* Macron attaque le FN sur le terrain idéologique

* Après les sifflets d'Amiens, accueil chaleureux à Sarcelles

* Le candidat d'En Marche ! vendredi à Oradour-sur-Glane

SARCELLES, Val d'Oise, 27 avril (Reuters) - Emmanuel Macron a repris mercredi dans un quartier populaire de Sarcelles (Val d'Oise), en banlieue parisienne, son offensive contre le Front national et sa candidate pour le second tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen.

Après son déplacement mouvementé de mercredi à Amiens, l'ex-ministre de l'Economie, favori des sondages, a renoué jeudi avec un aspect plus souriant et apaisé de la campagne.

Accueilli par les sifflets de salariés de l'usine Whirlpool, "chauffés" par la visite surprise de Marine Le Pen, la veille, il s'est offert un bain de foule au milieu des jeunes membres de toutes origines d'une association d'insertion par le sport.

Accueilli aux cris de "Macron ! Macron !", il s'est attardé avec eux, multipliant les selfies. En costume-cravate mais souriant et détendu, il a tapé dans un ballon et driblé de jeunes joueurs, avant de signer des autographes à la chaîne.

Le candidat d'En Marche !, qui avait auparavant discuté à huis clos dans un commissariat avec des membres des forces de l'ordre des problèmes d'insécurité, a également dialogué avec les responsables de "Sport dans la ville", association qui agit aussi dans le domaine de l'éducation civique, de l'aide à la création d'entreprise et de l'accès à l'emploi.

Cette fois, la candidate du FN, en déplacement dans le sud-est de la France où elle a passé quatre heures en mer avec des pêcheurs du Gard avant de tenir meeting le soir à Nice, n'est pas venu l'affronter sur le terrain.

"Mme Le Pen se promène à la pêche. Bonne promenade. La sortie de l'Europe qu'elle propose, c'est la fin de la pêche française. Pensez-y", a commenté Emmanuel Macron sur twitter.

A la fin de sa visite à Sarcelles, il a enlevé les gants pour porter une attaque encore plus virulente.

MACRON À ORADOUR-SUR-GLANE

"Ici, à Sarcelles, il y a toutes les religions, il y a des Français de toutes les couleurs. Ici à Sarcelles, il y a des Français qui viennent de tous les pays du monde et ils y vivent bien", a-t-il déclaré lors d'un point de presse improvisé.

"La France ce n'est pas ce visage haineux et répressif que porte Mme Le Pen. Je ne la laisserai pas porter ce visage de la France, je ne la laisserai pas banaliser ce qu'est le FN, qui est un Parti xénophobe", a-t-il ajouté.

Il a accusé Marine Le Pen, qui s'est mise en congé de la présidence du FN pour mener la campagne de l'entre-deux tours, d'avoir mis à la tête de son parti un homme "qui a eu des positions extraordinairement graves", Jean-François Jalkh.

Ce cadre historique du parti d'extrême droite est accusé d'avoir repris des thèses niant la Shoah.

Pour marquer encore plus sa différence, Emmanuel Macron a prévu de se rendre vendredi à Oradour-sur-Glane, village martyr de la Haute-Vienne, où la population a été massacré par la division SS Das Reich, le 10 juin 1944.

Le candidat d'En Marche ! n'est arrivé que troisième au premier tour à Sarcelles, dont le député-maire socialiste, François Pupponi, est un de ses soutiens : il a obtenu 22,2% des suffrages, derrière le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon (29,92%), Marine Le Pen obtenant 11,80%.

Emmanuel Macron a exposé quelques-unes de ses propositions sur la lutte contre l'insécurité, l'école, les "emplois francs" pour les jeunes de quartiers difficiles et le sport.

"NEUTRALITÉ MOLLE"

"Je viens expliquer de manière sérieuse mes propositions (...) comme je l'ai fait hier à Whirlpool", a-t-il dit.

Selon son entourage, il entend ainsi continuer jusqu'au second tour le 7 mai d'essayer de convaincre les électeurs qui n'ont pas voté pour lui au premier tour, afin de remporter la victoire la plus large possible.

Un de ses porte-parole fait "le constat navré" que la présence de Marine Le Pen au second tour "ne gêne personne" et, même, semble en "arranger" certains. Il déplore la "neutralité molle", voire une certaine complicité d'une partie de la presse, comme lors de la visite surprise de Marine Le Pen à Amiens.

"Nous sommes passés au scanner plusieurs fois par jour. Pendant ce temps, elle fait sa promenade de santé. Elle va en terrain conquis faire des images avec des gens qui lui sont acquis, et puis elle s'en va. Elle ne fait pas campagne", a déclaré Sylvain Fort à Reuters.

"Elle espère gagner cette présidentielle uniquement en profitant d'un effet de levier maximum, l'absence de sidération et l'espèce de bienveillance neutre dont elle fait l'objet de la part des médias", a-t-il ajouté. "C'est la donnée de base de cet entre-deux tours." (Emmanuel Jarry, avec Michel Rose et Marco Trujillo à Sarcelles, édité par Yves Clarisse)