Il paraît que le 17 juin est la journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse. Je suis à chaque fois stupéfait de découvrir qu'on dédie des journées à tout et n'importe quoi, même si en l'occurrence c'est assez bien trouvé vu la chape de chaleur qui tombe sur l'Europe cette semaine. C'est aussi la Saint Hervé, et "Soleil à la saint-Hervé, fait présager d'un bel été". J'imagine que cet adage concerne surtout la météo, parce qu'au niveau financier, on a un peu de mal à se projeter.

En effet, après avoir fait mine de rebondir mercredi, les indices boursiers se sont à nouveau effondrés hier. Les baisses ont atteint 2 à 3,5% un peu partout, et même 4% sur le Nasdaq. L'indice des starlettes américaines a perdu 33% de sa valeur depuis les records du mois de novembre dernier. Désormais, les financiers sont à peu près sûrs que la politique d'austérité menée par la banque centrale américaine pour juguler l'inflation va entraîner une récession aux Etats-Unis. Sauf Joe Biden, qui a estimé qu'une contraction économique "n'est pas inévitable". On notera la double négation. Il faut dire que le gros foutoire à Wall Street tombe assez mal pour le président américain, mal-aimé à l'approche des élections de mi-mandat début novembre. Il peut bien dire ce qu'il veut, Joe, il n'en sait rien, comme les autres.

La Fed concentre les critiques actuellement, puisqu'il faut trouver un bouc émissaire à la fin des années boursières bénies "à tous les coups on gagne". Et elle porte probablement sa part de responsabilité avec une version moderne des délices de Capoue : elle s'est reposée sur ses lauriers après avoir gagné les batailles de 2008 et de 2020, puis s'est laissée griser par l'argent facile avant de s'endormir en laissant filer l'inflation. Désormais, elle est accusée de suréagir dans l'autre sens. Et les investisseurs craignent qu'elle ait tort une seconde fois en étant hors sujet, si bien qu'on voit fleurir de nombreuses critiques d'économistes parlant d'erreur de politique monétaire.

C'est la raison pour laquelle les indices accroissent leur chute : les investisseurs voient le choc de demande arriver et constatent que la Fed déploie un arsenal qui étouffera toute reprise de cette demande. J'ai aussi l'impression que la décision de la banque centrale suisse hier de relever ses taux contre toute attente a provoqué quelques dégâts sur le sentiment des investisseurs, en tout cas en Europe. La BNS est plutôt avare en surprises, mais quand elle en réserve une, c'est généralement une grosse surprise et cela signifie que les temps sont exceptionnels. La suractivité des banques centrales - sauf la BoJ, qui nage toujours à contrecourant comme le statu quo annoncé ce matin le démontre – accroît donc la nervosité ambiante. Ajoutons à cela que la purge des poches spéculatives n'est pas encore terminée et que les bastions du début de l'année, notamment les matières premières, n'amortissent plus rien puisqu'en cas de récession, la demande pour l'énergie, les métaux et les minerais risque de chuter. On notera quand même que le pétrole, bien qu'un peu chahuté en milieu de semaine, reste prodigieusement ferme. La cartélisation a ses avantages.

L'actualité des sociétés est modeste, typique de la fin du mois de juin. Dans les nouvelles sans intérêt mais qu'on ne peut s'empêcher de lire, j'ai noté l'histoire de cet Américain qui demande 258 milliards de dollars à Elon Musk, le patron de Tesla, qu'il accuse de l'avoir escroqué en soutenant le dogecoin, une des multiples cryptomonnaies aux origines douteuses (en l'occurrence potache) qui pullulent. Ça nous fait rire mais Musk devra bien répondre un jour de ses pitreries. Et si vous n'avez pas lu la revue de presse d'hier, sachez que le papier le plus consulté sur Bloomberg depuis hier parle de la Chine qui a peut-être détecté des signaux extraterrestres. Sait-on jamais, ils ont peut-être été envoyés par des investisseurs qui se sont perdus en croyant aller "to the moon".

Plus sérieusement, le patron de la Fed Jerome Powell a l'occasion de reprendre un peu le contrôle des événements à 14h45 lors d'une allocution qui sera probablement suivie de près. Même critiquée, la Fed reste la solution de dernier recours. J'ajoute que nous sommes le 3e vendredi du mois donc c'est la journée de compensation des produits dérivés, connue sous le nom de "journée des trois sorcières". C'est source de volatilité à certains moments de la séance. Et comme nous sommes le 3e vendredi d'un mois de fin de trimestre, nous sommes même la "journée des quatre sorcières", qui ne se produit par définition que quatre fois par an.

Après la claque d'hier, les indicateurs avancés européens pointent vers un rebond technique et les futures américains sont bien orientés pour le moment. La séance promet encore d'être volatile. L'Asie Pacifique termine dans le rouge, sauf en Chine où les indices gagnent plus de 1% à Hong Kong et à Shanghai. Le CAC40 a ouvert en hausse de 0,4% à 5910 points.

Les temps forts économiques du jour

La Banque nationale suisse (9h30) et la Banque d'Angleterre (13h00) prennent à leur tour position sur leurs taux directeurs respectifs. Aux Etats-Unis à 14h30, place aux inscriptions hebdomadaires au chômage, aux chiffres des permis de construire et à l'indice Philly Fed. Tout l'agenda macro ici. Ce matin, la Banque du Japon a laissé sa politique monétaire inchangée, comme prévu.

L'euro remonte à 1,0526 USD. L'once d'or remonte à 1843 USD. Le pétrole reste proche de ses niveaux de la veille, avec un Brent de Mer du Nord à 119,17 USD le baril et un brut léger américain WTI à 116,95 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans se calme à 3,24%. Le bitcoin se négocie 20 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air France-KLM : Oddo BHF passe de sousperformance à neutre en visant 1,45 EUR.
  • Akzo Nobel : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 84 à 77 EUR.
  • Aumann : Citigroup passe de neutre à achat en visant 18,50 EUR.
  • Autoneum : Research Partners passe d'acheter à conserver en visant 120 CHF.
  • Colruyt : HSBC passe de conserver à alléger en visant 25 EUR.
  • Diageo : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 4400 à 4000 GBp.
  • Equinor : J.P. Morgan passe de souspondérer à neutre en visant 350 NOK.
  • Eurofins : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 80,40 EUR.
  • Fermentalg : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif réduit de 4,50 à 3,80 EUR.
  • Hammerson : Société Générale passe de vendre à conserver en visant 2180 GBp.
  • Hargreaves Lansdown : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 1250 à 925 GBp.
  • Kering : Bernstein reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 748 à 645 EUR.
  • Klépierre : Société Générale passe de vendre à conserver en visant 18 EUR.
  • Metabolic Explorer : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 10,30 à 7,90 EUR.
  • Neste Oyj : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 47 à 50 EUR.
  • Nestlé : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 135 à 130 CHF.
  • The Swatch Group : Citigroup reste neutre avec un objectif réduit de 301 à 252 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • EssilorLuxottica lance un programme de rachats d'actions.
  • Aéroports de Paris enregistre un bond de son trafic en mai grâce à une base favorable.
  • JCDecaux se renforce à l'aéroport de Londres.
  • Gaztransport & Technigaz reçoit une commande d'Hudong-Zhonghua Shipbuilding pour la conception des cuves de six nouveaux méthaniers.
  • Voltalia met en service une centrale solaire de 8,2 MW.
  • Figeac Aero va pouvoir finaliser l'augmentation de capital de 53,5 M€ réservée à Tikehau Ace Capital.
  • Vergnet enregistre quelques développements positifs.
  • Agrogénération lourdement affectée par la situation agricole en Ukraine.
  • Navya signe un accord de coopération avec Michelin.
  • Adeunis et MultiTech s’allient pour proposer une solution LoRAWAN compatible avec des dispositifs SCADA pour les acteurs du Smart Building.
  • Bénéteau, Delta Plus et Cegedim tiennent leurs assemblées générales.
  • Groupe LDLC a publié ses comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Il se murmure que Tesla augmenterait le prix de ses voitures aux États-Unis.
  • Enel vend sa participation dans son unité russe à des investisseurs locaux.
  • Banco Santander va nommer Hector Grisi comme CEO à la place de José Alvarez.
  • Les ventes de Tesco se contractent plus que prévu.
  • The Boeing Company élabore un programme d'essais pour le nouvel avion ecoDemonstrator.
  • Elon Musk dit aux employés de Twitter que l'effectif sera "rationalisé".
  • Adobe perd 4,5% post-clôture après ses trimestriels et une révision en baisse de sa projection annuelle.
  • Hyundai travaille sur une petite voiture électrique abordable pour l'Inde.
  • Bausch Health suspend l'IPO de Solta Medical.
  • Geberit termine son programme de rachat d'actions et lance le suivant.
  • M&C Saatchi a retiré son soutien à l'offre de rachat de la société de conseil Next Fifteen (310 M£).
  • Winnebago Industries fait rouler un camping-car électrique sur plus de 2000 km.
  • Targa va racheter Lucid Energy à Goldman Sachs et Riverstone pour 3,55 Mds$.
  • Sonova détache son dividende.
  • Principales publications du jour : Tesco, SkistarTout l'agenda ici.

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