Ces acronymes barbares cachent en général une réalité assez simple : si les sociétés concernées avaient le choix, elles seraient fort mal inspirées d'aller tester cette partie de leur arsenal de financement. Si elles le font, c'est qu'elles y sont contraintes, parce que leur situation financière leur interdit de solliciter leur banquier, mais aussi leurs actionnaires ou toute autre filière traditionnelle. Il leur faut se tourner vers des spécialistes du financement qui acceptent d'engager des fonds, souvent des sommes de plusieurs millions, alors que le modèle économique de l'entreprise est fragile et/ou que sa viabilité est en jeu.

Rappelons brièvement en quoi consistent les financements précités. Quel que soit le dispositif, le montage revient à émettre au profit d'un apporteur de liquidités, des produits donnant accès au capital qui constitueront la contrepartie du risque qu'il a pris : des obligations convertibles en actions, des bons de souscription d'actions ou parfois même directement des actions. Le principe, c'est que les émissions ont lieu à un prix toujours inférieur au cours de bourse du moment. Ainsi le financeur peut céder les actions en empochant la différence entre son prix préférentiel et le prix du marché. Il a apporté des fonds à la société mais se rembourse avec plus-value illico-presto. D'où une cohabitation plutôt difficile avec l'actionnaire déjà en place, qui voit le nombre d'actions en circulation gonfler et la valeur de ses parts fondre à grande vitesse. Les rapports sont aussi compliqués par le fait que le nouvel arrivant peut encaisser une plus-value rapide, quasi-systématique, là où le petit porteur frustré s’est en général fait hacher menu en rêvant au rebond technique du siècle. Evidemment, la dilution est d'autant plus forte que les besoins en financement sont élevés et que la capitalisation est déprimée. D’ailleurs, la meilleure valeur d’actifs de la plupart de ces sociétés est leur volume d'échanges moyens quotidien : plus il est élevé, plus le capital à lever peut être important. Une communication savamment organisée est d’ailleurs souvent un plus. Pour davantage de détails sur les dispositifs, vous pouvez vous référerà la note d'alerte de l'AMF etaux deux articles détaillés réalisés par la sémillante Roxane Nojac.

 A ce stade, il convient de préciser que les dispositifs déployés sont parfaitement légaux. Ils ne nécessitent pas forcément de prospectus, sauf si la société est cotée sur un marché réglementé et que le nombre d'actions émises dépasse une certaine part du capital. Qui plus est, ils font l'objet d'un vote en assemblée générale : soit un vote spécifique quand le financeur est connu, soit un vote générique permettant d'émettre des titres donnant accès au capital avec suppression du droit préférentiel de souscription des actionnaires existants. En l'absence de prospectus, l'émetteur est tenu de publier un communiqué de presse comprenant le montant de l'opération, ses modalités et la dilution théorique engendrée. Pour une société, faire appel à ce type d'accord est à la fois simple, rapide et efficace. Elle s'affranchit de nombreuses contraintes inhérentes à des levées de fonds plus traditionnelles et, point crucial, elle ne risque pas d'échouer puisque l’argent est disponible tout de suite dans certains montages, ou à la demande dans les autres.

En réalité, la réponse à la question posée en ouverture de ce dossier est relativement simple : pour un actionnaire lambda, mieux vaut éviter de placer ses économies dans des sociétés qui ont recours à ce type de financement. C'est ce que vous découvrirez de façon bêtement statistique dans le tableau qui suit. Pour autant, ces instruments ont aussi permis à des entreprises de franchir une mauvaise passe, de lancer des produits ou de procéder à des acquisitions. Parfois même de progresser en bourse. Mais ces cas sont extrêmement minoritaires. 

Pour constituer notre palmarès, nous avons épluché plusieurs centaines de communiqués de presse de sociétés cotées pour déterminer celles qui ont eu recours à un ou plusieurs financements dilutifs ces dernières années. Nous avons recensé une grosse soixantaine d'entreprises cotées à Paris, puis nous avons noté le cours de bourse au jour de l'annonce du premier contrat de financement dilutif que nous avons identifié, quel que soit son type, et le cours de bourse au 19 juillet 2021. Les résultats sont particulièrement éloquents, même avec les erreurs ou omissions inhérentes à ce type d’exercice. Voici quelques constatations d'ordre général sur les 68 entreprises recensées (64 sont listées dans le tableau et 4 ont ont été liquidées)

  • 10 sur 68 (15%) ont progressé entre le moment où elles ont signé un financement dilutif et aujourd'hui.
  • 38 sur 68 (56%) ont perdu plus de 50% de leur valeur entre le moment où elles ont signé un financement dilutif et aujourd'hui. Dont 19 qui ont perdu plus de 90%. 
NOM DATE DE L'ANNONCE DU
1er FINANCEMENT DILUTIF
VARIATION DEPUIS CETTE DATE
(AU 19/07/2021)
NEOVACS 29/06/2015 -99,99%
CYBERGUN 26/11/2015 -99,99%
EUROPLASMA 25/07/2016 -99,96%
SPINEWAY 22/09/2016 -99,95%
SAFE ORTHOPAEDICS 27/04/2016 -99,89%
VISIOMED 07/08/2015 -99,81%
DELTA DRONE 27/11/2014 -99,62%
ARCHOS 15/06/2015 -99,34%
AVENIR TELECOM 05/04/2019 -98,97%
GECI INTERNATIONAL 30/04/2012 -98,91%
DBT 29/03/2017 -98,72%
NOXXON 02/05/2017 -98,40%
AUPLATA 14/06/2021 -96,15%
MND 03/11/2015 -96,05%
GENOMIC VISION 28/10/2016 -93,58%
BOOSTHEAT 21/05/2021 -93,43%
DEINOVE 01/12/2014 -92,71%
DRONE VOLT 05/01/2016 -90,56%
ACHETER LOUER 25/11/2013 -90,00%
SPINEGUARD 27/01/2014 -88,74%
PHARNEXT 11/04/2018 -83,73%
VERGNET 12/09/2016 -83,45%
PROLOGUE 28/03/2014 -83,04%
GENKYOTEX 20/08/2018 -82,33%
HORIZONTAL SOFTWARE 25/07/2018 -80,92%
HYBRIGENICS 07/11/2012 -79,76%
CARMAT 12/06/2013 -78,85%
GAUSSIN 28/03/2011 -77,80%
GLOBAL BIOENERGIES 06/07/2011 -77,32%
PIXIUM 23/10/2017 -76,01%
BIOPHYTIS 16/05/2017 -75,17%
AMOEBA 26/07/2018 -75,00%
THERACLION 11/06/2018 -66,85%
AGROGENERATION 06/06/2018 -64,56%
NEOLIFE 04/08/2016 -64,37%
KKO INTERNATIONAL 10/12/2018 -63,16%
ERYTECH 25/06/2020 -58,49%
ONXEO (EX BIOALLIANCE PHARMA) 18/06/2018 -54,81%
ADOMOS 24/03/2021 -45,74%
NAVYA 24/11/2020 -42,90%
VOLUNTIS 11/04/2018 -42,36%
INTRASENSE 07/05/2015 -42,20%
THERADIAG 20/11/2015 -40,76%
EURASIA 29/03/2021 -39,00%
AWOX (CABASSE) 06/05/2020 -35,44%
PARAGON ID (EX ASK) 30/06/2015 -34,05%
NOVACYT 20/07/2015 -31,95%
RUBIS 16/07/2018 -31,40%
THERANEXUS 09/07/2020 -29,96%
TRAVEL TECHNOLOGY INTERACTIVE 22/08/2014 -23,85%
RECYLEX 13/10/2014 -18,14%
DMS 15/05/2018 -6,29%
QUANTUM GENOMICS 26/07/2017 -3,66%
DOLFINES (DIETSWELL) 21/12/2019 8,08%
METABOLIC EXPLORER 16/06/2015 24,77%
AB SCIENCE 16/11/2020 31,44%
THE BLOCKCHAIN (EX LEADMEDIA EX MAKAZI) 08/11/2016 39,97%
FERMENTALG 25/07/2019 40,85%
EKINOPS 21/05/2015 75,18%
KALRAY 19/11/2020 91,75%
ABIVAX 28/09/2017 128,70%
MCPHY 14/04/2020 221,07%
CATANA (EX PONCIN) 11/01/2016 540,85%

Maintenant que vous savez à quoi vous en tenir, il nous a paru intéressant de relater aussi précisément que possible les discussions que nous avons eues avec différents acteurs de marché sur le sujet. Tous n'ont pas souhaité apparaître ni même répondre à nos questions, on se demande parfois pourquoi, mais les contributions de ceux qui ont joué le jeu sont précieuses. Nous avons traité dans un second article la partie dévolue à Pierre Vannineuse, un des spécialistes des financements dilutif en France, non seulement parce qu'il est plutôt volubile mais aussi parce qu'il donne pas mal de détails sur le mode de fonctionnement de ses fonds.

Marché du financement dilutif en France

La “galaxie” du marché des financements dilutifs en France (Source Zonebourse - Cliquer pour agrandir)

On se trompe rarement en étant prudent sur ces sociétés”, estime le gérant Sébastien Ribeiro

"Une société à peu près saine avec un modèle établi n'a en général pas besoin de ça", estime le gérant d'Amiral Gestion Sébastien Ribeiro, plutôt critique envers ces dispositifs mais qui se garde de généraliser. "Pour commencer, il ne faut pas mettre tous les instruments dans la même catégorie. Les OCABSA et les Equity Line, c'est souvent désastreux", poursuit-il. Le gérant intègre bien sûr la dimension financement dans ses choix. De son point de vue, l'investisseur "se trompe rarement en étant prudent sur ces sociétés". Sébastien Ribeiro se dit très vigilant en assemblée générale sur tous les aspects des augmentations de capital. "On est bienveillants pour donner de la latitude aux sociétés mais dans des limites raisonnables", détaille-t-il, tout en concédant "la vie d'une entreprise fait qu'on n'a pas toujours le temps de repasser par une assemblée générale pour se financer, donc ces modes de financement alternatifs peuvent être des moyens de gagner du temps".

Pour autant, Amiral Gestion évite si possible les entreprises concernées, "surtout maintenant qu'on peut mettre en place un placement privé très rapidement, en moins de deux semaines, un financement plus sain". "Avec une Equity Line, le coût a l'air facialement peu élevé mais en réalité il est très lourd. On met tout de suite un flux vendeur sur le titre". Et Sébastien Ribeiro d'ajouter : "le problème c'est que ces dispositifs sont rarement en faveur des actionnaires minoritaires (souvent des petits porteurs) et qu'ils sont généralement utilisés à de mauvais fins".

Pour Pierre Vannineuse, Alpha Blue Ocean finance les valeurs de croissance laissées-pour-compte

"Combien de sociétés qui sont en pertes régulières ont pu lever de l'argent avec leurs actionnaires ? Est-ce que cela leur permet de rester à flot ?" interroge Pierre Vannineuse, maître-ès financement dilutif via Alpha Blue Ocean, le family office qu'il a monté en 2017 avec Hugo Pingray et Amaury Mamou-Mani. Les petits actionnaires, ce n'est pas vraiment sa préoccupation, même s'il faut bien que quelqu'un absorbe le papier. De toute façon, "ils ne se présentent quasiment jamais aux assemblées générales". Quant à réaliser une augmentation de capital en bonne et due forme, avec maintien du droit préférentiel de souscription des actionnaires, c'est hors de prix et très compliqué, juge-t-il. Il faut "rémunérer 304 lawyers pour faire un bon petit prospectus", payer un listing sponsor et des honoraires irrécupérables, faire des road-shows. "Parce que c'est comme ça, c'est la tradition… La danse du ventre partout dans le monde et non pas travailler sur la société, pour essayer de lever un misérable 20% de ce dont on a besoin".  Pierre Vannineuse se vante de pouvoir fournir à une société l'argent dont elle a besoin et même plus, en un temps record, avec un "term sheet" de deux pages. En écoutant ses explications, on en viendrait presque à penser qu'ABO exerce une mission d’utilité publique.

C'est un peu la façon dont il présente les choses, d'ailleurs, et c’est incontestable : Alpha Blue Ocean prend des risques que d'autres ne veulent pas assumer, en soutenant des sociétés qui couleraient presque certainement sans cet appui. Est-ce qu'il vaut mieux détenir un petit bout de quelque chose qui a de la valeur ou une part un peu plus grosse de quelque chose qui ne vaut plus rien ? La réponse est imparable. Dans un monde parfait, ce soutien financier permet à l'entreprise de franchir une mauvaise passe. Dans la réalité, ce scénario, on l’a vu, se produit assez rarement, du moins à un horizon de temps raisonnable. La plupart des sociétés vivotent, parfois en multipliant les programmes de financement dilutif. C'est le principal reproche que l'on peut faire à Alpha Blue Ocean et consorts : maintenir sous perfusion des entreprises dont le modèle économique est voué à l'échec ou presque, des “entreprises zombies”. Pour le reste, Pierre Vannineuse a une vision très claire de son métier et rappelle que ses véhicules font du financement et pas autre chose. Les rendements élevés qu'ils obtiennent sont la contrepartie du risque pris. La preuve ? Il a perdu quelques millions en route dans des opérations qui ont mal tourné. Les règles du jeu sont claires pour ceux qui ont une bonne notion du risque. Quant aux autres, on peut regretter qu’ils se fassent encore prendre par les promesses de redressement, de contrats miracles, de marchés gigantesques ou de lendemains qui chantent. 

Pour comprendre le mode de fonctionnement de ces spécialistes du "PIPE", le "Private Investment in Public Equities", lisez l'interview de Pierre Vannineuse réalisée par Zonebourse.

Tout est dans le timing, mais les petits actionnaires ont toutes les raisons de se méfier, selon l’analyste Arnaud Riverain

Pour le particulier, c’est une catastrophe à court terme”, nous a répondu l’analyste spécialisé dans les petites valeurs Arnaud Riverain, du bureau d’études GreenSome Finance. Mais là encore, son avis est plus nuancé qu’il n’y paraît. Nous lui avons demandé comment, en tant qu’analyste, il réagit quand une société annonce un financement dilutif. Plutôt mal en vérité, car il sait bien que "cela crée naturellement une pression vendeuse structurelle". 

Mais il reconnaît aussi que le marché “n'est pas suffisamment efficient pour aider ces sociétés qui n’ont pas accès aux banques ou aux opérations d'equity classiques”. L’analyste pense qu’il faut voir ces entreprises comme le ferait le private equity. “Quand on est analyste et que l'on étudie ce type de valeur, on ne raisonne plus en cours de bourse mais en valorisation d'entreprise. On se demande quel niveau de TRI on recherche à un horizon de temps donné”, poursuit Arnaud Riverain, ce qui implique d’estimer si l’entreprise est capable de sortir par le haut après avoir étudié son parcours, ses atouts, son marché ou les erreurs qu’elle a commises pour voir les portes du financement classique se refermer.

Il faut aussi prendre en compte la liquidité, soit le nombre de titres en circulation par rapport à ce qui va être émis. “Même si on ne peut empêcher la pression vendeuse, plus le temps passe, plus cette pression est naturellement absorbée par la liquidité naturelle du titre”, ce qui nécessite une bonne connaissance des échanges quotidiens, ajoute Arnaud Riverain. Mais une émission de grosse envergure par rapport à l’existant fait qu’un titre “ne pourra échapper à la baisse pendant au moins les trois quarts de la durée de vie du programme de financement. C’est mathématique”. 

L’analyste reconnaît que durant la période initiale, le petit investisseur n’a pas grand chose à gagner. “Mieux vaut revenir à la fin du programme d’OCABSA lorsque le gros de la pression vendeuse est passé et que cela a permis à l’entreprise de consolider son modèle, voire de faire émerger un modèle économique différent mais efficient”.

Le mot de la fin ? “Il y a trois, quatre ans, dès que je voyais ce type de financement, je me disais mon Dieu, au secours. Mais pour un certain type d'entreprise, heureusement qu'ils sont là”. 

Spineway, le “bon client” sauvé de la banqueroute

Nous nous sommes cassé les dents sur quelques dirigeants qui n’avaient manifestement pas très envie de parler de leurs sources de financement. Jusqu’à Stéphane Le Roux. Le PDG de Spineway est de son propre aveu un bon interlocuteur puisque sa société a fait appel aux services de plusieurs “organismes non bancaires” pour se financer. 

J’ai fait appel à ce type de financement au moment de grandes difficultés de l’entreprise”, qui n’avait plus accès aux financements conventionnels. “Ayant un besoin urgent de financement pour sortir Spineway de l’ornière, j’ai décidé de travailler avec des organismes non bancaires qui peuvent prêter de l’argent rapidement en quantité importante, malgré les effets secondaires”, nous a-t-il expliqué. 

A-t-il des regrets ? Non pas vraiment. Il irait même jusqu’à recommander à ses pairs le recours à ce type de financement, “quand c’est le dernier outil pour sauver l’entreprise”. “Si je n’avais pas fait ça, Spineway ne serait plus là, or je suis convaincu du bien-fondé de Spineway, de son rôle de fournisseur de matériel médical et de son avenir”. Quant aux effets secondaires, il les connaît bien, dit-il, puisqu’il a subi lui-même, en tant que principal actionnaire, à la fois la dilution et la baisse de l’action. Ce qui n’empêche pas les discussions d’être compliquées avec les autres actionnaires. Mais “lors d’un dialogue en face à face, le message est compris”, assure-t-il. A la date de rédaction de ces lignes, l’action Spineway cote 0,0014 EUR, pour 14,6 milliards de titres en circulation. Lors de l’IPO en 2013, les 3,4 millions d’actions en circulation valaient chacune 7,47 EUR. Malgré la multiplication par 4 300 du nombre de titres dans l’intervalle, la société pèse moins lourd actuellement (20,4 M€) que lors de l’IPO (25,4 M€).

Quand on demande à Stéphane Le Roux s’il a de bonnes relations avec ses financeurs, il répond sans hésiter par l’affirmative. Mais se préoccupent-ils vraiment du business plan de l’entreprise ou viennent-ils juste faire leurs emplettes en ciblant les sociétés aux abois avec un marché du titre bien liquide ? “Ayant pratiqué plusieurs financeurs, c’est variable. Je dirais qu’actuellement, je suis très satisfait parce que notre financeur actuel qui est NEGMA a un intérêt tout particulier pour notre business plan et c’est sur la base d’un vrai projet de retournement d’entreprise qu’il a proposé ses services”. 

Ce business plan consiste notamment à devenir le pôle de consolidation du secteur des implants chirurgicaux en France. L’argent de NEGMA a d’ailleurs servi à racheter Distimp le mois dernier. ”On est en pleine phase d’intégration. Et puis j’ai des discussions en cours avec d’autres chefs d’entreprise”, poursuit Stéphane Le Roux. Quant au mot de la fin, il sera médical et sous forme de métaphore. Pour le CEO, qui nous “parle en tant que médecin”, Spineway est “passé de la réa aux soins intensifs” grâce au bon docteur NEGMA et à ses confrères. Et à une bonne dose de morphine ?

L'AMF botte en touche

L'AMF n'a pas souhaité communiquer sur la question de ces financements dilutifs,au-delà de sa doctrine et de l'avertissement aux émetteurs et aux actionnaires lancé en 2020par voie de communiqué de presse.

L'avis de Zonebourse

Une fois de plus, l'approche manichéenne en prend un coup : il n’y a pas forcément les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Mais dans ce type de montage, les actionnaires sont le plus souvent les dindons de la farce : à tous les coups on perd, ou presque. "Mais au moins, ils n'ont pas tout perdu, la société continue à payer ses salariés et ses fournisseurs et sa valorisation globale a pu augmenter", répondrait probablement Pierre Vannineuse. Pour autant, les actionnaires particuliers ne sont pas toujours au fait des implications de la dilution provoquée par les différents instruments. Il faut dire que beaucoup ne cherchent pas à comprendre, ce qui en fait des cibles privilégiées pour les spécialistes du trading de penny stocks. 

Il existe aussi une zone d’ombre autour des entreprises qui ne valident aucun modèle économique valable, même après des années de perfusion, sinon celui d’assurer des rémunérations souvent élevées à leurs dirigeants et à leurs financeurs, au détriment des actionnaires trop crédules. A ces derniers, il faut rappeler quelques principes de base. Malgré les apparences, une action qui cote 1 euro peut descendre à 0,10 euro. Une action qui évolue un jour à 0,10 euro peut aussi se retrouver à 0,01 euro ou plus bas encore. Et que pour se refaire de 90% de pertes, il faut 900% de hausse.

Peut-on interdire à une société d'avoir recours à certains financements si ses actionnaires en ont validé le principe ? Probablement pas, et c'est peut-être la raison pour laquelle l'AMF a choisi la politique de l'autruche quand nous l'avons sollicitée. Mais est-il raisonnable d'investir dans ces sociétés ? Certainement pas.

Dossier réalisé par Roxane Nojac et Anthony Bondain