Washington (awp/afp) - La politique monétaire américaine devrait se resserrer un peu plus mercredi à l'issue d'une réunion de la Réserve fédérale (Fed), premier de trois grands rendez-vous monétaires dans le monde cette semaine.

Le Comité monétaire de la banque centrale américaine (FOMC) s'apprête, selon les acteurs financiers quasi-unanimes, à relever une nouvelle fois ses taux d'intérêt d'un quart de point de pourcentage (0,25%) pour les porter dans la fourchette de 1,75% à 2%.

Ce tour de vis sera le second de l'année et le septième depuis fin 2015 lorsque, après plus de sept ans, la page des intérêts à taux zéro a été tournée.

A 2%, les taux resteront encore historiquement bas mais leur trajectoire à la hausse soutient le dollar, ce qui peut malmener les monnaies des pays émergents.

La décision de la Fed devance une réunion monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi qui pourrait évoquer le dénouement progressif de sa politique accommodante de rachats de dette. La Banque du Japon conclura aussi une réunion vendredi.

"La réunion monétaire a repris à 9H00 locales (13H00 GMT)", a indiqué mercredi une porte-parole de la Fed.

A Washington, son président Jerome Powell tiendra une conférence de presse à 14H30 locales (18H30 GMT) après la publication d'un communiqué et de nouvelles prévisions économiques.

Alors qu'elle tient sa promesse de normalisation graduelle des taux, la Fed entame une période délicate où elle doit prévenir l'inflation sans éteindre la croissance, tandis que de plus en plus d'économistes croient voir venir une récession à moyen terme.

"Nous pensons qu'il y a 30% de chances qu'intervienne une petite récession avant la fin de la décennie", estiment les analystes de Capital Economics. Ils craignent que la hausse des taux d'intérêt ne provoque un ralentissement l'année prochaine, une fois passé l'effet dopant des réductions d'impôts de l'administration Trump.

- Bras de fer commercial -

S'ajoute à cet environnement, le bras de fer commercial entamé par Donald Trump avec ses partenaires qui crée des inquiétudes et a le potentiel, si les droits de douane se multiplient, de faire grimper les prix à l'importation.

Pour l'instant, en relevant les taux d'intérêt, la Fed entend prévenir une remontée des prix qui risque d'accélérer vu le taux de chômage spectaculairement bas à 3,8%, un plancher depuis 18 ans.

Un tel taux de sans-emplois devrait conduire les entreprises à augmenter les salaires, vecteurs de l'inflation, pour attirer ou conserver leurs employés.

La hausse des prix, selon l'indice PCE, a touché depuis mars en rythme annuel la cible de 2% convoitée par la Fed. L'autre mesure de l'inflation, le CPI, généralement un peu supérieure, a atteint en rythme annuel son plus haut niveau en six ans à 2,8%. Les prix à la production, à +0,5% en mai et +3,1% sur un an, ont été poussés par l'augmentation des prix de l'énergie mais aussi de l'acier et de l'aluminium, deux produits frappés de droits de douanes à l'importation par l'administration Trump.

"L'inflation sera au centre des discussions. Les membres de la Fed ont toutes les raisons de relever les taux", a affirmé Joel Naroff, économiste indépendant.

Le communiqué de la banque centrale sera scruté de près pour voir si la Fed qualifie désormais un peu différemment sa politique monétaire qu'elle présente comme "accommodante" depuis la crise financière de 2008-2009.

Les analystes guetteront en outre dans ses prévisions si le Comité monétaire penche désormais pour deux autres relèvements du coût du crédit cette année au lieu d'un prévu jusqu'ici.

Autre nouveauté, le patron de la Fed pourrait annoncer, selon le Wall Street Journal, avoir décidé de tenir une conférence de presse après chaque réunion monétaire au lieu des quatre points de presse organisés chaque année, à l'issue d'une réunion sur deux.

Jerome Powell avait déjà dit qu'il y pensait mais il restait prudent sur la question, ne voulant pas que "davantage de conférences de presse soient interprétées comme le signal de décisions monétaires", après chaque réunion.

Néanmoins, en s'accordant la possibilité d'expliquer ses décisions après chaque rendez-vous monétaire, la Fed se donnerait plus de marge de manoeuvre pour être réactive à l'avenir.

afp/rp