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par Mirwais Harooni et Samar Zwak

KABOUL, 3 juin (Reuters) - Une série d'explosions ont fait au moins six morts et 87 blessés samedi à Kaboul lors de l'enterrement d'une personne tuée la veille au cours d'affrontements entre forces de l'ordre et manifestants, selon le ministère afghan de l'Intérieur.

L'Hôpital d'Urgence, un établissement sous direction italienne, avait évoqué auparavant un bilan de 19 morts et 16 blessés. Mais il a reconnu par la suite s'être uniquement appuyé sur les informations diffusées par les médias, ajoutant qu'aucune personne décédée n'avait été conduite dans l'établissement. Il a dit traiter 20 blessés.

Des personnes présentes aux funérailles ont dit avoir vu au moins douze morts.

Le chef du gouvernement, Abdullah Abdullah, était présent à l'enterrement, celui du fils du vice-président du Sénat, mais il est indemne, disent ses services.

Une première explosion a retenti au moment où le mollah appelait à la prière, a rapporté un témoin. Les gens se sont enfuis et une seconde déflagration s'est produite.

Personne n'a revendiqué dans l'immédiat la responsabilité de ces explosions, qui sont survenues dans un climat très tendu.

Les rues du centre de Kaboul ont en effet été fermées samedi sur ordre des autorités, soucieuses d'éviter de nouvelles manifestations contre l'impuissance du gouvernement du président Ashraf Ghani à assurer la sécurité de la capitale afghane.

Le samedi est un jour de semaine ordinaire en Afghanistan, mais plusieurs quartiers de la capitale ont été bouclés, avec mise en place de barrages de sécurité et patrouilles de véhicules blindés dans les rues.

Cinq personnes ont trouvé la mort vendredi lors d'affrontements entre forces de l'ordre et manifestants qui s'étaient rassemblés à la suite du carnage de mercredi, quand un attentat au camion piégé a fait plus de 80 morts et 460 blessés.

Les policiers ont tiré en l'air pour disperser la foule.

VICTIMES CIVILES

Ces heurts entre protestataires et forces de l'ordre ont fait aussi 23 blessés et conduit l'envoyé spécial des Nations unies en Afghanistan à lancer un appel au calme.

Les manifestants qui s'étaient massés près du site de l'explosion ont dénoncé la responsabilité du président Ghani et de son chef du gouvernement, Abdullah Abdullah.

"Ghani! Abdullah! Démission! Démission!" proclamait une banderole sur laquelle avaient été apposées les images d'enfants ensanglantés.

Ces troubles ont accentué la pression sur le président Ghani, accusé d'être incapable d'assurer la sécurité dans Kaboul.

Le chef de l'Etat a indirectement répondu en disant sur Twitter que "le pays est attaqué" et que c'était le moment d'être "forts et unis".

Le vice-ministre de l'Intérieur, Murad Ali Murad, a annoncé qu'une enquête judiciaire serait menée sur les violences imputées à des policiers mais aussi à des manifestants, dont certains étaient semble-t-il armés, a-t-il dit.

L'attentat au camion piégé de mercredi est l'un des plus meurtriers survenus dans la capitale afghane depuis l'intervention militaire américaine et le renversement du régime des taliban, fin 2001.

Mais, son bilan mis à part, il s'inscrit dans une longue liste d'attaques dont les civils ont payé le prix fort.

L'année dernière, près de 3.500 civils ont été tués dans ces violences, faisant de 2016 l'année la plus meurtrière pour la population afghane. Au cours du premier trimestre de cette année, le bilan est d'au moins 715 civils tués. (Avec Sayed Hassib et James Mackenzie, Henri-Pierre André et Gilles Trequesser pour le service français)