Le groupe américain est accusé de laxisme dans la protection des données de ses utilisateurs après avoir admis qu'un cabinet de conseil politique, Cambridge Analytica, avait récupéré de manière détournée les données personnelles de 50 millions d'entre eux. Ce cabinet a ensuite travaillé pour Donald Trump durant la campagne présidentielle aux Etats-Unis en 2016.

Mercredi, Facebook a annoncé des mesures censées permettre à ses utilisateurs de mieux contrôler le contenu de leur compte via une modification des paramètres de confidentialité.

Depuis des années, Facebook permet aux annonceurs de diffuser des publicités ciblées à l'aide de données collectées par des sociétés comme Acxiom et Experian.

"Bien que ce soit une pratique courante dans le secteur, nous pensons que cette initiative, qui sera mise en oeuvre au cours des six prochains mois, contribuera à préserver la vie privée des utilisateurs sur Facebook", a déclaré Graham Mudd, directeur commercial chez Facebook.

MESURER LA PERFORMANCE PUBLICITAIRE RESTE POSSIBLE

L'action Acxiom a chuté de plus de 10% à 25 dollars dans les transactions après la clôture mercredi à Wall Street en réaction à l'annonce de Facebook.

Acxiom a dit ne pas s'attendre à un impact de la décision de Facebook sur son chiffre d'affaires et son bénéfice pour l'exercice annuel en cours s'achevant en mars mais il prévoit des répercussions négatives de l'ordre de 25 millions de dollars (20,30 millions d'euros) sur l'exercice 2019. La société table actuellement sur des revenus compris entre 910 millions et 915 millions de dollars sur l'exercice 2018.

Facebook n'a pas souhaité s'exprimer sur un éventuel impact sur ses revenus publicitaires.

Les annonceurs seront toujours en mesure d'utiliser des services de données fournies par des tiers pour mesurer la performance de leurs publicités en consultant les données d'achats, a précisé Facebook.

Le site internet de Facebook répertorie neuf fournisseurs de données avec lesquels il a travaillé, notamment Acxiom, Experian, Oracle Data Cloud, TransUnion et WPP PLC.

En dehors d'Acxiom, les entreprises citées n'étaient pas disponibles pour un commentaire.

Ces ajustements interviennent alors que doit entrer en vigueur le 25 mai une réglementation européenne sur la protection des données personnelles exigeant des sociétés concernées qu'elles offrent à leurs utilisateurs "un droit à la portabilité", autrement dit le droit d'emporter ses données avec soi.

Des parlementaires aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne exigent que Mark Zuckerberg, cofondateur et directeur général de Facebook, vienne s'expliquer en personne sur ce scandale de collecte des données.

Le Congrès américain souhaite aussi entendre les patrons d'Alphabet, maison mère de Google, et de Twitter sur cette question.

La Commission fédérale américaine du Commerce (FTC) a ouvert une enquête sur Facebook.

(Avec les contributions de Laharee Chatterjee, Arjun Panchadar et Ismail Shakil à Bangalore; Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par David Ingram et Julia Fioretti