* Une cession de l'opérateur télécoms n'est plus taboue-sources

* Les discussions sur la vente d'Activision bloquent sur le prix-sources

* Vivendi a engagé une revue de sa structure et de ses actifs (Actualisé avec précisions supplémentaires)

par Sophie Sassard et Leila Abboud

LONDRES/PARIS, 19 juillet (Reuters) - Vivendi envisage de vendre sa filiale télécoms brésilienne GVT, pourtant l'un des joyaux de son portefeuille d'activités, a-t-on appris jeudi de sources au fait du dossier, une opération qui pourrait aider à redresser le cours de Bourse du conglomérat.

Une telle cession, qui pourrait représenter entre 7 et 8,5 milliards d'euros, tomberait à point nommé alors que les premières tentatives en vue de trouver un acheteur pour l'éditeur de jeux vidéos Activision Blizzard ont rencontré peu de succès au prix demandé, ont indiqué les sources.

"Une vente de GVT n'est plus taboue", a dit l'une d'entre elles.

Bien qu'aucun mandat n'ait été donné à des banques pour rechercher des acheteurs potentiels, la réflexion du conseil d'administration a récemment évolué. GVT, qui fournit de la téléphonie fixe, de l'internet ainsi que de la télévision payante, était jusqu'ici considéré comme une pépite à conserver absolument. Le conseil pourrait désormais envisager de le céder, mais au juste prix.

Le conglomérat a engagé une revue de sa structure réunissant diverses activités de médias et de télécoms et les banques lui font assaut de propositions sur la meilleure stratégie à adopter pour redresser son cours de Bourse, allant de simples désinvestissements à un démantèlement du groupe.

Aux manettes, le président du conseil de surveillance de Vivendi, Jean-René Fourtou, qui se retrouve à nouveau en première ligne après le départ du président du directoire, Jean-Bernard Lévy, sur fond de divergences sur l'avenir du groupe.

Le dirigeant de 72 ans doit faire face à la pression des agences de notation, préoccupées par les 14 milliards d'euros de dette du conglomérat, ainsi qu'aux attentes élevées des actionnaires qui espèrent des changements de taille.

MOTEUR DE CROISSANCE

Vivendi considère aujourd'hui GVT comme un possible candidat à une cession, malgré le fort potentiel de croissance du marché brésilien, car le groupe souhaite réduire son exposition au secteur des télécoms, jugé trop risqué et consommateur de capital par Jean-René Fourtou, ont expliqué deux sources au fait de la stratégie du groupe.

Le groupe avait mis la main sur GVT en 2009 pour 2,9 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros), à la barbe de son concurrent Telefonica, dans le cadre de la stratégie d'expansion dans les marchés émergents de Jean-Bernard Lévy.

Certains actionnaires avaient à l'époque critiqué l'opération, jugeant son prix élevé, mais ils ont depuis appris à apprécier l'opérateur, dont les revenus ont flambé de près de 40% l'an dernier.

Parmi les acheteurs potentiels pourraient figurer Telefonica et Oi, tous les deux opérateurs fixes et mobiles dans le pays, ainsi que Telecom Italia via sa filiale TIM Brasil.

Également présent au Brésil, America Movil, la société du magnat mexicain Carlos Slim, pourrait également se montrer intéressée, mais la transaction pourrait poser des problèmes en matière de concurrence, selon une source bancaire.

"Compte-tenu du potentiel du haut débit (au Brésil), il y a beaucoup de valeur à long terme pour ces gens", explique un banquier spécialiste du secteur des télécoms.

En vendant sa pépite GVT, Vivendi se désengagerait quant à lui de sa seule activité à forte croissance. L'émergence du scénario d'une cession suggère que les efforts du groupe en vue de vendre d'autres actifs se révèlent plus compliqués que prévu.

Sur le dossier Activision Blizzard, Goldman Sachs et Barclays se sont mis en quête pour le compte de Vivendi d'acheteurs pour la participation de 61% du groupe, valorisée à environ 8,3 milliards de dollars.

À l'origine, Vivendi espérait obtenir une prime de 25% ainsi qu'un paiement en numéraire, ont dit plusieurs sources.

DISCUSSIONS SUR ACTIVISION

Le chinois Tencent, le groupe américain de médias Time Warner et les géants Microsoft, Apple et Facebook ont tous été sondés mais aucun n'a été en mesure de répondre aux demandes de Vivendi. Le conglomérat a par la suite revu ses prétentions à la baisse en visant une prime de 12%, a dit l'une des sources.

Une autre option à l'étude consisterait à ce qu'Activision lui-même rachète la participation de Vivendi. L'éditeur de jeux vidéo a engagé JPMorgan et Allen & CO pour le conseiller sur la transaction, qui pourrait l'obliger à lever quelque 5 milliards de dollars de dette ou à trouver un partenaire tel qu'un fonds de capital-investissement.

La direction d'Activision, dont son numéro un Robert Kotick, est favorable à une telle option, n'est pas certaine de pouvoir se permettre d'offrir la prime que Vivendi réclame.

"Vivendi va désormais réfléchir à ses options et prendre une décision dans les mois à venir", a indiqué une source au fait des discussions.

Un porte-parole de Vivendi a déclaré : "Vivendi ne commente jamais les rumeurs infondées sur ses différentes activités et il ne va pas commencer maintenant". Une porte-parole de GVT au Brésil n'a pas souhaité faire de commentaire et Activision n'était pas joignable dans l'immédiat.

Tout en continuant à explorer ces deux pistes, Vivendi pourrait prendre un certain nombre de mesures intérimaires en vue notamment de rassurer les agences de notation, qui ont récemment multiplié les coup de semonce. (voir )

"Vivendi espérait trouver au moins un acheteur pour concurrencer la direction d'Activision et obtenir une prime décente", a dit une autre source.

"Mais cela ne s'est pas produit, donc ils réfléchissent à d'autres options pour lever du cash et maintenir leur note à court terme".

Vivendi pourrait ainsi lancer une émission convertible de 500 millions d'euros ou vendre sur le marché des actions Activision Blizzard ou Maroc Telecom, une autre de ses sociétés cotées, a ajouté la même source.

* Vivendi sonde les appétits pour sa filiale Activision-Sources

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* ENCADRE-Les principaux actifs de Vivendi

* Graphique du poids des activités de Vivendi dans les résultats et les flux de trésorerie du groupe :

http://r.reuters.com/nac29s

* Graphique de la valorisation des activités de Vivendi :

http://r.reuters.com/pac29s (Avec Gwénaëlle Barzic, édité par Natalie Huet)