Sans surprise la Fed a maintenu hier soir ses taux directeurs inchangés. Cette décision s'est accompagnée d'une communication perçue par le marché comme étant "dovish". En témoigne la réaction sur les taux et les actions, puisque le S&P a clôturé en hausse de 1.08% tandis que le rendement du 10 ans US a reculé de plusieurs points de base.  

Une réaction de marché bien résumée par l'une des figures de Bloomberg, Jonathan Ferro : "Apparently stagflation is bullish". En effet, la Fed a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2025 et à la hausse sa projection d'inflation. Ce qui dessine un environnement de stagflation, habituellement peu favorable aux marchés.  

Ce que le marché a apprécié, c'est que la Fed a conservé sa trajectoire de baisse de taux, malgré une inflation plus élevée. En effet, Jerome Powell a ressorti de son chapeau, pour notre plus grand bonheur, le narratif de "l'inflation transitoire". Après le retour du mot en R (comme récession), c'est donc le grand retour du mot en T. Parce que cette histoire d'inflation transitoire nous avait déjà occupé pendant de longs mois. 

Pour rappel, à partir du printemps 2021, la reprise de l'économie mondiale après la pandémie de Covid entrainait des tensions sur les chaînes d'approvisionnement et les prix de l'énergie. Ces contraintes sur l'offre se traduisaient par des hausses de prix. Mais la Fed estimait que cela ne serait pas durable, à mesure que l'offre se normaliserait. D'où ce narratif de l'inflation transitoire. Mais à mesure que les pressions sur les prix se prolongeaient, notamment à cause des tensions sur le marché de l'emploi, la Fed avait abandonné ce narratif pour entamer un cycle de hausse de taux à partir de l'été 2022.

Si Jerome Powell en revient à cette idée d'inflation transitoire, c'est parce qu'il considère que des hausses de droits de douane auront un effet "on-off" sur les prix et ne seront pas de nature à relancer la machine inflationniste. Il a ainsi refusé d'accorder trop d'importance à la remontée des anticipations d'inflation, notamment visible dans l'enquête de l'Université du Michigan. 

Mais ce qu'a surtout montré la réunion d'hier, c'est que "l'incertitude autour des perspectives économiques a augmenté", pour citer le communiqué de la Fed. Les politiques de l'administration Trump, notamment tarifaires, pourraient en effet fortement affecter la croissance et l'inflation. Le prochain rendez-vous est désormais le 2 avril, date à laquelle l'administration Trump devrait rendre ses arbitrages sur les droits de douane. Espérons que cela sera de nature à mettre fin à cette période d'incertitude. Que l'on espère transitoire.  

Source : Federal Reserve, Summary of economic projections