Faut-il détenir de la dette italienne ? C’est la question que s’est posée Florent Delorme, analyste macro chez M&G Investments. Après avoir culminé à 3,68% en octobre 2018, alors que le marché doutait de la volonté de l’Italie de respecter ses engagements budgétaires européens, le 10 ans italien s’établit à 2,79% (jeudi 14 février 2019). Les deux dernières émissions de l’Etat italien, à 15 ans, le 15 janvier, et à 30 ans, le 6 février, ont fait l’objet de demandes record de la part des investisseurs ce qui témoigne de la confiance retrouvée des marchés.

Il est vrai que l'acceptation par Rome en fin d'année dernière d'un objectif de déficit pour 2019 à hauteur de 2.04% a mis fin à la peur de voir le pays faire le choix d'une forte dérive de ses dépenses et de sa dette.

In fine, faut-il donc acheter de la dette italienne ? Selon Florent Delorme, il semble que détenir de la dette italienne dans un portefeuille à titre de diversification ait du sens. C'est notamment le cas dans le fonds M&G Dynamic Allocation qui à ce jour comporte une telle position à hauteur de 2% de son actif.

Certes la croissance en Italie cette année sera inférieure à l'objectif de 1% que le gouvernement italien s'est fixé. La commission européenne a récemment révisé à la baisse l'ensemble des perspectives de croissance des pays de la zone euro et l'Italie s'orienterait plutôt vers une progression de son PIB de seulement 0,2% en 2019.

Ces performances décevantes attendues sur le front économique conduiront-elles pour autant à de fortes tensions sur les taux italiens ? Cela n'a rien d'évident pour Florent Delorme dans la mesure où les taux de la péninsule sont déjà à des niveaux très supérieurs aux rémunérations des dettes allemande et française (respectivement 0,11% et 0,53% sur la maturité 10 ans à ce jour) et les investisseurs à la recherche de rendement continueront à porter un regard bienveillant sur la lente dérive des comptes italiens.

En effet l'essentiel est ailleurs. D'une part les dirigeants transalpins ont exclu toute sortie de leur pays de la zone euro et se sont pliés aux procédures budgétaires même si les discussions ont été nourries. D'autre part la politique de la BCE va demeurer accommodante et notamment il n'est pas question pour l'heure de réduire la taille du bilan de l'institution. Dans ce contexte, Florent Delorme comprend l'intérêt retrouvé pour la dette de Rome.