Les marchés actions ont repassé la marche avant pour démarrer la semaine, en gommant progressivement le trou d'air hérité de la journée de jeudi dernier. Mention spéciale à Paris, où le CAC40 a repris plus de 1%, emmené par son secteur du luxe après un énième soubresaut chinois. Le problème quand les marchés actions manquent d'idées comme c'est le cas actuellement, c'est qu'ils semblent réagir de façon épidermique à tout et n'importe quoi. Mais parfois, ces réactions nous permettent aussi de mieux comprendre les forces à l'œuvre. Prenez LVMH, la valeur chérie des Français, quoique vaguement suspecte à cause de ses ratios de valorisation peu raisonnables (la démonstration marche aussi avec Hermès, avec des ratios encore plus fous). Sur les deux derniers mois, l'action LVMH a vécu au rythme des actions chinoises. Une rumeur de coup de pouce des autorités chinoises à la croissance ? Une hausse pour LVMH. Une déception sur ces satanés dirigeants communistes qui n'ont même pas la décence d'injecter des liquidités dans leur propre économie ? Une baisse pour LVMH. Le Hang Seng a perdu 5,9% en deux mois et LVMH 6,2%. Je cède la parole à mes amis d'AlphaValue, qui résumaient hier le secteur en ces termes dans leur excellente quotidienne : "Les experts discutent du secteur depuis des lustres pour savoir si ces méga-valeurs sont le fruit de la chance (demande chinoise), d'une excellente gestion (équitable), d'une mégatendance (davantage de personnes "riches" à mesure que le coefficient de Gini s'aggrave) ou de produits exceptionnels qui répondent à une demande inexploitée. Le jury n'a pas fini de se prononcer."

Pour rester dans les poids lourds, les choses ont l'air de se décanter pour les gros acheteurs américains. Hier, Microsoft a réussi à renverser la table dans sa quête d'un rachat d'Activision. L'antitrust américain avait demandé à la justice de bloquer la transaction, jugeant qu'elle allait porter atteinte à la concurrence en rendant l'un des plus gros éditeurs de jeux vidéo du monde captif du géant des logiciels et propriétaire de la console Xbox. Mais une juge californienne a refusé d'aller dans ce sens en estimant que la FTC a échoué à démontrer qu'une menace existe. Le régulateur peut faire appel. Mais dans la foulée, son homologue britannique a suspendu sa propre action en justice contre la transaction, ce qui suggère que la balance penche désormais clairement en faveur de Microsoft, alors que l'affaire était plutôt mal embarquée. Autre opération américano-américaine de poids, le rachat de VMware par Broadcom devrait obtenir l'aval de l'UE, après validation des concessions proposées. VMware pèse 65 Mds$, Activision 71,5 Mds$. Et puisqu'on parle de consolidation dans le secteur technologique, Nvidia pourrait revenir par la fenêtre sur le dossier Arm, après avoir tenté de défoncer la porte. Le rachat du concepteur de puces britannique par le Californien avait été bloqué par l'antitrust l'année dernière, mais le Financial Times croit savoir que Nvidia va demander à faire partie des actionnaires minoritaires de référence lors de l'introduction en bourse d'Arm, en cours d'organisation par son propriétaire Softbank. On reste dans les mêmes proportions capitalistiques que les sommes énoncées précédemment : Nvidia avait proposé 66 Mds$ pour racheter cet acteur stratégique des semiconducteurs. Dans le cadre de l'IPO les rumeurs vont du simple au double pour la valorisation : 40 Mds$ selon la police et 80 Mds$ selon les manifestants. Les trois opérations que je viens de mentionner ont en commun, outre leur montant, de renforcer l'hégémonie des grands acteurs américains sur le compartiment technologique. On attend aussi le possible épilogue du feuilleton Casino, avec un casting moins prestigieux et des montants beaucoup plus modestes : 325 M€ de capitalisation, mais 11,45 Mds€ de valeur d'entreprise, ce qui donne une assez bonne idée de la dette colossale du groupe.

La séance du jour sera marquée par la publication à 14h30 de l'inflation américaine du mois de juin, qui est incontestablement la reine du bal boursier aujourd'hui. L'attente moyenne est à 3,1% de hausse sur un an. C'est relativement élevé, mais cela marquerait un gros ralentissement par rapport à la hausse annuelle de 4% enregistrée en mai et une poursuite de la décrue initiée il y a plusieurs mois. Les investisseurs sont avides d'un ralentissement de la surchauffe des prix parce qu'ils présument, à juste titre, que cela rendra la politique monétaire de la Fed moins punitive. L'inflation sous-jacente, ou core inflation aux Etats-Unis, c’est-à-dire la hausse des prix expurgée des éléments volatils, est attendue à +0,3% par rapport à mai, après +0,4% entre avril et mai.

J'ajoute que la Banque du Canada doit se prononcer sur ses taux à 16h00. La décision en elle-même n'est pas d'un intérêt majeur en temps normal, mais le marché suivra de près les indications fournies par la banque centrale sur sa trajectoire de taux et son analyse des conditions économiques. Parmi les autres temps forts du jour, la Banque d'Angleterre publie le résultat de ses tests de résistance bancaire à 8h00, tandis que son patron prendra la parole à 10h00. La journée boursière se terminera avec le dernier Livre Beige des projections de la Fed (20h00).

En Asie Pacifique, le Japon a perdu son Mojo, avec une poursuite de la baisse du Nikkei, qui perdait ce matin -0,7%. Les indices locaux paient un premier semestre très favorable, la remontée du yen et le syndrome des vases communicants avec la Chine, qui retrouve un peu d'attrait aux yeux des investisseurs depuis que ses performances économiques sont tellement faibles que tout le monde pense que les autorités vont devoir sortir du bois et soutenir l'édifice par des rumeurs de relance. Ceci dit, vous savez probablement que c'est la 57e fois que cette analyse est faite depuis trois ans et qu'elle fait flop. Pour autant, l'annonce hier d'un appel de deux régulateurs en faveur d'un soutien des banques à l'immobilier a réveillé les indices chinois (et LVMH et consorts, cf. au-dessus). Même topo ce matin avec un Hang Seng qui gagne 1%.  Les autres places sont aussi en hausse dans la région. Les indicateurs avancés européens sont bien orientés. Le CAC40 gagnait 0,36% à 7244 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

C'est donc jour d'inflation aux Etats-Unis. Tout l'agenda ici.

L'euro remonte à 1,0958 USD. L'once d'or est stable à 1923 USD. Le pétrole est remonté, avec un Brent de Mer du Nord à 77,93 USD le baril et un brut léger américain WTI à 73,31 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans monte à 4,07%. Le bitcoin se négocie autour de 30 200 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Air France-KLM : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 1,85 EUR.
  • AMS-Osram : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 6,10 à 6 EUR.
  • ASM International : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 390 à 600 EUR
  • ASML : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 700 à 950 EUR.
  • BNP Paribas : KBW passe de surperformance à performance de marché en visant 75 EUR.
  • Bureau Veritas : J.P. Morgan reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 24 à 23 EUR.
  • Buzzi : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 25 EUR.
  • Carrefour : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 19 à 20 EUR
  • Clariant : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 15,50 à 14,80 CHF.
  • Crédit Agricole : Mediobanca reste à sousperformance avec un objectif de relevé de 11,20 à 11,50 EUR
  • CRH : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 51 à 52 EUR.
  • Davide Campari : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 13,70 EUR.
  • Deutsche Bank : KBW passe de surperformance à performance de marché en visant 14 EUR.
  • Eiffage : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 125 à 117 EUR.
  • Gerresheimer : KeyBanc démarre le suivi à surpondérer en visant 200 EUR.
  • Heidelberg Materials : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 77 à 82 EUR.
  • Henkel : Citigroup reste neutre avec un objectif de cours relevé de 66 à 70 EUR.
  • Holcim : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 65 à 66 CHF.
  • IMCD : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 175 à 160 EUR.
  • Infineon : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 40 EUR.
  • Interparfums : Mediobanca démarre le suivi à l'achat en visant 76 EUR.
  • JDE Peet's : HSBC reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 30,30 à 25,90 EUR.
  • Jeronimo Martins : HSBC reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 20 à 22 EUR.
  • Julius Bär : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 74 à 70 CHF.
  • Lindt : Deutsche Bank reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 103 000 à 102 000 CHF.
  • Nokia : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 6 à 5 EUR.
  • Melexis : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 92 EUR.
  • Novo Nordisk : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 1160 à 1210 DKK.
  • Philips : Goldman Sachs démarre le suivi à l'achat en visant 28 EUR.
  • SGS : J.P. Morgan reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 86 à 80 CHF.
  • Société Générale : KBW reste à performance de marché avec un objectif de cours réduit de 29,50 à 28,50 EUR.
  • STMicroelectronics : Citigroup reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 61 à 65 EUR. Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 46 EUR.
  • Stora Enso : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 12,60 à 13 EUR.
  • Teleperformance : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 340 à 230 EUR.
  • Tryg : Citigroup passe de neutre à acheter en visant 150,50 DKK.
  • Zurich Insurance : J.P. Morgan reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 430 à 400 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • AXA envisage de se défaire de sa branche de réassurance XL Re, valorisée 2 Mds$, selon Reuters, par scission ou IPO.
  • Thales entre en négociations exclusives en vue d'acquérir Cobham Aerospace Communications, une opération qui devrait être positive pour le bénéfice par action après synergies dès la première année.
  • La Commission européenne a approuvé l'acquisition de six filiales d'ALD et LeasePlan par CACF (Crédit Agricole) et Stellantis.
  • La coentreprise de Renault et Geely sera basée au Royaume-Uni.
  • Vinci remporte un contrat routier de 330 M€ en Slovaquie.
  • Bolloré a signé le contrat définitif de cession de sa division logistique à CMA CGM pour 4,65 Mds€.
  • Carbios lève 141 M€ lors de son augmentation de capital.
  • Mersen inaugure son usine de Columbia aux USA.
  • Wendel a des soucis avec IHS, dont la société de portefeuille détient 19%.
  • SNCF Energie signe avec Voltalia un nouveau contrat d'approvisionnement en énergie éolienne.
  • Compagnie Lebon refinance sa dette corporate.
  • Gaztransport & Technigaz va concevoir les cuves de deux nouveaux méthaniers.
  • Une OPA simplifiée à 11,72 EUR par action sur Ober.
  • Hydrogen Refueling Solutions se développe en Espagne.
  • Theranexus lève 3,1 M€ (4 M€ étaient espérés) via une augmentation de capital à 1,28 EUR l'action.
  • Gaussin signe une commande de 7 navettes autonomes avec une option pour 5 autres sur le marché japonais.
  • OSE Immunotherapeutics et le CHU de Nantes ont bouclé le recrutement de patients de l'étude de phase I/II FIRsT,
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Logic Instrument, Implanet, Advicenne, Plastivaloire, Geci, Spineguard, Kalray

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Microsoft remporte un contentieux aux Etats-Unis contre la FTC dans le dossier Activision.
  • ASML envisage de réduire les embauches cette année en raison d'un ralentissement de court terme de l'industrie des puces, a rapporté Bloomberg.
  • Nvidia négocie une place au capital d'ARM, dans le cadre de l'IPO orchestrée par Softbank, selon le FT.
  • L'acquisition de VMware par Broadcom pour 69 Mds$ devrait être autorisée par l'UE.
  • Siemens et Engie Vianeo déploient des chargeurs de véhicules électriques en France.
  • Rio Tinto et Sumitomo construisent une usine d'hydrogène dans le Queensland.
  • Smurfit Kappa inaugure une usine de production de 35 M€ au Maroc.
  • Les magasins Buy Buy Baby du détaillant en faillite Bed Bath & Beyond sont sur le point de fermer après l'échec d'un ultime effort pour sauver la chaîne.
  • Les principales publications du jour : DNB, Aeon, Kongsberg, DFDS, PagegroupTout l'agenda ici.

Lectures