par Idrees Ali et Phil Stewart

WASHINGTON, 27 mars (Reuters) - Le plus haut officier militaire américain et près d'une douzaine de ses homologues devraient condamner samedi l'usage fait de la force par l'armée birmane.

Cette annonce conjointe, que Reuters a pu consulter avant sa publication prévue ce week-end, est une déclaration rare des plus hauts commandants militaires de pays du monde entier, y compris d'Asie et d'Europe.

Elle intervient après que des reportages et des témoins ont déclaré que les forces de sécurité birmanes ont tué 114 personnes samedi, dont des enfants, à l'occasion de la "Journée des forces armées."

"En tant que chefs de la défense, nous condamnons l'utilisation de la force létale contre des personnes non armées par les forces armées birmanes et les services de sécurité associés", peut-on lire dans le projet de déclaration.

Il a été signé par 12 chefs d'état-major de la défense des pays suivants : Australie, Canada, Danemark, Allemagne, Grèce, Italie, Japon, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Corée du Sud, Royaume-Uni et États-Unis.

Les diplomates de ces pays ont déjà condamné les violences commises par l'armée birmane, ce qui en fait une déclaration symbolique. L'armée birmane a jusqu'à présent ignoré les critiques concernant sa violente répression de la contestation.

Le projet de déclaration ne condamne pas explicitement le coup d'État du 1er février, qui a renversé le gouvernement élu d'Aung San Suu Kyi, mais il affirme que l'armée doit respecter les normes internationales de conduite et "est responsable de la protection - et non du préjudice - du peuple qu'elle sert."

Il y est ajouté que l'armée doit "mettre fin à la violence et s'efforcer de rétablir auprès du peuple birman le respect et la crédibilité qu'elle a perdus par ses actions."

L'armée birmane a déclaré avoir pris le pouvoir parce que les élections de novembre remportées par le parti d'Aung San Suu Kyi étaient frauduleuses, une affirmation rejetée par la commission électorale du pays.

Aung San Suu Kyi est toujours détenue dans un lieu tenu secret et de nombreuses autres personnalités de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), sont également en détention.

Les décès survenus samedi, la "Journée annuelle des forces armées", qui commémore le début de la résistance à l'occupation japonaise en 1945, porteraient à plus de 440 le nombre de civils tués depuis le coup d'État.

Cette semaine, de nouvelles sanctions américaines et européennes ont accru la pression extérieure sur la junte. Mais les généraux birmans ont bénéficié d'un certain soutien de la part de la Russie et de la Chine, deux membres du Conseil de sécurité des Nations unies qui détiennent un droit de veto et qui pourraient bloquer toute action éventuelle de l'ONU.

Le vice-ministre russe de la défense, Alexander Fomin, a assisté samedi à un défilé dans la capitale birmane, Naypyitaw, après avoir rencontré les hauts dirigeants de la junte la veille.

Selon des diplomates, huit pays - la Russie, la Chine, l'Inde, le Pakistan, le Bangladesh, le Vietnam, le Laos et la Thaïlande - ont envoyé des représentants à la parade de la "Journée des forces armées", mais la Russie a été la seule à y envoyer un ministre. (version française Camille Raynaud)