TOKYO (Reuters) - La crise énergétique qu'a connue le Japon il y a dix ans, et les leçons qu'il en a tirées, sont riches d'enseignements pour les Européens, qui ont pris une première mesure significative en s'accordant à réduire la consommation de gaz de 15% entre le 1er août et le 31 mars face aux conséquences de la guerre en Ukraine.

Dans les semaines et les mois qui ont suivi l'accident survenu dans la centrale nucléaire de Fukushima en mars 2011, les centres commerciaux ont désactivé les escaliers mécaniques et les usines ont réduit le temps des chaînes de montage.

Tokyo Electric Power l'exploitant de l'installation de Fukushima, a perdu environ 40% de sa capacité de production d'électricité.

Immédiatement après l'accident, l'entreprise a annoncé la première panne programmée de son histoire et a fini par redémarrer les vieilles centrales au gaz et au charbon.

En mai de la même année, le gouvernement a exhorté les citoyens et les entreprises de Tokyo et du nord du Japon à réduire de 15 % la consommation d'électricité aux heures de pointe de l'été.

Le ministère de l'Environnement s'est ensuite fixé pour objectif une réduction de 25%. Le constructeur automobile Nissan Motor a modifié les horaires de travail des usines pour alléger la charge sur le réseau aux heures de pointe. La chaîne de magasins de proximité Lawson est passée aux ampoules LED et a ajouté des panneaux solaires dans un grand nombre de ses magasins.

Les équipes professionnelles de base-ball et de football ont arrêté les matches de nuit et les entreprises ont encouragé les employés à porter des vêtements plus légers en été.

Les différences de tension entre l'est et l'ouest du pays ont rendu difficile le partage de la charge énergétique, se souvient Koichiro Tanaka, chef de l'Institut d'économie de l'énergie.

"Dans le cas des Européens, étant donné qu'ils sont reliés par des réseaux, ils peuvent encore avoir le sentiment d'un dernier recours venant de quelque part", explique-t-il. "Ici, au Japon, nous n'avons pas ce luxe. Il n'y a que nous."

(Reportage Rocky Swift et Yuka Obayashi, version française Augustin Turpin, édité par Sophie Louet)