LA PAZ, 20 octobre (Reuters) - Le président sortant Evo Morales, qui a mené la Bolivie vers une stabilité politique et une prospérité économique sans précédent depuis son arrivée au pouvoir en 2006, est favori de l'élection présidentielle organisée dimanche mais il pourrait, pour la première fois, devoir composer sans majorité au Congrès.

En défiant les résultats du référendum national de 2016 sur la limitation de la fonction présidentielle à deux mandats, celui qui brigue un quatrième mandat consécutif a provoqué un mouvement de contestation dans le pays et alimenté les accusations de bascule vers l'autoritarisme, que Morales rejette.

"Ce qui est en jeu cette année, au-delà d'un parti politique qui penche à gauche ou à droite, c'est notre démocratie", a déclaré Mariela Arana, une étudiante universitaire de 25 ans qui dit être inquiète qu'Evo Morales ne quitte jamais le pouvoir s'il venait à être réélu.

A la faveur notamment des divisions au sein de l'opposition, les dernières enquêtes d'opinion donnent Morales en tête du scrutin présidentiel avec 30% à 40% des voix - soit son plus faible total après avoir remporté les deux précédentes élections avec plus de 60% des suffrages.

Cela indique qu'il est très probable que son parti, le Mouvement pour le socialisme (MAS), n'obtienne pas la majorité au Congrès, une première, là encore, depuis l'arrivée au pouvoir de Morales en 2006.

Le président sortant serait alors contraint de composer avec des partis d'opposition qui dénoncent en lui un potentiel dictateur.

Il pourrait aussi devoir disputer un second tour, en décembre. Pour être élu au premier tour, un candidat à la présidentielle doit obtenir plus de 40% des suffrages exprimés et avoir au moins dix points d'avance sur son rival le plus proche.

Les huit rivaux de Morales ont, cependant, échoué à exploiter la grogne croissante des 11 millions de Boliviens à l'égard du gouvernement socialiste.

"Il n'y a eu aucune stratégie de la part de l'opposition pour décrocher le vote populaire", a déclaré l'analyste politique Marcelo Arequipa. Les partis d'opposition "auraient pu étendre leurs bases, mais ils ne l'ont pas fait", a-t-il ajouté.

Le principal rival de Morales pour le scrutin présidentiel n'est autre que l'ancien président Carlos Mesa, contraint de démissionner en 2005 suite aux violences meurtrières provoquées par les projets du gouvernement en matière d'exportation de gaz. (Mitra Taj; Jean Terzian pour le service français)