fallu quelques heures pour que les taux s'agitent. La dette à 10 ans des Etats-Unis est passée de 1,30% à 1,44%, tandis que la rémunération du Bund remontait à -0,26%, contre -0,32% la veille. Une réaction qui semble plutôt normale au regard des perspectives annoncées. Nous n'en sommes pas encore au stade où les investisseurs s'épouvantent des variations des rendements obligataires, mais il fallait souligner ce frémissement.

Maintenant que le marché a commencé à intégrer les ajustements opérés par la Fed, il va vouloir en savoir plus. Les banquiers centraux américains leur fourniront des créneaux dès aujourd'hui puisque plusieurs d'entre eux participent à des conférences d'automne. Notamment le chef des "colombes" Jerome Powell (16h00) et les plus austères Esther George et Raphael Bostic, un peu plus tard dans l'après-midi.

La Réserve Fédérale qui a publié hier des statistiques ahurissantes sur la richesse des ménages américains. Laquelle a progressé de 32 200 milliards de dollars par rapport au point bas de la pandémie en mars 2020, pour atteindre 159 300 Mds$ à la fin du mois de juin dernier. Les conséquences du coronavirus réservent décidément bien des surprises. Une hausse qui s'appuie essentiellement sur les actifs financiers (+21%) mais aussi sur les autres actifs comme l'immobilier et les biens personnels dont les véhicules, les bijoux ou les équipements de la maison. "Il ne fait aucun doute que la majorité des augmentations de richesse auront été enregistrées par les ménages à revenu élevé et déjà riches, car ils auront été fortement investis dans les classes d'actifs gagnantes", explique l'économiste en chef d'ING James Knightley, qui pense aussi que ces ménages aisés n'ont pas dépensé leur argent en divertissements comme ils le font d'habitude, si bien que leur "épargne non planifiée" a enflé. Mais cette manne ne demande qu'à être dépensée, ce qui rend l'économiste confiant sur les perspectives de consommation aux Etats-Unis, d'autant que les ménages plus modestes ont aussi profité de cette force de traction. L'autre vertu positive de cet accroissement de richesse est que le "bilan" des ménages américains n'a jamais été aussi solide, puisque leurs actifs ont augmenté et que leurs dettes ont décru (les détails du commentaire son ici). Ce sont des éléments extrêmement rassurants sur les capacités de l'économie américaine.

La séance du jour sera dominée par les interventions de banquiers centraux précitées et par les chiffres de l'immobilier neuf aux Etats-Unis. Attention toutefois au secteur automobile avec un avertissement sur les objectifs d'Hella, au lendemain de celui de Faurecia. Ceci dit le titre l'équipementier français a bondi en séance, en mode "youpi, j'ai averti". Il paraît que c'est parce que les analystes s'attendaient à une révision plus sévère des prévisions, compte tenu des pénuries en cours. Il est vrai qu'il s'agit d'un problème d'offre et pas de demande, ce qui est un moindre mal. Mais on connaît le truisme selon lequel quand l'industrie automobile tousse, la croissance européenne s'enrhume. C'est à surveiller à l'approche des résultats du 3e trimestre.

Les indicateurs avancés sont légèrement baissiers en Europe ce matin. La fin de semaine est en revanche très positive pour la bourse de Tokyo, dont le parcours aura été entrecoupé de jours fériés. L'Australie et Hong Kong évoluent en légère baisse à l'heure où ces lignes sont écrites, tandis que la Chine continentale est en progression mesurée.

Les temps forts économiques du jour

L'indice Ifo, publié à 10h00, est une mesure de la confiance des milieux d'affaires allemands pour le mois de septembre. A 16h00, ce sont les chiffres de l'immobilier neuf aux Etats-Unis qui sont en vue.

L'euro est remonté à 1,1741 USD. L'once d'or se négocie 1752 USD. Le pétrole est stable après avoir franchi une nouvelle marche, à 77 USD le baril de Brent et à 73,30 USD le baril WTI. Le rendement de la dette américaine à 10 ans a décollé à 1,44% hier, tandis que le Bund s'affiche à -0,26%. Le bitcoin recule sur les 44 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • AB Volvo : Stifel passe d'acheter à conserver en visant 210 SEK.
  • Bachem : Vontobel relève son objectif de cours de 690 à 783 CHF.
  • Centamin : BMO passe de performance de marché à surperformance en visant 140 GBp.
  • Compagnie Financière Richemont : Oddo BHF passe de sousperformance à neutre en visant 103 CHF.
  • Geberit : Exane BNP Paribas passe de neutre à sousperformance en visant 750 CHF.
  • Judges Scientific : Liberum reste acheteur avec un objectif relevé de 7000 à 7800 GBp.
  • LVMH : Erste passe d'acheter à conserver.
  • Rockwool : Exane BNP Paribas passe de neutre à sousperformance en visant 3150 DKK.
  • Royal Mail : Berenberg reste à conserver avec un objectif réduit de 550 à 530 GBp.
  • TeamViewer: Bankhaus Metzler démarre le suivi à l'achat en visant 35 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • Nike perd 4 % hors séance après des trimestriels décevants.
  • McDonald's relance ses rachats d'actions.
  • Thermo Fisher Scientific met en place un programme de rachat d'actions de 3 Mds$.
  • Ralph Hamers, le directeur général d'UBS Group, a qualifié d'"immatérielle" l'exposition de la banque suisse à la société immobilière chinoise en difficulté Evergrande.
  • British Airways (International Consolidated Airlines) abandonne son projet de créer une compagnie court-courrier à l'aéroport de Gatwick.
  • IAC négocie le rachat de Meredith pour plus de 2,5 Mds$, selon le Wall Street Journal.
  • Dufry se réjouit que l'Espagne allège les loyers aéroportuaires à cause de la pandémie.
  • Après Faurecia, Hella réduit ses prévisions.
  • General Motors va investir 300 M$ dans Momenta, une entreprise de conduite autonome soutenue par SAIC et Tencent.
  • LG Electronics va investir dans la société israélienne de cybersécurité automobile Cybellum.
  • Principales publications de résultats. Carnival, Pharmagest, Mithra

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