par Iain Withers et Lawrence White
PARIS, 6 décembre (Reuters) - Goldman Sachs
prévoit de dépenser des millions de dollars pour acheter ou
investir dans des entreprises liées aux crytomonnaies après la
faillite retentissante de FTX, qui a fait chuter la valorisation
des acteurs du secteur et fait fuir certains investisseurs.
La chute de FTX a mis en lumière la nécessité d'une plus
grande transparence et de davantage de régulation dans
l'industrie des cryptomonnaies, et les grands établissements
comme Goldman Sachs y voient une opportunité de se développer
dans le secteur, a déclaré son responsable des actifs digitaux,
Mathew McDermott, à Reuters.
Goldman Sachs a ouvert des processus de "due diligence" -
qui prévoient un ensemble de vérifications avant une éventuelle
acquisition - sur un certain nombre de sociétés des
cryptomonnaies, a-t-il ajouté, sans fournir plus de détails.
"Nous voyons des opportunités réellement intéressantes, à
des prix beaucoup plus raisonnables", a déclaré Mathew
McDermott.
FTX s'est placé le mois dernier sous la protection de la loi
américaine sur les faillites après des retraits massifs de ses
clients et l'échec d'une tentative de sauvetage par son
concurrent Binance. Sa chute a déclenché une crise de confiance
dans le secteur et des appels à une réglementation accrue.
"Cela a définitivement peser sur le sentiment de marché, il
n'y a absolument aucun doute là-dessus", a estimé Mathew
McDermott. "FTX était un acteur vedette dans de nombreuses
parties de l'écosystème".
"Mais pour me répéter, la technologie sous-jacente continue
d'être performante".
Les banques concurrentes de Goldman Sachs sont toutefois
plus sceptiques sur les perspectives du secteur.
"Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une fin de mode ou d'une
disparition, mais je ne peux pas attribuer [au secteur, ndlr]
une valeur intrinsèque", a déclaré le patron de Morgan Stanley,
James Gorman, lors de l'événement Reuters NEXT du 1er décembre.
De son côté, le dirigeant de HSBC Noel Quinn a
indiqué la semaine dernière lors d'une conférence bancaire à
Londres qu'il ne prévoyait pas de se développer dans le négoce
de cryptomonnaies ou d'investir pour les clients de la banque de
détail.
LES VOLUMES DE NÉGOCE ONT GONFLÉ
Goldman Sachs, en revanche, ne cache pas son intérêt.
Au moment même de la chute de FTX, le dirigeant de la banque
David Solomon déclarait sur CNBC voir des opportunités dans la
technologie sous-jacente aux cryptomonnaies à mesure que ses
infrastructures se formalisent.
La division que dirige Mathew McDermott emploie plus de 70
personnes, dont sept travaillent sur du négoce d'options et de
dérivés de cryptomonnaies.
Goldman Sachs a déjà investi dans 11 sociétés d'actifs
numériques qui fournissent des services tels que la conformité,
les données sur les cryptomonnaies et la gestion de la
"blockchain".
Les répercussions de l'effondrement de FTX ont gonflé les
volumes de négoce de Goldman Sachs, a indiqué Mathew McDermott,
les investisseurs cherchant à traiter avec des contreparties
réglementées et bien capitalisées.
"Ce qui a augmenté, c'est le nombre d'institutions
financières qui veulent faire du négoce avec nous", a-t-il dit.
"Je soupçonne qu'un certain nombre d'entre elles travaillaient
auparavant avec FTX mais je ne peux pas l'affirmer avec une
certitude absolue".
Goldman Sachs voit aussi des opportunités de recrutement
dans les cryptomonnaies et dans l'industrie de la technologie,
qui connaissent actuellement une vague de licenciements.
(Reportage Iain Withers et Lawrence White, Blandine Hénault
pour la version française, édité par Kate Entringer)